Par Claudette Cormier

mardi 17 mai 2011

Le Grand Défi QuébecOiseaux


Annoncé depuis quelque temps, tous les ornithologues du Québec étaient conviés à participer à la première édition du Grand Défi QuébecOiseaux les 13 et 14 mai 2011. Ce jeu ornithologique consiste à faire de l’observation sur place pendant 24 heures, de 18h le 13 mai à 18h le 14 mai, en inventoriant le maximum d’espèces d’oiseaux. Le choix du site d’observation se veut personnel aux observateurs du Québec. Les ornithologues sont restreints à demeurer dans un cercle de dix mètres de diamètre. Des équipes d'observateurs peuvent se relayer afin d’effectuer le 24 heures. Règlement à suivre, les partenaires d’observation doivent tous les deux voir ou entendre les oiseaux.

Pour voir le site du Grand Défi QuébecOiseaux avec les règlements et la carte des équipes participantes, cliquez ici.

Depuis plusieurs semaines, Germain me talonnait pour effectuer ce défi ornithologique. Ma motivation n’était pas à la hausse, car j’éprouvais des troubles de sommeil qui me causait de la fatigue. Le dernier jour de l’inscription, Germain ne lâcha pas son os. Il me voulait pour le défi. En plus, en jetant un œil sur les prévisions météo, je n’étais pas réjouit de voir à l’horizon de la pluie durant cette fin de semaine accompagnée de vents d’est. Finalement, après des négociations, j’ai acquiescée à sa demande en lui imposant certaines conditions pour me donner un coup de main concernant ma santé pour l’ornithologue en ménopause que je suis.

Alors, nous voilà officiellement inscrits parmi les 25 équipes du Québec qui participent au Grand Défi QuébecOiseaux! Nous avons choisi notre site! Ce sera la plate-forme d’observation surplombant le marais de Canards Illimités située sur la rue Saguenay à Saint-Fulgence. Nous avons beaucoup d’expérience avec ce site et savons qu’il a énormément de potentiel pour recenser les oiseaux. Lorsque l’on est sur la plate-forme, nous avons, à nos pieds, le marais de Canards Illimités qui regorge de grèbes, foulques, canards barboteurs et canards plongeurs. Autour du belvédère, un milieu simili-urbain entouré d'une forêt mixte nous apportent les différents passereaux qui circulent. Devant nous, la rivière Saguenay et l’Anse-aux-Foins ajoutent à notre listing plongeons, oies, bernaches, canards de mer, cormorans, goélands, limicoles et rapaces. De plus, sur chacune des rives longeant la rivière Saguenay, il y a des montagnes qui sont parfaites pour repérer les oiseaux de proie qui prennent leur envol. Puis, près du marais, un petit champ accueille à l’occasion des busards et des pluviers. Pour nos yeux et oreilles d’ornithologues, ce site est excellent. Il y a quelques années, nous avions recensés 62 espèces en une heure seulement!


Belvedère choisi pour le Grand Défi



Le marais de Canards Illimités à nos pieds



Les battures, la rivière Saguenay et les montagnes



Une partie du marais et les battures de l'Anse-aux-Foins


Le 13 mai à 18h, nous sommes sur le belvédère avec notre attirail optique. Nos jumelles, nos télescopes et notre optimisme sont au rendez-vous. Germain donne le signal. C’est parti! Je dois avouer que je me sens nerveuse et lance une petite prière au dieu du Grand Défi. Malgré la pluie qui tombe et les légers vents d’est qui soufflent, le premier trente minutes est un feu roulant! Sans interruption, Germain et moi écoutons et observons les oiseaux, pointant nos doigts dans toutes les directions. Germain s’occupe de localiser les espèces aquatiques dans le marais et moi, je scrute la rivière Saguenay et l’Anse-aux-Foins. À cause du temps froid et gris, la visibilité est excellente pour l’observation à longue portée. Par contre, les passereaux ne chantent pas beaucoup. Nous poursuivons notre ballet chorégraphié d’ornithologues, se déplaçant d’un télescope à un autre, se montrant les espèces trouvées! Au bout de la première demi-heure, à 18h30, nous avons déjà 48 espèces à notre actif. C’est un départ canon, mais tout n’est pas joué, loin de là! Graduellement, nous ajoutons des espèces d’oiseaux à notre liste pour un total de 57 espèces à 21h. Nous terminons notre soirée avec des oiseaux crépusculaires tels la bécassine, la bécasse et un grand-duc qui passe en vol devant nous. La noirceur arrivant, nous prenons la décision d’aller dormir au lieu de recenser les oiseaux en migration nocturne. Nous serons plus en forme demain matin. Nous n’avons pas d’équipe pour prendre le relais durant la nuit et aussi, la pluie n’a pas cessé de tomber depuis 18h00.

Le lendemain matin, nous sommes de retour au même site à 6h30. Nous sommes stockés en sandwichs, collations et café afin de rester sur place une bonne partie de la journée. Donc, nous voilà à nouveau sur le belvédère à recenser tout ce qui bouge dans le patelin. Quant à la météo de ce matin, la pluie a cessé. Par contre, le temps demeure gris et froid. Au cours de la journée, nous avons bien performé pour les groupes principaux d’oiseaux. Cependant, ce sont les parulines qui nous ont cruellement manqués! Seulement quatre espèces d’entre-elles ont été observées dans le marais! Même les Parulines à croupion jaune ne voulaient pas chanter une note! De plus, nous avons dû identifier celles-ci au télescope, les parulines se nourrissant discrètement dans les chatons des saules. Seulement une Paruline des ruisseaux à daigner chanter à deux reprises. Mais pour le reste, nous avons tiré notre épingle du jeu. Voici quelques statistiques concernant les principales familles de l’avifaune présente durant le 24 heures : 20 espèces anatidés (oies et canards); 8 espèces de rapaces (avec urubus); 10 espèces de limicoles; 6 espèces de goélands; 8 espèces de bruants; 4 espèces de parulines!

En fin d’après-midi, la fatigue  nous gagne sérieusement… Nous constatons que plus rien ne bouge et que notre liste est complète. Pour relaxer entre des épisodes d’observation, nous regardons avec amusement nos copains ailés qui nous ont tenu compagnie toute la journée. En effet, des Bruants à couronne blanche ont chanté toute la journée et nous avons encore leur chant dans nos têtes! Voici un clip qui démontre un bruant de cette espèce juché sur un rocher et qui s'affaire à manger une graine. Voyant d’autres bruants arriver près de lui, il décide de clamer son aire d’alimentation en chantant. En faisant cela, la graine qu’il a dans le bec a été éjectée! Ayant craché sans faire exprès son butin pour chanter, il s’en rend soudainement compte, escamote son chant et cours après sa graine! C’était vraiment hilarant de le voir faire!



Chant territorial du Bruant à couronne blanche


Finalement, en fin d'après-midi, le cerveau ne fonctionne plus… Nous mettons fin au concours du Grand Défi QuébecOiseaux à 16h avec un total de 90 espèces sur notre liste! Germain et moi sommes satisfait de notre performance, car nous avons tout donné côté expérience et énergie.


Le repos du guerrier!

 
Nous retournons à la maison, exténués, heureux, les images et les sons roulant encore dans nos têtes. Ce concours a été très exigeant au niveau physique, mais nous nous en remettrons vite! Et pour terminer cette journée en beauté, nous sommes récompensés par un superbe coucher de soleil au nord-ouest!


Tout feu tout flamme!


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