Par Claudette Cormier

lundi 30 mai 2011

Les stations d’épuration des eaux usées


Seriez-vous à la recherche d’une activité ornithologique qui soit différente? Aimeriez-vous faire une activité qui vous tiendra occupé tout l’été jusqu’à tard l’automne? Êtes-vous ouvert à une toute nouvelle expérience dans l’observation des oiseaux? Je vous convie donc de vous rendre à la station d’épuration des eaux usées de votre choix! Vous grimacez de « dégoût »? Avant de dire non, donnez-moi la chance d’illustrer mon point de vue en lisant ce qui suit.

Vous vous demandez peut-être : « Pourquoi diable veux-tu qu’on aille observer les oiseaux à une station d’épuration des eaux usées au lieu d’aller se balader dans un joli parc? » Parce que ce milieu puant regorge d’insectes et que les oiseaux s’en nourrissent! Oublions les préjugés… D’emblée, je vous propose de commencer un inventaire d’oiseaux dès maintenant. Bien des surprises peuvent arriver à visiter ce milieu artificiel! Certaines stations d’épuration seront dans un milieu ouvert alors que d’autres seront peut-être un peu plus forestier, selon la localité.


Une station d'épuration des eaux


Les bassins

Habituellement, les stations d’épuration abritent deux ou trois bassins d’eau entourés d’une clôture. Le but de votre inventaire est de faire le tour de la station d’épuration une fois semaine. Si le site est accessible et que vous pouvez jeter un œil sur les bassins à travers la clôture, alors recensez tout ce qui bouge dedans. La raison est que les stations d’épuration des eaux usées peuvent héberger des canards, des limicoles et des passereaux. Au fil des semaines, vous allez rencontrer des oiseaux nicheurs ainsi que des oiseaux migrateurs. Par exemple, le Canard colvert, le Canard souchet et le Canard d’Amérique peuvent nicher dans ces étangs. Chez les limicoles nicheurs, on peut s’attendre à recenser le Pluvier kildir et le Chevalier grivelé. Du côté des passereaux, le Carouge à épaulettes est susceptible d’être observé pendant la saison de nidification. Puis, lors de la période migratoire au printemps et à l’automne, d’autres espèces pourront être vues dans les bassins ou tout près tels : Petit Fuligule, Garrot à œil d’or, Grand et Petit Chevalier, Chevalier solitaire, Bécasseau minuscule, Goéland à bec cerclé, Jaseur d’Amérique, Étourneau sansonnet, Paruline à croupion jaune, Bruant chanteur, etc. Allez-y et expérimentez! Après plusieurs visites, vous vous rendrez compte que les oiseaux sont présents dans cet habitat particulier.


Un couple de Canard colvert


Petits Fuligules et Canard chipeau


Famille de Canard d'Amérique


Petit Chevalier


Hirondelle bicolore


Jaseur d'Amérique


Paruline à croupoin jaune

En plus, la méthode est simple comme bonjour! À votre station d’épuration, faites-en lentement le tour. Silencieusement et discrètement, marchez à pas de gélinotte (mouvements lents) afin de ne pas effaroucher les oiseaux. Observez ce qui se passe à l’intérieur de l’enceinte. Recenser les stations d’épuration est une activité très agréable à faire. Les stations sont des petits milieux « contrôlable » par l’observateur. Vous allez vite vous familiariser avec les espèces du coin. Lorsqu’il y aura du nouveau, vous le saurez. Au moindre changement, vous le saurez. Vous pouvez également dresser une liste des espèces recensées dans ces milieux. Vous serez étonné du résultat.

samedi 28 mai 2011

Sur la flèche littorale, un plectrophane

Depuis quelques jours, Germain se rend sur la flèche littorale afin de vérifier la présence de Bécasseaux violets. Chaque fois qu’il y va, il croise un Plectrophane des neiges qui semble se plaire à vivre sur l’épi rocheux. Il s’agit d’une femelle. L’oiseau a été observé du 22 au 24 mai. À ces dates, cette espèce est normalement arrivée dans son aire de nidification qu’est le Grand Nord. Peu farouche, l’oiseau se nourrit bien et n’est pas blessé. Par contre, celui-ci est peut être malade ou manque d’énergie pour entreprendre sa migration. Quoi qu’il en soit, le 24 mai, j’ai accompagné Germain sur la flèche littorale. Il y avait peu de limicoles, mais le plectrophane était là! J’en ai profité pour le filmer, l’oiseau étant très coopératif. Il était si peu impressionné par notre présence, qu’il a même baîllé. Durant cette soirée, les vents étaient à écorner les bœufs, alors je vous propose de fermer vos hauts-parleurs! Également, un double-clique sur la vidéo vous permettra d’obtenir un agrandissement de l’image.



Vidéo du Plectrophane des neiges 1



Vidéo du Plectrophane des neiges 2

dimanche 22 mai 2011

Découverte d’un Goéland brun à Saint-Fulgence


Lors du long congé de la fête des Patriotes, Germain et moi quittons tôt le matin du 21 mai pour faire une ballade au Lac Saint-Jean. Nous avons envie de nous distraire un peu. Mais en passant près du marais de Canards Illimités à Saint-Fulgence, un groupe de goélands, posés dans le champ jonchant le marais, a attiré mon attention. Dans ce groupe de goélands, un oiseau de petite taille et très foncé m’a immédiatement interpellé. Demi-tour!

Cliquez une fois sur les photos et deux fois sur les vidéos pour les agrandir.


Groupe de goélands et de canards dans le champ


Le Goéland brun au centre


Stationné sur le bord de la route, il s’avère que le petit goéland au plumage foncé est un rare Goéland brun! Il s’agit d’un immature au plumage de premier été. Nous avons passé une bonne trentaine de minutes sur les lieux afin de vérifier tous les critères chez l’oiseau, car il dormait presque toujours. Nous avons dû attendre qu’il se lève la tête pour voir la coloration du bec qui est un critère important à relever.


Goéland brun immature de 1er été



Vidéo du Goéland brun fatigué! 

Les principales caractéristiques pour identifier un Goéland brun immature posé sont d’abord sa taille. Il est à peine plus gros qu’un Goéland à bec cerclé. Donc, la taille se situe entre le Goéland à bec cerclé et le Goéland argenté. Ensuite, ce qui frappe chez l’oiseau est son plumage brun noir. La coloration n’est jamais brun chocolat au lait comme chez le Goéland argenté, mais plutôt chocolat noir comme chez le Goéland marin. Puis, ce qui le différencie des autres goélands immatures est son bec. À cet âge, il est souvent entièrement noir. Les autres goélands immatures ont un bec en deux tons au printemps et en été.

Soudain, tous les goélands qui se reposaient dans le champ lèvent dans les airs en même temps! Germain me pointe du doigt le coupable de cette panique : un Busard Saint-Martin qui patrouille les environs! Heureusement, Germain détecte le Goéland brun en vol et me signale sa présence alors que l’oiseau revient au sol et se pose au même endroit! J’ai tout juste le temps de le filmer lors de sa descente! Lors du clip, l’on perçoit le croupion blanc de l’oiseau et sa queue noire. Très important, il n’y a pas de « fenêtres » pâles qui paraissent dans les rémiges primaires S’il y avait des fenêtres dans les rémiges primaires, il s’agirait d’un Goéland argenté immature.



Vidéo du Goéland brun retournant au sol


Nous sommes très heureux de cette rencontre avec cette espèce! Et avant de partir, nous remarquons un Petit Chevalier qui se pose dans le fossé au pied de la voiture. Celui-ci a vite avalé un vers! Même si le clip est pris à contre-jour, on voit bien la scène malgré tout.



Petit Chevalier avalant un ver 


Comme vidéos surprises du jour, je vous montre un superbe Crapaud d’Amérique pris dans un ruisseau dans le rang Sainte-Anne à Métabetchouan. Par contre, ces jours-ci, il y en a partout qui chante! Depuis que je suis née, j’ai toujours eu un faible pour les grenouilles et les crapauds! Quant à notre excursion au Lac Saint-Jean, rien à signaler. Le système météo d’est qui persiste depuis une dizaine de jours fait en sorte que le tout est tranquille au niveau ornithologique.



Le concert du crapaud partie 1



Le concert du crapaud partie 2

mardi 17 mai 2011

Le Grand Défi QuébecOiseaux


Annoncé depuis quelque temps, tous les ornithologues du Québec étaient conviés à participer à la première édition du Grand Défi QuébecOiseaux les 13 et 14 mai 2011. Ce jeu ornithologique consiste à faire de l’observation sur place pendant 24 heures, de 18h le 13 mai à 18h le 14 mai, en inventoriant le maximum d’espèces d’oiseaux. Le choix du site d’observation se veut personnel aux observateurs du Québec. Les ornithologues sont restreints à demeurer dans un cercle de dix mètres de diamètre. Des équipes d'observateurs peuvent se relayer afin d’effectuer le 24 heures. Règlement à suivre, les partenaires d’observation doivent tous les deux voir ou entendre les oiseaux.

Pour voir le site du Grand Défi QuébecOiseaux avec les règlements et la carte des équipes participantes, cliquez ici.

Depuis plusieurs semaines, Germain me talonnait pour effectuer ce défi ornithologique. Ma motivation n’était pas à la hausse, car j’éprouvais des troubles de sommeil qui me causait de la fatigue. Le dernier jour de l’inscription, Germain ne lâcha pas son os. Il me voulait pour le défi. En plus, en jetant un œil sur les prévisions météo, je n’étais pas réjouit de voir à l’horizon de la pluie durant cette fin de semaine accompagnée de vents d’est. Finalement, après des négociations, j’ai acquiescée à sa demande en lui imposant certaines conditions pour me donner un coup de main concernant ma santé pour l’ornithologue en ménopause que je suis.

Alors, nous voilà officiellement inscrits parmi les 25 équipes du Québec qui participent au Grand Défi QuébecOiseaux! Nous avons choisi notre site! Ce sera la plate-forme d’observation surplombant le marais de Canards Illimités située sur la rue Saguenay à Saint-Fulgence. Nous avons beaucoup d’expérience avec ce site et savons qu’il a énormément de potentiel pour recenser les oiseaux. Lorsque l’on est sur la plate-forme, nous avons, à nos pieds, le marais de Canards Illimités qui regorge de grèbes, foulques, canards barboteurs et canards plongeurs. Autour du belvédère, un milieu simili-urbain entouré d'une forêt mixte nous apportent les différents passereaux qui circulent. Devant nous, la rivière Saguenay et l’Anse-aux-Foins ajoutent à notre listing plongeons, oies, bernaches, canards de mer, cormorans, goélands, limicoles et rapaces. De plus, sur chacune des rives longeant la rivière Saguenay, il y a des montagnes qui sont parfaites pour repérer les oiseaux de proie qui prennent leur envol. Puis, près du marais, un petit champ accueille à l’occasion des busards et des pluviers. Pour nos yeux et oreilles d’ornithologues, ce site est excellent. Il y a quelques années, nous avions recensés 62 espèces en une heure seulement!


Belvedère choisi pour le Grand Défi



Le marais de Canards Illimités à nos pieds



Les battures, la rivière Saguenay et les montagnes



Une partie du marais et les battures de l'Anse-aux-Foins


Le 13 mai à 18h, nous sommes sur le belvédère avec notre attirail optique. Nos jumelles, nos télescopes et notre optimisme sont au rendez-vous. Germain donne le signal. C’est parti! Je dois avouer que je me sens nerveuse et lance une petite prière au dieu du Grand Défi. Malgré la pluie qui tombe et les légers vents d’est qui soufflent, le premier trente minutes est un feu roulant! Sans interruption, Germain et moi écoutons et observons les oiseaux, pointant nos doigts dans toutes les directions. Germain s’occupe de localiser les espèces aquatiques dans le marais et moi, je scrute la rivière Saguenay et l’Anse-aux-Foins. À cause du temps froid et gris, la visibilité est excellente pour l’observation à longue portée. Par contre, les passereaux ne chantent pas beaucoup. Nous poursuivons notre ballet chorégraphié d’ornithologues, se déplaçant d’un télescope à un autre, se montrant les espèces trouvées! Au bout de la première demi-heure, à 18h30, nous avons déjà 48 espèces à notre actif. C’est un départ canon, mais tout n’est pas joué, loin de là! Graduellement, nous ajoutons des espèces d’oiseaux à notre liste pour un total de 57 espèces à 21h. Nous terminons notre soirée avec des oiseaux crépusculaires tels la bécassine, la bécasse et un grand-duc qui passe en vol devant nous. La noirceur arrivant, nous prenons la décision d’aller dormir au lieu de recenser les oiseaux en migration nocturne. Nous serons plus en forme demain matin. Nous n’avons pas d’équipe pour prendre le relais durant la nuit et aussi, la pluie n’a pas cessé de tomber depuis 18h00.

Le lendemain matin, nous sommes de retour au même site à 6h30. Nous sommes stockés en sandwichs, collations et café afin de rester sur place une bonne partie de la journée. Donc, nous voilà à nouveau sur le belvédère à recenser tout ce qui bouge dans le patelin. Quant à la météo de ce matin, la pluie a cessé. Par contre, le temps demeure gris et froid. Au cours de la journée, nous avons bien performé pour les groupes principaux d’oiseaux. Cependant, ce sont les parulines qui nous ont cruellement manqués! Seulement quatre espèces d’entre-elles ont été observées dans le marais! Même les Parulines à croupion jaune ne voulaient pas chanter une note! De plus, nous avons dû identifier celles-ci au télescope, les parulines se nourrissant discrètement dans les chatons des saules. Seulement une Paruline des ruisseaux à daigner chanter à deux reprises. Mais pour le reste, nous avons tiré notre épingle du jeu. Voici quelques statistiques concernant les principales familles de l’avifaune présente durant le 24 heures : 20 espèces anatidés (oies et canards); 8 espèces de rapaces (avec urubus); 10 espèces de limicoles; 6 espèces de goélands; 8 espèces de bruants; 4 espèces de parulines!

En fin d’après-midi, la fatigue  nous gagne sérieusement… Nous constatons que plus rien ne bouge et que notre liste est complète. Pour relaxer entre des épisodes d’observation, nous regardons avec amusement nos copains ailés qui nous ont tenu compagnie toute la journée. En effet, des Bruants à couronne blanche ont chanté toute la journée et nous avons encore leur chant dans nos têtes! Voici un clip qui démontre un bruant de cette espèce juché sur un rocher et qui s'affaire à manger une graine. Voyant d’autres bruants arriver près de lui, il décide de clamer son aire d’alimentation en chantant. En faisant cela, la graine qu’il a dans le bec a été éjectée! Ayant craché sans faire exprès son butin pour chanter, il s’en rend soudainement compte, escamote son chant et cours après sa graine! C’était vraiment hilarant de le voir faire!



Chant territorial du Bruant à couronne blanche


Finalement, en fin d'après-midi, le cerveau ne fonctionne plus… Nous mettons fin au concours du Grand Défi QuébecOiseaux à 16h avec un total de 90 espèces sur notre liste! Germain et moi sommes satisfait de notre performance, car nous avons tout donné côté expérience et énergie.


Le repos du guerrier!

 
Nous retournons à la maison, exténués, heureux, les images et les sons roulant encore dans nos têtes. Ce concours a été très exigeant au niveau physique, mais nous nous en remettrons vite! Et pour terminer cette journée en beauté, nous sommes récompensés par un superbe coucher de soleil au nord-ouest!


Tout feu tout flamme!


lundi 16 mai 2011

Tarin des pins de forme « verte »


Au cours de l’hiver 2010-2011, plusieurs Tarins des pins ont envahis nos mangeoires, parfois par centaines d’individus. Certains ornithologues se sont posés des questions à savoir pourquoi certains tarins arboraient un plumage plus pâle, teinté de jaune et si peu rayés sur la poitrine et les flancs, contrairement à la majorité des oiseaux au plumage foncé. Aujourd’hui, pour répondre à ces interrogations, je laisse place à Germain Savard et à son excellent article paru dans la revue Le Harfang de mai 2011 pour expliquer le tout. Vous n’avez qu’à cliquer sur le lien afin d’accéder à l’article dont il est question, illustrer avec des photos en couleurs. Vous avez également accès à une galerie de photos démontrant différents plumages de tarins qui ont été prises par Germain et moi à nos mangeoires cet hiver.

Pour consulter l'article couleur publié dans Le Harfang de mai 2011, cliquer ici.


Galerie de photos prises à Saint-Fulgence en février et mars 2011 par Germain Savard et Claudette Cormier.


Remarquez le couleur jaune verdâtre du dos



Comparaison avec un individu normal en haut



Fines rayures sur les flancs



Le jaune sur les ailes est évident



Très facile à localiser au travers des autres tarins



Les rayures sur le dos sont plus fines



Parties inférieures très pâles



Coloration jaune verdaâtre des parties supérieures caractéristique



Rayures des parties inférieures très fines