Nous sommes le 1er février 2014. C'est la fête à Imbole, une
divinité celtique qui célèbre la venue du printemps. Un regard au thermomètre
indique -9° Celsius. Le soleil reluit de tout ces rayons et les vents sont
faibles. « Germain! Aujourd'hui, nous
sortons! » Tout est en place pour notre première sortie ornithologique de
l'année. Il me semble que ça fait des lunes que je suis encabanée dans ma
chaumière... Bon! C'est fini l'hibernation! Notre choix d'excursion se tourne
vers le Lac Saint-Jean où nous n'avons pas mis les pieds depuis trois mois. Aussi,
le paysage champêtre, les Harfangs des neiges et une bonne bouffe à notre
restaurant préféré sont dans notre mire. C'est bien beau Saint-Fulgence et même
si c'est extraordinaire au niveau ornithologique, une escapade aujourd'hui nous
fera le plus grand bien.
Une heure plus tard, non pas dans les Maritimes, mais à
Saint-Bruno, nous apercevons notre premier Harfang des neiges, juché au sommet
d'un lampadaire. Il est bien au-dessus de ses affaires celui-là, le trafic
lourd déambulant sous lui. Quel contraste! Le hibou est placide, sa posture
statique alors que l'agitation règne dessous.
Bien contents d'avoir vu ce harfang, nous nous arrêtons à la
coopérative agricole. Nous souhaitons retrouver le Faucon gerfaut observé il y
a quelques temps, mais ce fut peine perdue
pour celui-ci. En arrivant sur le site, nous avons été impressionnés par
le nombre élevé d'Étourneaux sansonnets dont nous estimons le nombre à 800
individus. De très bonne humeur, les étourneaux s'égosillent avec leurs notes
rauques. À part cela, nous recensons quatre Carouges à épaulettes femelles hivernants
qui se gavent de résidus de graines sur un amoncellement. Voilà pour ce site
aujourd'hui.
Nous reprenons la route pour Hébertville-Station. En
bifurquant dans un rang, un autre harfang règne en roi et maître sur son silo
de ferme. Les harfangs dégagent un tel calme... Ils ont bien des choses à nous
apprendre côté comportemental. Même si je suis une personne au tempérament calme,
ce n'est rien si je me compare à lui. D'accord! Encore du travail à faire sur
ce point. Au même arrêt, une vingtaine de Plectrophanes lapons se trouvent près
de nous aux abords de la ferme. Avec cette belle journée ensoleillée, l'un des
mâles pousse de belles notes claires en guise de chant printanier. Hummm! Que
c'est bon pour les oreilles!
Le roi...
Les beaux Plectrophanes lapons
Notre matinée complétée, nous filons rapidement vers notre
restaurant préféré Marie-Belle à Saint-Gédéon pour sustenter nos estomacs qui
commencent à gargouiller. C'est notre camp de base au Lac Saint-Jean. Ici, vous
ne trouverez pas de la haute gastronomie, mais consommerez les meilleures omelettes
Western avec du bacon extra-sec et un bon café brûlant qui vous feront baver et
rouler par terre de plaisir! Le secret se trouve dans les mains expertes des
cuisinières hors paires!
Le ventre repus et le sourire aux lèvres, Germain propose
que nous allions dans un rang délimitant les localités d'Alma et de Saint-Bruno
afin de tenter de trouver une Chouette lapone qui a été préalablement
découverte récemment. Sortis du trafic, nous cheminons lentement dans le rang
en question. Chaque creux des vallons est inspecté des yeux et aux jumelles.
Rien ici. Nous poursuivons. J'aime beaucoup les milieux champêtres. C'est beau
et reposant. Aujourd'hui, tout est blanc, propre, l'air est pur et vivifiant.
Nos yeux sillonnent les lignes courbes des champs au gré de notre passage.
Quelques arbustes et conifères parsèment la zone qui semble désertique. Me
faisant bercer dans la voiture et la digestion qui se fait sentir, je suis de
moins en moins concentrée dans ma recherche visuelle.
Un magnifique paysage champêtre |
Soudain... « Germain! Arrête! Elle est là! » La Chouette lapone est en vol en haut d'un vallon, au loin. Avec quelques battements d'ailes très ralentis, elle se pose au bout d'une épinette. Il y a belle-lurette que nous n'avions vu une Chouette lapone. Elle est toujours aussi magnifique. Le regard sévère, celle-ci nous surveille de son perchoir. En faisant le moins de bruit possible, nous sortons du véhicule. Germain sort délicatement le télescope alors que moi, j'effectue quelques clips. Finalement, le gros hibou gris-brun semble rassuré et détourne son regard de nous. De notre côté, nous bougeons le moins possible afin de ne pas l'effaroucher et de ne pas la déranger outre mesure.
La chouette nous surveille |
Pendant notre observation, à plusieurs reprises, la chouette quitte soudainement son perchoir. Avec rapidité, elle se tire au sol d'un bond. Nous ne savons pas si ses captures de souris furent fructueuses ou non. Après chaque tentative, elle retourne se percher au même endroit. En présence de la chouette, j'ai l'impression que le temps s'arrête afin de savourer cette petite tranche d'éternité. L'oiseau dégage un je ne sais quoi qui impose le respect et la noblesse de l'être. Et lorsqu'elle vous fixe droit dans les yeux, son regard est direct et sans concession. Elle semble dire : « Moi, je suis la Chouette lapone. Et vous? Qui êtes-vous? Amis ou ennemis? »
La Chouette lapone faisant le guet
La chouette s'est tirée au sol pendant sa chasse
La chouette est retournée à son perchoir
Pendant une trentaine de minutes, nous l'admirons et
observons ce qu'elle fait. Merveilleuse Chouette lapone... Finalement, nous quittons
les lieux et retournons tranquillement à la maison, satisfaits de notre première
sortie ornithologique. C'est peut-être l'hiver avec cette neige sous nos pieds,
mais c'est certes le printemps qui ensoleille nos coeurs.
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