Par Claudette Cormier

mardi 23 mai 2017

La crue des eaux

Ce printemps, la crue des eaux et les inondations de maisons dans le sud du Québec furent vraiment horribles. Croyez-moi, je comprends les enjeux matériels et psychologiques. De tout coeur, je compatis avec les êtres humains touchés par ces drames. Nous aussi, au Saguenay-Lac-Saint-Jean en 1996, avons vécu notre déluge. Ce sont des catastrophes naturelles qui nous éprouvent sur toutes les facettes de notre être.

Pendant que c’est la décrue présentement dans le sud du Québec, le grand réservoir d’eau qu’est le lac Saint-Jean a commencé lui à monter dangereusement. Les habitations autour du lac sont menacées. La fonte des neiges tardive et les pluies abondantes de ce printemps exécrable ont fait que le lac est monté jusqu’à 18 pieds en fin de semaine dernière, un seuil jamais vu depuis 1940! Dimanche dernier, ce fut le pic de la hauteur des eaux du lac. Heureusement, depuis hier, le lac Saint-Jean commence sa décrue au grand soulagement de centaines de riverains. Par contre, certains résidents ont déjà eu des dommages matériels.

Voulant témoigner du phénomène, Germain et moi avons visité quelques sites ornithologiques en fin de semaine dernière afin de vérifier le niveau d’eau du lac. Nous avons commencé par l’embouchure de la Belle-Rivière à Métabetchouan. En nous rendant sur le site, nous avons été estomaqués. Le niveau du lac était tellement élevé que la plage était disparue! Il n’y avait plus aucun accès pour nous rendre à l’embouchure. Que de l’eau! Depuis des décennies (35-40 ans) que Germain et moi pratiquons l’ornithologie et que nous sommes habitués aux fluctuations du niveau du lac, nous n’avons jamais vu cela. Nous restons sans mots devant l’ampleur du phénomène. Le plus inquiétant est l'érosion des berges que l'on constate devant les résidences dans le secteur.

L'embouchure de la Belle-Rivière, la plage submergée d'eau (C. Cormier)

Ensuite, nous avons jeté un oeil au Grand Marais de Métabetchouan. Encore là, c’était impressionnant. Les eaux du marais débordaient dans les champs avoisinants le marais. Les fossés de chaque côté de la route 170 étaient également plein d’eau. Au télescope, nous pouvions voir les sacs de sable installés devant plusieurs maisons qui résident sur le bord du Grand Marais. Les berges, les épis sablonneux et les enrochements sont disparus sous l’eau. 

Le débordement du Grand Marais sur ce champ (C. Cormier) 

Le Grand Marais gonflé d'eau et sans aucune berges (C. Cormier)

Puis ce fut au tour du Petit Marais à Saint-Gédéon à être visité. C’est à peu près le même scénario qu’au Grand Marais mais la scène demeure toujours étonnante. En nous rendant sur la plateforme d’observation côté camping, nous avons été surpris du fait que nous étions entourés d’eau. Cette eau se rendait jusqu’au bord du chemin où circule les résidents de la place. Pour nous à nouveau, ce n’était du jamais vu.

Étant sur la plateforme d'observation, nous sommes entourés d'eau (C. Cormier)

Le Petit Marais inondé à l'extrême (C. Cormier)

Ce qui est triste, c’est tout le stress que les résidents endurent, que leurs maisons soient inondées ou non. Le phénomène de la crue des eaux laissera sans doute dans plusieurs esprits des traumatismes. Il faut savoir que les inondations causent également beaucoup de dommages chez les oiseaux. Pensons aux Canards colverts et aux Canards noirs qui ont déjà pondu leurs œufs depuis quelques semaines dans les marais. Cette ponte est perdue. Puis la construction de nids de Marouettes de Caroline, de Râles de Virginie, de Bécassines de Wilson, de Carouges à épaulettes et de Bruants des marais est à l’eau, sans vouloir faire un mauvais jeu de mots. Le printemps a été exécrable et l’été ne sera peut-être pas facile non plus avec ces suppléments d’énergie demandée chez les êtres humains et les oiseaux. Il y a beaucoup à réfléchir concernant les changements climatiques et de notre responsabilité à respecter les éléments de la nature.

Chers amis, il me reste beaucoup de photos à visionner. Je vais probablement vous revenir demain ou après-demain pour un dernier message de la semaine. À bientôt!

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