Par Claudette Cormier

mercredi 10 mai 2017

Chevalier simili-gambette

En fin de semaine dernière, Germain et moi étions au Grand Marais de Métabetchouan pour observer les oiseaux. Soudain, mon partenaire m’a signalé qu’un chevalier présentait des caractéristiques spéciales. L’oiseau était de la taille d’un Grand Chevalier et son bec était bicolore, jaune-orange vif et noir. La couleur des pattes jaune-oranges était également très intense. Au départ, nous avons pensé qu’il pouvait s’agir d’un Chevalier gambette, une espèce qui niche en Europe. Comme nous avons déjà recensé un Chevalier aboyeur (autre espèce européenne) dans ce même marais il y a plusieurs années de cela, nous avons concentré nos efforts d’observations sur cet individu en l’examinant sous toutes ses coutures.

Nous avons passé une heure à observer soigneusement le plumage et les critères de l’oiseau. Pour ajouter au défi d’identification, le chevalier était loin dans le marais. C’est la prise de photos par digiscoping qui nous a permis de prendre des photos du chevalier. De mon côté, je prenais des photos également avec les moyens du bord. Plus nous regardions l’oiseau, plus nous dénotions des critères qui n’allaient pas avec le Chevalier gambette. En fait, il s’agissait d’un Grand Chevalier présentant une anomalie de couleur au bec. Même que le bec semblait trop fort à sa base.

Grand Chevalier comportant une anomalie de couleur au bec (G. Savard)

Autre angle de vue sur le Grand Chevalier (G. Savard)

Afin de mettre un terme à tout doute qu’il pouvait s’agir d’un Chevalier gambette, il y a une photo qui détruit le fait qu’il aurait pu s’agir de cette espèce. L’oiseau qui se nettoie dévoile son croupion au sommet carré et ses rémiges primaires entièrement foncées. Ces critères correspondent à un Grand Chevalier. Si cela aurait été un Chevalier gambette, il y aurait un grand V blanc remontant dans le dos en partant du croupion. Sur les rémiges primaires, nous aurions vu du blanc franc sur celles-ci, ce qui n’a pas été le cas.

Croupion carré au sommet et rémiges primaires foncées (C. Cormier)

Évidemment, nous aurions bien aimé qu’il s’agisse d’un Chevalier gambette. Mais nous sommes contents d’avoir fait du bon travail d’identification. Observer les oiseaux nous apporte des défis de ce genre parfois. Le travail d’enquête d’ornithologues est important.

Bonne semaine à tous et bonnes observations!

mardi 9 mai 2017

Les milieux humides au printemps

Lors de la fonte des neiges conjuguée avec de la pluie, plusieurs champs agricoles deviennent inondés dans la région, surtout du côté du Lac Saint-Jean. Ces milieux humides sont temporaires au printemps. La faune ailée est friande des champs inondés car les vers de terre y sont en abondance. Les oiseaux s’en délectent et profitent de toute cette nourriture.

Exemple d'un champ inondé

Beaucoup d'espèces d'oiseaux séjournent dans les champs inondés

Quelles espèces s’alimentent dans les champs inondés? On peut résumer comme suit : bernaches, oies, hérons, canards, limicoles, goélands, corneilles, merles, pipits, alouettes, carouges, quiscales (bronzé et rouilleux), etc. Les ressources alimentaires disponibles dans une eau peu profonde est un aimant pour les oiseaux.

Ces milieux humides sont recommandés pour l’observation des oiseaux. Cependant, il faut tenir compte que les champs qui s’inondent au printemps sont de courte durée dans le temps, soit de une à deux semaines environ. Même que certains printemps, il n’y a pas de champs inondés du tout. L’idée est de parcourir les rangs dans la région et d’explorer les habitats champêtres.

Un groupe de Canards colverts dans cette grande mare d'eau


 Toujours comique à voir, ce Grand Chevalier nage sur l'eau


 De jolies Bécassines de Wilson comptées au nombre de 25 individus

En vous souhaitant le bonjour, je reviendrai demain pour un message concernant un chevalier très spécial.

lundi 8 mai 2017

Les richesses ailées du Petit Marais

À cette période, le Petit Marais de Saint-Gédéon regorge d’oiseaux. Dans ce milieu, on y retrouve les Bernaches du Canada qui font la navette entre les champs et le marais. Et puisque le lac Saint-Jean, situé à quelques dizaines de mètres du Petit Marais, est sous l’emprise des glaces, les canards barboteurs et les canards plongeurs sont très nombreux dans ce site. Les canards de toutes espèces n’ont pas d’autres choix que de séjourner dans ce marais tout comme c’est également le cas au Grand Marais dans la localité de Métabetchouan. Quand le lac Saint-Jean sera libéré de ses glaces (probablement cette semaine), les canards vont se déplacer ou migrer. Il faut savoir que cette période d’abondance est de courte durée dans le temps.

L'abondance ailées au Petit Marais de Saint-Gédéon

Quant aux passereaux en résumé, les Carouges à épaulettes clament bruyamment leur territoire sur les épis des quenouilles. Puis aux abords du Petit Marais, nos oreilles sont remplies de sons magnifiques. Les Pics flamboyants crient autour du marais alors que plusieurs espèces de bruants, toujours en migration, chantent à plein poumons entre des périodes d’alimentation. Partout, les Roitelets à couronne rubis mâles s’époumonent pour attirer la gente féminine.

Bruant chanteur en plein concert

Voici un magnifique Bruant fauve vêtu d'un roux intense

Un Roitelet à couronne rubis mâle hérisse sa couronne à l'approche d'une femelle

Pour le moment, les Parulines à croupion jaune sont peu abondantes dans la région. Puisque nous sommes situés au centre nord du Québec, nous sommes encore dans la phase de bruants et de roitelets en migration. Prochainement, lorsqu’il y aura un bon système météo provenant du sud, les parulines envahiront rapidement le territoire et les bruants en migration seront chose du passé. Chez nous, la migration des oiseaux vient par à-coups jusqu’à la mi-juin.

Côté rapaces, la migration tire à sa fin. Par contre, de nombreux Balbuzards pêcheurs s’alimentent toujours près des deux principaux marais situés au Lac Saint-Jean Est (Petit et Grand Marais). S’alimentant de poissons, les balbuzards doivent attendre le dégel des lacs dans la forêt boréale avant de se rendre sur leurs aires de nidification.


Ce Balbuzard pêcheur dévore sa grosse capture


Sur ce, je vous souhaite une très belle journée! Je reviendrai fort probablement demain pour un autre message. Le mois de mai est intense et riche en observations ornithologiques!

mardi 2 mai 2017

Le Grand Marais de Métabetchouan

Précisément à cette période de l’année, le Grand Marais de Métabetchouan au Lac Saint-Jean est un site ornithologique très important à visiter. Il faut comprendre que lorsque les espèces aquatiques (bernaches, oies, canards, hérons, bécasseaux, goélands) arrivent dans la région à la fin avril et au début mai, le seul point d’eau qui leur est disponible dans ce secteur est le Grand Marais. Il est de mise de visiter également le Petit Marais de Saint-Gédéon situé à quelques kilomètres. Mais aujourd’hui, nous allons nous concentrer sur le Grand Marais.

Le moment où les espèces aquatiques abondent dans le marais dure environ de deux à trois semaines. Cela est vrai tant que le lac Saint-Jean demeure glacé. Lorsque le lac Saint-Jean sera à l’eau libre vers la mi-mai, les oiseaux aquatiques qui sont concentrés dans le Grand Marais vont quitter ce site pour se déplacer et/ou migrer. C’est pourquoi il est intéressant de visiter le Grand Marais et le Petit Marais présentement.

En fin de semaine dernière, soit le 30 avril, mon copain et moi avons passé une bonne partie de la journée au Grand Marais afin de recenser les oiseaux. C’était très intéressant, les oiseaux y étant en abondance. Notre excursion a commencé avec une interaction surprenante de Canards d’Amérique. Six mâles se disputaient violemment les faveurs d’une femelle. Cette dernière ne savait plus où se mettre pour obtenir un peu de paix. Je n’ai jamais vu de Canards d’Amérique mâles se guerroyer de cette façon. Les plumes revolaient partout! Voici un clip de la scène en question. Comme j’étais située sur le bord de la route régionale à ce moment-là et que je ne pouvais pas m’avancer, soyez avisé que des voitures vont passer devant la caméra.

Canards d'Amériques mâles en vol poursuivant une femelle (C. Cormier)


 Canards d'Amérique mâles se battant entre eux autour de la femelle (C. Cormier)

En empruntant le rang Sainte-Anne qui nous donne une vue panoramique sur le Grand Marais, nous avons détecté huit Pygargues à tête blanche posés dans le marais. Puisque les prédateurs suivent leur garde-manger (canards), eux aussi sont présents à ce site. Lorsque les pygargues sont en vol ou en chasse, laissez-moi vous dire que ça déménage chez les oiseaux qui sont affolés. Cependant, les canards ne quittent pas le marais. Ils se dirigent illico à l’antipode des gros rapaces, dans un autre coin du marais.

Une vue sur le Grand Marais partiellement glacé (C. Cormier)

Sur la glace à gauche, voyez les quatre pygargues alors que les oies s'écartent d'eux (C. Cormier)

Les quatre pygargues immatures sur la glace posés au centre du marais (C. Cormier)

Pygargue à tête blanche immature nous survolant (C. Cormier)

Et quand il y a des pygargues en vol dans le marais, soit pour effectuer une chasse ou pour se déplacer, c’est l’affolement chez les espèces aquatiques dont les milliers d’Oies des neiges qui étaient présentes à ce site. Le clip suivant démontre les oies en panique alors que quatre pygargues passent tout près d’eux. Vous ne verrez peut-être pas les gros rapaces sur la vidéo, mais le mouvement des oies est impressionnant!


Des milliers d'Oies des neiges en panique au passage de pygargues en vol (C. Cormier)

Avec ces pygargues dans le secteur, nous avons parfois la chance d’observer des individus qui interagissent entre eux. Je vous montre un clip de deux pygargues immatures qui volent en tandem effectuant de belles pirouettes aériennes. Il ne semblait pas y avoir d’agressivité entre eux. Ce sont probablement des jeux de séduction entre ados!


Un magnifique tandem de Pygargues à tête blanche s'amusant dans le ciel (C. Cormier)

Je vous laisse sur cette photo d’une magnifique Petite Vanesse qui est sortie de son hibernation et qui prenait un bain de soleil à l’abri du vent. Ça fait tellement de bien de voir des couleurs vives après ce très long hiver et ce printemps exécrable. Bonne semaine à tous et merci beaucoup de suivre mes récits sur mon blogue! J’apprécie vos visites et vos cliques au bas du message!

La plus que jolie Petite Vanesse (C. Cormier)

lundi 1 mai 2017

Tourbillon d'oiseaux!

La table était mise pour ce grand jour de migration… Dans la nuit de vendredi à samedi (28-29 avril), un système météorologique pompe de l’air chaud vers le nord. Une brèche dans le temps s’ouvre où enfin, les oiseaux peuvent migrer. Comme 90% et plus des oiseaux migrent la nuit, les passereaux en attente dans le sud du Québec et du nord des États-Unis n’attendaient que cela pour migrer massivement. Et c’est arrivé! La migration fut intense!

Tôt le matin à notre réveil, Germain et moi observions des petites nuées de Juncos ardoisés et de Merles d’Amérique déferler devant la maison. Comme il pleuvait, nous avons attendu que la pluie cesse avant de nous rendre sur le terrain. Nous étions curieux de savoir quelles espèces d’oiseaux s’étaient ajoutées aujourd’hui à Saint-Fulgence. Dès la pluie arrêtée, nous nous sommes rendus au stationnement de la piste cyclable. Les nuages dans le ciel se morcelaient et le soleil commençait à poindre. La température était agréable et douce. 

Mon partenaire et moi se préparions à emprunter la piste cyclable… Mais, oh! Il y avait tellement d’oiseaux en migration autour de nous et au-dessus de nos têtes, que nous avons passés une heure sur le stationnement à recenser les oiseaux qui migraient, en particulièrement les juncos et les merles. En une heure, nous avons recensé pas moins de 1000 merles. Ceux-ci migraient au-dessus de nous en de groupes importants. C’était impossible de les compter. Ils filaient vite dans le ciel pour disparaître au loin. Pendant que je localisais les merles dans le ciel, Germain estimait les juncos qui passaient à chaque côté de nous. Ces derniers migraient à hauteur d’homme en de multiples groupes. Les vagues étaient incessants. À cet endroit, nous avons observé en une heure un minimum de 1800 juncos (800 autres sur la piste plus tard). Des Bruants hudsoniens, des Bruants familiers, des Roitelets à couronne rubis et dorée et autres nombreux passereaux étaient également présents. Germain me faisait part que la veille de cette migration monstre, il n’y avait aucun junco sur la piste cyclable, ni beaucoup d’autres oiseaux d’ailleurs. Pour tout dire, c’était le désert selon ses dires lorsqu’il était allé excursionner sur la piste.

Tout est rentré au cours de cette nuit. Comment vous dire…  C’était fou raide en bon québécois et c’est peu dire. Nous n’avions pas le temps de penser. Germain et moi étions comme des girouettes, tournant constamment sur nous-mêmes pour tenter de tout recenser. Voici deux clips que vous donnera une idée de ce que nous avons vu. Je vous invite à cliquer sur votre bouton HD pour une résolution maximale.


Voici une horde de Merles d'Amérique en migration


 Vagues de Juncos ardoisés en migration près du marais de Canards Illimités

Au bout de cette heure d’observation soutenue, la migration s’est finalement calmée. Nous avons pu entreprendre notre excursion sur la piste cyclable. Comme c’était prévu par les météorologues, un vigoureux front froid a fait son entrée lors de nos déplacements. Les vents d’ouest sont devenus de modérés à forts. Les tuques, foulards, mitaines et les vestons ont vites été remis avec la température qui chuta brusquement.

Lorsque nous observions les canards et les passereaux près du marais de Canards Illimités, des rapaces affamés faisaient leurs chasses. Voici quelques vidéos pour en témoigner. Pardonnez les tremblements. J’avais des vents de 50 km/hre qui me secouaient!


Un Faucon pèlerin effectuant un piqué fulgurant au-dessus du marais


Pygargue à tête blanche adulte passant au-dessus de nous


Un Épervier brun affamé en chasse
Voilà donc pour les faits saillants concernant la migration massive du 29 avril au matin à Saint-Fulgence. Je reviendrai fort probablement demain matin pour un autre message. La fin de semaine a été très chargée en observations! Je n'ai pas eu le temps de regarder toutes mes photos et vidéos!

Bonne journée à tous!