Par Claudette Cormier

lundi 14 avril 2014

Sortir ou ne pas sortir? Voilà la question!

Sur les cartes radar d'Environnement Canada, un cocktail météo pas très intéressant traverse présentement la réserve faunique des Laurentides et remonte direction du Nord. Ce système de pluie ou de neige se dirige tout droit vers la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Dans quelques heures, nous serons engloutis par les précipitations. Du moins, c'est ce que j'anticipe dans mon esprit. Finalement, la décision est prise. Nous resterons à la maison. Nous sommes le 13 avril 2014. Avec un chiffre 13 qui hante notre inconscient collectif, ne tentons pas le diable inutilement...

Aux mangeoires, les oiseaux sont complètement fous! Avec leur propre radar interne, ils ressentent que le mauvais temps s'en vient. Encore aujourd'hui, nous avons beaucoup de Tarins des pins, soit environ 150 individus. Comment vous exprimer ce que nous entendons lorsque nous ouvrons la porte d'entrée, tellement il y a de tarins qui chantent et qui ziouitent en même temps! Nous recevons une immense rafale de notes aux oreilles qui cessent abruptement lorsque nous fermons la porte! C'est vraiment comique!

Ces jours-ci, les Roselins pourprés ont augmenté en nombre au poste d'alimentation, avec un minimum de 50 oiseaux. Les mâles sont vraiment magnifiques avec leur plumage rose rouge. Et leur chant alors! Quelle mélodie enchanteresse! Ils sont tout aussi affamés que les tarins et se ruent aux mangeoires. Dites, vous vous souvenez de mes bancs de neige? Ils commencent à se compacter et à fondre très tranquillement. Dans la prochaine vidéo, vous constaterez que les bancs de neige dans ma cour sont noirs. En fait, ils sont noirs de graines de tournesol. L'autre jour, Germain a pelleté le tapis de graines qui gisait sous les mangeoires qui s'est accumulé au cour de l'hiver et a jeté le fond de graines sur les congères. Les oiseaux sont content de ce supplément!


 Les Roselins pourprés dans les graines de tournesol


Les magnifiques Roselins pourprés mâles


Notre couple de Tourterelles tristes nicheuses

Au cours de l'après-midi, nous attendons toujours ce fameux système météo, nous confirmant que nous avons certainement fait le bon choix, soit celui d'être restés à la maison. Mais, il tarde... et tarde... Finalement, il arrive au milieu de l'après-midi. Ah, bon! Voilà la neige! Pfff! Quoi? Seulement ça? Seulement un p'tit floconnage de rien du tout? Voyant que la visibilité est très acceptable pour l'observation à distance, plus les minutes passent, plus ma concentration s'amenuise. Je tourne en rond dans la maison, me promenant de fenêtre en fenêtre. N'en pouvant plus, je propose à Germain que l'on se rendent sur le Sentier des Battures près de l'Anse-aux-Foins. Mon instinct me dit d'y aller. Alors, on y va!

Vers 15H, nous voilà rendus sur le stationnement du Sentier des Battures. Du coup, en sortant du véhicule, nous sentons sur nos corps les forts vents d'est qui sont très froids. En plus, la forte teneur en humidité nous gèle déjà sur place! Bordel de bordel... Va-t-on en finir un jour avec ce satané hiver? Encore vêtus de nos vestes d'hiver, de tuques, foulards et mitaines, nous empruntons le trottoir qui nous mène à l'Anse-aux-Foins. Au-dessus des montagnes qui surplombent le village de Saint-Fulgence planent deux Urubus à tête rouge détectables contre les nuages gris. Ouais... Je sais pourquoi leurs têtes sont rouges maintenant... Il fait tellement froid! Comment font-il les pauvres pour conserver leur chaleur puisqu'ils n'arborent aucune plume sur leurs têtes? Nous, on peut se vêtir, mais pas eux. Il fait 0 degrés Celsius avec un sérieux facteur éolien tout de même.

Le Sentier des Battures à peine dégelé


Le marais à scirpe toujours sous la neige et le cap des Roches derrière

Marchant sur le trottoir désert de monde, le vent siffle durement dans nos oreilles. Quelques caquètements proviennent de braves Bernaches du Canada fraîchement arrivées du Sud et qui se font entendre par intermittence au travers des rafales de vents. Non loin de la plate-forme d'observation, je détecte un groupe de goélands qui sont couchés sur un bloc de glace à l'entrée de l'anse. Ne voulant pas les effaroucher, nous les observerons d'où nous sommes. Germain installe le télescope pendant que je les regarde aux jumelles. Ah? Deux goélands foncés dans le groupe... Le premier me semble petit et le deuxième est de taille normale. Du Goéland marin... Pour le plus petit, je me dis que c'est probablement une femelle Goéland marin, m'étant déjà fait avoir dans le passé à quelques reprises, en pensant à une autre espèce. Soudain, le visage de Germain s'illumine. Tout souriant, il m'invite à regarder dans le télescope sans me dire de quoi il s'agit. Du haut de mes orteils, je jette un oeil dans l'oculaire du télescope. Il y a un moment de silence dans ma tête pendant que le vent hurle autour. Arborant un sourire à mon tour, je m'exclame : « Hé! C'est un Goéland brun! » Cette fois, c'est mon hyper-vigilance qui m'a joué un tour! C'était vraiment ça, cette fois! Heureux comme des papes, nous nous dirigeons doucement vers la plate-forme d'observation afin de nous approcher du groupe de goélands qui nous a à l'oeil.

La plate-forme d'observation au loin


L'Anse-aux-Foins à peine dégelé

Sur notre promontoire en bois, nous limitons nos mouvements car certain goélands sont débout sur leur bloc de glace et nous examinent avec suspicion. Finalement, après quelques minutes, ils se calment et se remettent en mode repos. Ils n'ont pas vraiment le choix puisque la marée est haute et n'ont pas accès aux battures afin de s'alimenter. En identifiant chaque goéland, nous sommes réjouis d'observer six espèces de laridés qui sont devant nous : Goéland à bec cerclé, Goéland argenté, Goéland arctique, Goéland bourgmestre, Goéland marin et le Goéland brun! Quant à ce dernier, nous nous délectons visuellement de cette espèce qui est toujours rare dans la région. Nous trouvons très beau cet adulte avec son plumage charbonné presque noir et ses pattes jaunes. Pendant une demi heure, nous l'observons sous toutes ses coutures. Ce n'est vraiment pas facile, car en effectuant de l'observation sur place, nous grelotons de froid. Et ce vent impitoyable qui nous transperce! Ouf! Et je n'exagère même pas! Je vous présente deux vidéos du Goéland brun et de son interaction avec les autres laridés :

 Le Goéland brun avec des Goélands arctiques


Le Goéland brun agité

Assise sur le banc, j'observe l'oiseau au télescope. Ça brasse sous mon fessier d'une façon constante. Pensant d'abord que c'était le vent qui brassait la structure en bois, je me lève subitement la tête pour regarder Germain. Ne se contrôlant plus, il grelotte à mes côtés! C'est lui qui fait bouger le banc! Rendu là, je crois qu'il vaut mieux rentrer à la maison. Moi aussi je suis sur le point de perdre contrôle de ma chaleur corporelle, du moins de ce qui en reste. Nous quittons alors le site et le fameux goéland. Au bout du compte, la journée fut tranchée en deux. Le matin ce fut les mangeoires et la fin d'après-midi, ce fut le terrain. Nous rentrons donc à la maison, satisfaits de notre excursion, où un souper chaud nous réchauffera. Mon esprit en maintenant en paix.

Germain avec son visage rougi par le froid

samedi 5 avril 2014

Club piscine Cormier

J'avais hâte à ce jour... Nous sommes le samedi le 5 avril 2014. Ce matin, les nombreux Tarins des pins se ruent aux mangeoires pour obtenir leur ration de graines car aujourd'hui, il ne fait pas très beau. Le ciel est tristounet et des gouttes de pluie tombent par intermittence. La bonne chose dans cette histoire est qu'une mare s'est formée tout près de la galerie chez moi due à l'eau de fonte. Et comme il s'agit de la première fois où l'eau sous forme liquide est disponible ce printemps, les tarins ont célébré cette occasion en prenant un bain collectif. Je suis donc sortie dehors pour les attendre en me faisant oublier jusqu'à ceux-ci reviennent. C'est touchant et drôle à la fois de les voir se débattre les ailes dans cette mare comme de petits démons dans l'eau bénite! Je souris à les observer et à écouter le frétillement de leurs ailes tout en les filmant. Quel moment craquant! Dans la première vidéo, prenez soin de remarquer le tarin très jaune dans le haut du cadre du film. Il s'agit d'un tarin de forme verte!


 Club piscine pour tarins


Que c'est bon!

Ça c'était ce matin. Au cours de l'après-midi, Germain et moi effectuons une promenade du côté du Lac Saint-Jean, question de célébrer à notre façon l'arrivée du printemps. Nous filons donc vers le Grand Marais de Métabetchouan. Allons voir en quoi il retourne à ce marais en ce début d'avril. Nous sentons monter en nous l'effervescence du printemps et l'appel des oiseaux migrateurs. Voilà! Nous empruntons le rang Sainte-Anne qui borde le marais. Nous avons hâte de voir ce qui se cache dedans...

Le désert blanc du Grand Marais

Soupir. Le désert. Tout est gelé au grand complet. Même pas un petit chenal d'eau. Rien. Nada. Nothing. De la neige, de la glace, du vent, du froid, l'Arctique quoi. Pas d'autres commentaires.

Devant cet état de fait, nous rebroussons chemin et bifurquons vers Alma. Une balade dans le chemin de contournement Maurice Paradis a quand même été profitable, ornithologiquement parlant. À cet endroit, nous avons recensé un grand groupe de Corneilles d'Amérique dans un champ. Bien franchement, je me demande comment elles survivent puisque les champs sont encore très enneigées.

Groupe de Corneilles d'Amérique

Sur ce même chemin, nous avons ensuite été étonnés par le nombre de Jaseurs boréals que nous estimons à 2 500! Ceux-ci faisaient des allers et des retours entre des peupliers et des arbres fruitiers, ces derniers dissimulés dans la nature. Les entendre siffler à l'unisson était très impressionnant! Par la suite, nous sommes retournés à la maison, un peu bredouille mais tout de même content de notre sortie. Faut attendre que Mère Nature soit prête pour faire migrer les oiseaux vers le Nord!

 Le grand rassemblement de Jaseurs boréals


Un peu de repos au bout des branches

lundi 24 mars 2014

Il était une fois un deuxième hiver

On nous dit que le printemps est officiellement arrivé le 20 mars dernier. C'est bizarre. Mes bancs de neige continuent de s'accroître à tel point que je ne vois presque plus les oiseaux s'alimenter au sol. Depuis la dernière photo que je vous ai envoyé dans un autre message, les monticules de neige ont encore grossi depuis à cause des tempêtes. Aucun redoux sérieux pour la fonte. Pfff! Je crois que je vais sortir le chalumeau et régler ça.

Mes bancs de neige qui grossissent

Vu le froid, non le frette, de la fin de semaine du 22 et 23 mars 2014, je suis restée à la maison, au chaud. Surtout que les vents sont encore cinglants augmentant le facteur éolien et en même temps augmentent mon facteur de colère. Germain étant absent pour la fin de semaine, je me résigne à rester à l'intérieur. Je vais me concentrer sur les espèces qui s'observent autour de mon environnement glacial. Je dois être dans l'Arctique sans le savoir, car d'abord, il fait très froid et ma baie est encore gelée, mais aussi parce que, entre les branches d'arbres, j'aperçois le brise-glace, le Amundsen, qui est ancré près de chez moi. Ce n'est pas tous les jours qu'on a un brise-glace presque dans sa cour! En fait, celui-ci s'est attaqué tôt ce matin à casser la glace dans l'entrée du fjord et a laissé de grands morceaux de mosaïques glacées dériver avec la marée descendante. C'est spécial ici, dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. La région est encastrée à  l'intérieur des terres et est reliée au fleuve par le fjord du Saguenay. Si nous n'avions pas l'aide de ce bateau chaque printemps, nous serions sérieusement « pogné » dans la glace beaucoup plus longtemps, surtout avec cet hiver où le froid perdure! Alors vous comprendrez que je suis très heureuse de voir un beau chenal d'eau couler librement! Enfin un peu d'espoir, un espoir éphémère cependant, car ce matin, à la suite d'un autre coup de froid, tout était encore gelé (le 24 mars). Soupir. J'ai la nette impression que nous entrons dans un deuxième hiver consécutif.

 L'entrée du fjord qui se libère de ses glaces

Après avoir ingurgité un café corsé et brûlant pour me réchauffer l'âme, je me promène d'une fenêtre à l'autre pour y observer les 150 petits démons que sont les Tarins des pins ainsi que la 20aine de Roselins pourprés, les oiseaux entourant la maison. Hé! Ça mange ça, monsieur! Les mangeoires sont remplies à craquer et se vident en un rien de temps. De plus, j'ai mis par trois fois des graines sur la galerie devant la porte-fenêtre pour eux. Le mot d'ordre des oiseaux est manger, manger, manger! Par moments, les forts vents du nord-ouest qui soufflent emportent presque les tarins avec les rafales. Afin de se réchauffer un peu ou de digérer leur ration de graines, ils vont se réfugier dans un cèdre près de la maison qui est à l'abri des vents. C'est charmant comme scène. Certains tarins se nettoient, d'autres piquent une sieste alors que d'autres en profitent pour émettre quelque notes musicales.

 Les fringillidés qui s'alimentent sur la galerie


 Les Tarins des pins dans le cabinet


Les Tarins des pins abrités dans le cèdre

Cependant, une surprise de taille m'attendait lors des mon observation des fringillidés en fin de semaine. Sur la galerie, un Roselin pourpré immature arborait un plumage mélanique! Oui! Vous avez bien lu. Vous auriez dû me voir la face (j'imagine) quand je l'ai aperçu. Ah? Ké cé donc? Qu'il est bizarre ce roselin! Finalement, après bien des tergiversations sur son identité, il s'agit bien d'un Roselin pourpré mélanique! Comme une image vaut vraiment milles mots, je vous invite à regarder les images qui suivent. Il est vraiment particulier!

Le Roselin pourpré mélanique


Le Roselin pourpré mélanique

Au cours de la journée du dimanche, les conditions météorologiques étaient optimum pour observer les Aigles royaux dans leur migration. Il y a du soleil, du vent à profusion et la pression atmosphérique est à la hausse. Je me suis donc installée devant la fenêtre du salon où j'ai fait le pied de grue pendant des heures tout en jetant un oeil sur le fameux roselin.

Le paysage vu du salon

Dans la photographie du paysage, remarquez à l'extrême droite de l'image les deux grands champs enneigés qui sont situés de l'autre côté de la rivière Saguenay, à environ trois kilomètres de chez moi. Il semble que les thermiques se développent bien au-dessus de ces champs puisque les oiseaux de proies en migration s'élèvent souvent au-dessus de ceux-ci. Jumelles au cou, le télescope devant et le café à côté de moi, je fouille inlassablement les cieux. Le matin, ce fut très tranquille, mais oh! béni soit l'après-midi avec les trois Aigles royaux recensés un à la fois qui m'ont fait grand honneur! L'Aigle royal étant mon oiseau fétiche, le plaisir était au rendez-vous! Les grandes ailes déployées en dièdre, le bronze doré de la nuque reluisant au soleil, les rapaces ont silencieusement sillonné les cieux dans la violence du vent et traversé le Saguenay. Ils m'ont fait danser de joie! Je vous montre un vidéo de moyenne qualité d'un aigle qui était environ à milles pieds de haut. Le défi était de taille pour le filmer.

 Aigle royal en migration

Oui... ce fut toute une fin de semaine lors de ce deuxième hiver qui commence. En attendant que le tout fonde, je me concentrerai sur le ciel, là par où les cadeaux ailés arrivent. Je vous en souhaite tout autant!

Bon printemps!

mardi 11 mars 2014

Quelques instants dans la vie d'une ornithologue hivernante

Bonjour chers amis! Nous voilà au 11 mars 2014. Cela fait une grosse lune que je n'ai pas levé ma plume. Je ne sais pas si c'est l'âge, mais j'ai préféré rester à l'intérieur, au chaud. Mes sorties ont été extrêmement limitées. Et lorsque je regarde dehors, je constate que les bancs de neige grossissent au lieu de fondre. Pfff! Quel horreur! Faudrait faire quelques incantations pour inviter le printemps à se poindre afin que les esprits de la nature puissent enfin faire sublimer ce tapis blanc. Après ces cinq longs mois d'hiver, il est normal que le corps et l'âme demandent un peu de chaleur.

Ma cour remplie de bancs de neige qui ne fondent pas

Pendant que je vaque à mes occupations dans la maison, j'ouvre la porte d'entrée, question de prendre une bouffée d'air frais et en même temps, écouter les Tarins des pins chanter à tue-tête. Puis là, j'entends soudainement un Grand Pic tambouriner sur le poteau électrique situé près de notre stationnement. J'agrippe la caméra et sors sur la galerie pour prendre quelques clips. Ah! Que ça fait du bien! Comme si je sortais d'une longue hibernation, j'apprécie la lumière qui est forte malgré le ciel nuageux et les flocons qui tombent. Le chant incessant des tarins réveillent mon sens auditif alors que la crête rouge écarlate et brillante du Grand Pic m'éblouis les yeux. Lorsque le pic tambourine, j'entends également un autre Grand Pic qui lui répond non loin. Oui... je crois que le printemps est commencé. Pas évident là au premier coup d'oeil, mais je pense que c'est le début.

 Le Grand Pic qui tambourine


Le Grand Pic et la chorale de Tarin des pins

Le Grand Pic parti tambouriner ailleurs, je suis restée dehors dans ma cour. En respirant d'une façon consciente, je reprends contact avec la nature et réalise qu'elle m'a beaucoup manqué. Il a fait si froid. L'hiver a été très rude. Puis un des mes écureuils m'aperçois. Fou de rage, il tape des pattes en me regardant. Vraiment pas content le monsieur... Je crois qu'il ne me reconnaît plus. Pas surprenant, il ne m'a pas vu souvent depuis près de cinq mois. Hé, l'écureuil! C'est moi qui te nourris. Tu pourrais être plus poli, non?

 L'Écureuil roux choqué de ma présence

Vous allez peut-être être surpris, mais mon signe du printemps à moi est l'arrivée de « mes » Corneilles d'Amérique, mes nicheuses, comme je les appelles. Comme vous le savez, ma résidence se situe dans un milieu forestier près du l'entrée du fjord à Saint-Fulgence. Durant l'hiver, je n'observe aucune corneille de novembre jusqu'à la mi-mars. Aucune. Jurée! Je ne vois que des Grands Corbeaux. Ainsi, lorsque les corneilles se pointent chez moi à la mi-mars, je jubile! Et ce fut le grand jour hier le 10 mars quand je les ai aperçu. Depuis hier, elles viennent à mes mangeoires qu'elles semblent très bien connaître.

 Ma Corneille d'Amérique

En me dirigeant vers la galerie, la cacophonie causée par les nombreux tarins qui chantent simultanément est impressionnante. Cela me fait sourire. C'est tellement bon de les voir et des les écouter à nouveau. Des Roselins pourprés également lancent des notes mélodieuses que j'arrive à peine à détecter au travers des vocalises bruyantes des tarins.

Le grassouillet Tarin des pins

Je rentre dans la maison le coeur réjouit de tout ces sons et ces couleurs. Un baume, après avoir enduré la période hivernale. Le sourire aux lèvres, je filme de l'intérieur les tarins qui ont pris d'assaut mes mangeoires, des cabinets qui adhèrent aux fenêtres. Terribles, terribles ces petits démons, si agressifs envers leurs congénères. Là-dessus, je vous dis à la prochaine. J'espère que ce sera bientôt. Vous m'avez manqué aussi.

De la chicane dans la cabane


À la prochaine!

mardi 4 février 2014

Chouette sortie!

Nous sommes le 1er février 2014. C'est la fête à Imbole, une divinité celtique qui célèbre la venue du printemps. Un regard au thermomètre indique -9° Celsius. Le soleil reluit de tout ces rayons et les vents sont faibles. « Germain! Aujourd'hui, nous sortons! » Tout est en place pour notre première sortie ornithologique de l'année. Il me semble que ça fait des lunes que je suis encabanée dans ma chaumière... Bon! C'est fini l'hibernation! Notre choix d'excursion se tourne vers le Lac Saint-Jean où nous n'avons pas mis les pieds depuis trois mois. Aussi, le paysage champêtre, les Harfangs des neiges et une bonne bouffe à notre restaurant préféré sont dans notre mire. C'est bien beau Saint-Fulgence et même si c'est extraordinaire au niveau ornithologique, une escapade aujourd'hui nous fera le plus grand bien.

Une heure plus tard, non pas dans les Maritimes, mais à Saint-Bruno, nous apercevons notre premier Harfang des neiges, juché au sommet d'un lampadaire. Il est bien au-dessus de ses affaires celui-là, le trafic lourd déambulant sous lui. Quel contraste! Le hibou est placide, sa posture statique alors que l'agitation règne dessous.

Le Harfang des neiges sur son lampadaire


Le Harfang des neiges au-dessus de ses affaires


Le maître...

Bien contents d'avoir vu ce harfang, nous nous arrêtons à la coopérative agricole. Nous souhaitons retrouver le Faucon gerfaut observé il y a quelques temps, mais ce fut peine perdue  pour celui-ci. En arrivant sur le site, nous avons été impressionnés par le nombre élevé d'Étourneaux sansonnets dont nous estimons le nombre à 800 individus. De très bonne humeur, les étourneaux s'égosillent avec leurs notes rauques. À part cela, nous recensons quatre Carouges à épaulettes femelles hivernants qui se gavent de résidus de graines sur un amoncellement. Voilà pour ce site aujourd'hui.

Nous reprenons la route pour Hébertville-Station. En bifurquant dans un rang, un autre harfang règne en roi et maître sur son silo de ferme. Les harfangs dégagent un tel calme... Ils ont bien des choses à nous apprendre côté comportemental. Même si je suis une personne au tempérament calme, ce n'est rien si je me compare à lui. D'accord! Encore du travail à faire sur ce point. Au même arrêt, une vingtaine de Plectrophanes lapons se trouvent près de nous aux abords de la ferme. Avec cette belle journée ensoleillée, l'un des mâles pousse de belles notes claires en guise de chant printanier. Hummm! Que c'est bon pour les oreilles!

Le poste de guet du Harfang des neiges


Le Harfang des neiges prenant un bain de soleil


Le roi...


 Les beaux Plectrophanes lapons

Notre matinée complétée, nous filons rapidement vers notre restaurant préféré Marie-Belle à Saint-Gédéon pour sustenter nos estomacs qui commencent à gargouiller. C'est notre camp de base au Lac Saint-Jean. Ici, vous ne trouverez pas de la haute gastronomie, mais consommerez les meilleures omelettes Western avec du bacon extra-sec et un bon café brûlant qui vous feront baver et rouler par terre de plaisir! Le secret se trouve dans les mains expertes des cuisinières hors paires!

Le ventre repus et le sourire aux lèvres, Germain propose que nous allions dans un rang délimitant les localités d'Alma et de Saint-Bruno afin de tenter de trouver une Chouette lapone qui a été préalablement découverte récemment. Sortis du trafic, nous cheminons lentement dans le rang en question. Chaque creux des vallons est inspecté des yeux et aux jumelles. Rien ici. Nous poursuivons. J'aime beaucoup les milieux champêtres. C'est beau et reposant. Aujourd'hui, tout est blanc, propre, l'air est pur et vivifiant. Nos yeux sillonnent les lignes courbes des champs au gré de notre passage. Quelques arbustes et conifères parsèment la zone qui semble désertique. Me faisant bercer dans la voiture et la digestion qui se fait sentir, je suis de moins en moins concentrée dans ma recherche visuelle.

Un magnifique paysage champêtre

Soudain... « Germain! Arrête! Elle est là! » La Chouette lapone est en vol en haut d'un vallon, au loin. Avec quelques battements d'ailes très ralentis, elle se pose au bout d'une épinette. Il y a belle-lurette que nous n'avions vu une Chouette lapone. Elle est toujours aussi magnifique. Le regard sévère, celle-ci nous surveille de son perchoir. En faisant le moins de bruit possible, nous sortons du véhicule. Germain sort délicatement le télescope alors que moi, j'effectue quelques clips. Finalement, le gros hibou gris-brun semble rassuré et détourne son regard de nous. De notre côté, nous bougeons le moins possible afin de ne pas l'effaroucher et de ne pas la déranger outre mesure.


La Chouette lapone au loin


La chouette nous surveille

Pendant notre observation, à plusieurs reprises, la chouette quitte soudainement son perchoir. Avec rapidité, elle se tire au sol d'un bond. Nous ne savons pas si ses captures de souris furent fructueuses ou non. Après chaque tentative, elle retourne se percher au même endroit. En présence de la chouette, j'ai l'impression que le temps s'arrête afin de savourer cette petite tranche d'éternité. L'oiseau dégage un je ne sais quoi qui impose le respect et la noblesse de l'être. Et lorsqu'elle vous fixe droit dans les yeux, son regard est direct et sans concession. Elle semble dire : « Moi, je suis la Chouette lapone. Et vous? Qui êtes-vous? Amis ou ennemis? »

La Chouette lapone faisant le guet


La chouette s'est tirée au sol pendant sa chasse


La chouette est retournée à son perchoir

Pendant une trentaine de minutes, nous l'admirons et observons ce qu'elle fait. Merveilleuse Chouette lapone... Finalement, nous quittons les lieux et retournons tranquillement à la maison, satisfaits de notre première sortie ornithologique. C'est peut-être l'hiver avec cette neige sous nos pieds, mais c'est certes le printemps qui ensoleille nos coeurs.