Par Claudette Cormier

vendredi 4 novembre 2022

Garde-mangers pour Pygargues à tête blanche

Bonjour chers amis... Voici un sujet que je pense intéressant mais c'est aussi peu ragoûtant pour le commun des mortels. Bon. Je fais mon coming out. Je suis une adepte des sites d'enfouissements. Voilà. C'est dit. 

Pourquoi me tenir dans de tels endroits, me demanderez-vous? La réponse est simple. Là où se trouve des Pygargues à tête blanche, j'y suis également. J'y vais d'abord pour admirer ces grands rapaces qui me fascinent depuis plus de quarante ans. La deuxième raison est que Germain et moi allons régulièrement sur place pour les recenser, les compter et étudier leurs plumages. Pendant plus d'un an et demi, nous avons inventorié les pygargues qui utilisent les dépotoirs pour s'alimenter. Notre site de prédilection est celui situé à Hébertville-Station. Tant et aussi longtemps que la météo collaborait, nous y allions une fois par semaine pour faire un suivi serré du nombre de pygargues. Nous avons seulement relâché les visites durant les mois d'hiver à cause des froids cinglants et des tempêtes de neige. Malgré les intempéries hivernaux, nous avons pu vérifier la présence ou non de ces mastodontes au moins deux fois par mois.

Un Pygargue à tête blanche immature mouillé par la pluie (C. Cormier)

Ce pygargue immature est passé tout près de nous (C. Cormier)

Le rapace commence sa mue, voyez les « trous » dans les ailes (C. Cormier)

Il faut comprendre que le Pygargue à tête blanche est un oiseau charognard à ses heures. Bien entendu, il pêche habituellement le poisson près des grands cours d'eau comme des rivières et des lacs. Il capture également des oiseaux (canards, goélands) pour se sustenter. Mais il est aussi très opportuniste. S'alimenter dans les dépotoirs est chose fréquente chez cette espèce. La nourriture y est facilement accessible.

Le rapace est en mue à voir le bord de fuite de l'aile en dents-de-scie (C. Cormier)

Il y a énormément de variation dans le plumage des pygargues immatures (C. Cormier)

Il y a quelques pygargues adultes non-nicheurs qui séjournent dans ce site (C. Cormier)

Nous avons souvent remarqué que lors de nos visites au dépotoir, plusieurs  pygargues s'envolent du site. Ceux-ci se dégourdissent en planant longtemps dans le secteur. Où bien, ils quittent l'endroit pour revenir plus tard au même endroit. Lorsque les oiseaux de proie sont en vol, il y a parfois des interactions intéressantes dans les airs. Je vous présente deux vidéo. Dans la première vidéo, deux pygargues immatures planent, se poursuivent et font contact avec leurs serres. Ce sont des « jeux » qui préparent les immatures à faire des échanges de nourriture dans quelques années lorsqu'ils deviendront adultes. Lors des empoignades de serres, parfois il y peut y avoir échange d'un objet. Ce peut être une pierre ou un branche. Dans la vidéo, il n'y avait pas eu d'objets échangés. Puis, dans la deuxième vidéo, vous observerez au loin dans le site d'enfouissement des immatures qui se disputent férocement un morceau de nourriture. 

Jeux entre deux pygargues immatures (C. Cormier)

Plusieurs pygargues immatures se chamaillent entre eux pour la nourriture (C. Cormier)

Combien de pygargues verra-t-on dans un site d'enfouissement? Cela dépend du site en question, de sa taille, de la quantité de nourriture disponible, du dérangement humain, etc. Celui d'Hébertville-Station est grand et offre beaucoup de nourriture aux oiseaux de proie. Selon les saisons, il peut y avoir qu'une poignée de pygargues où bien plusieurs dizaines à la fois. C'est très variable. Fait exceptionnel, le 2 septembre 2022, nous avons compté 90 pygargues en vingt minutes! Il s'agit d'un nombre record québécois.

Cela dit, malgré votre enthousiasme soudain à visiter un dépotoir, il y a une chose que vous devez savoir. Les odeurs. Il y a des odeurs poignantes qui embaument l'air. Si vous êtes chanceux, les vents seront contraires. Bien souvent, Germain et moi éprouvions des hauts le coeur (s'cusez) et cela nous incitaient à partir, notre décompte étant quand même fait.

Puis en terminant, si vous désirez visiter le site d'enfouissement présent dans votre patelin, vous devez absolument ÉVITER d'y aller pendant des heures d'ouverture car il y a du camionnage. C'est trop dangereux pour vous et dérangeant pour les camionneurs qui veulent votre sécurité. Soyez vigilent et respectueux des lieux et des règlements. Pour notre part, je dois spécifier qu'en aucun temps nous pénétrons l'enceinte du site d'enfouissement. Nous observons près du site, PAS dedans. Évitons à tout prix de donner une mauvaise réputation aux ornithologues et aux photographes qui s'intéressent aux oiseaux. Merci beaucoup de penser à votre sécurité, à celle d'autrui et à l'éthique!

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