Par Claudette Cormier

mercredi 21 mai 2014

Vent de fraîcheur!

Nous sommes le 19 mai 2014. C'est aujourd'hui la fête de la reine Victoria ou la fête des Patriotes, selon le calendrier de chacun. Pour nous les observateurs, c'est la fête ornithologique! Au coeur du printemps,  nous en profitons pour y effectuer des sorties aux oiseaux qui abondent partout à cette période.

Le matin, nous voilà sur la route en direction du Lac Saint-Jean. Le soleil est présent, mais les vents forts qui soufflent sont très froids! Voudriez-vous me dire qui s'occupe de la Grande Girouette afin que je puisse lui dire d'orienter celle-ci vers le Sud? Des vents de quadrant nord ou nord-ouest, ben... on est tanné... pis on est gelé. Ça suffit! En passant près des pentes de ski du mont Lac Vert à Hébertville, il y a encore présence de neige. C'est tout dire!

Couettes au vent, le vent sifflant dans nos oreilles, le vent battant nos vêtements, nous trouvons que les oiseaux semblent absents lorsque l'on parcoure les différents rangs de cette localité. Les oiseaux eux aussi tentent de se trouver un petit coin à l'abri des intempéries. En somme, notre matinée fut plus qu'ordinaire. À nouveau, gelé comme des cretons, nous accourons vers notre camp de base (restaurant) pour y engloutir un déjeuner copieux et du bon café brûlant. Pendant notre repas, nous révisons notre stratégie d'aujourd'hui. Germain insiste pour que l'on aille à la station d'épuration des eaux usées à Métabetchouan. Puisque le Grand Marais est plein à rebord par la crue des eaux et qu'il n'y a plus aucune terre ferme pour y accueillir des limicoles, notre seule chance d'en observer aujourd'hui est certainement à la station. Devant son désir intense, j'accepte sa demande. Mais, je ne m'attends pas à grand chose de ce côté. Je suis plutôt résignée à vivre une journée ordinaire pour ce congé.

Bien... nous voilà rendus à la station d'épuration de Métabetchouan. Nous sommes sur le point de faire le tour de l'enclos lorsqu'une voiture se gare à côté de la nôtre. Ah? D'autres ornithologues qui arrivent... Tiens donc! C'est Carole Lussier et Christian Baillargeon que nous saluons. Ensuite, Germain prend les devants pendant que je jase un brin avec Carole. Soudain, j'entends un cri emporté par le vent qui provient de Germain : « Mouette de Franklin!! » Regardant en sa direction, il agite les bras pour nous inciter à nous grouiller vers lui afin d'observer cette rareté que nous voyons si peu dans la région. D'un pas pressé, nous nous dirigeons vers Germain qui a l'oiseau au télescope. De toute beauté!

Avec la caméra à bras le corps, je quitte le groupe et m'accroupie au pied de l'enclos, là où se trouve la fameuse Mouette de Franklin qui s'alimente parmi un groupe de Mouettes de Bonaparte, afin de prendre des photographies et des vidéos, tout en restant discrète. Heureusement, l'oiseau n'est pas farouche. Plusieurs minutes plus tard, Germain vient me rejoindre. Carole et Christian ont quitté les lieux avec cette belle Franklin en mémoire. Peu après, Germain me tape sur l'épaule et m'avise qu'il y a deux Mouettes de Franklin! Ayoye! C'est vraiment ici que ça se passe aujourd'hui! L'intuition de Germain l'a bien guidé! Il y avait tellement de choses intéressantes à observer que nous sommes passés près de quatre heures sur place. Nous en avons profité pour étudier le plumage des mouettes et observer les différentes espèces de limicoles qui s'alimentaient autour des bassins.

 Les deux Mouettes de Franklin ensemble

L'une des deux Mouettes de Franklin

 La mouette qui s'alimente activement

 La très jolie Mouette de Bonaparte adulte

Nous ne sommes pas certains si les deux mouettes étaient un couple ou non. Très volubiles et criant fréquemment, à un moment nous avons assisté à une interaction de leur part lorsqu'elles se sont reposées sur une bande de terre entre les bassins. Face à face, elles ont levé le bec vers les airs, la poitrine bombée, en émettant des cris que nous ne pouvions entendre d'où nous étions situés. Ensuite, elles se sont quittées, sans plus, se retrouvant plus tard sur l'eau d'un bassin pour s'y nourrir séparément. Nous avons remarqué que l'un des deux individus avait un bec plus rouge que son congénère et que le plumage de sa poitrine et de son ventre était légèrement rosé. Ce phénomène est dû à son régime alimentaire. Nous avons déjà observé cette coloration rosé chez le Goéland à bec cerclé.

Interaction étrange entre les deux mouettes

Ayant pris maintes photos, nous effectuons maintenant le tour complet de la station à l'affut des limicoles. Évidemment, nous avions notre escorte personnelle, ce Pluvier kildir de l'autre jour qui nous perce les oreilles avec ses cris stridents et qui nous a suivi un bon moment. Ah, non! Pas encore lui! Ben oui... encore lui.

Le Pluvier kildir, gardien de l'enclos

Soudainement, à notre grande surprise, tous les Goélands à bec cerclé et Goélands argentés lèvent en bloc. Quant aux deux espèces de mouettes, elles s'élèvent également dans les airs, affolées en criant bruyamment. Les canards déguerpissent alors que plusieurs limicoles lancent des cris de panique. Oh! Pygargue à tête blanche à l'horizon! Volant à basse altitude, un pygargue immature qui a l'air d'un géant passe doucement au-dessus de la station et jette un regard dans les bassins, puis poursuit son chemin. L'alerte passée, tous les oiseaux reviennent se poser dans les bassins. Ouf!

Le magnifique Pygargue à tête blanche immature

Le calme revenu, nous poursuivons nos observations autour de la station, tout en observant les Franklin qui nous en mettent plein la vue avec leur plumage magnifique tout en assimilant dans notre mémoire leurs cris qui sont nouveaux pour nos oreilles. 

Pendant notre excursion, nous avons eu beaucoup de plaisir à observer les nombreux Petits Chevaliers. Je vous présente deux clips les concernant. Le premier démontre deux chevaliers qui se disputent une aire d'alimentation. Deux coqs! Et l'autre clip illustre un autre chevalier qui se prend pour un phalarope! Il a passé son temps à nager au centre d'un bassin, heureux comme un pape! Que d'action à cette station d'épuration qui a fait notre journée, malgré les forts vents qui soufflaient aujourd'hui. Notre coeur s'est réchauffé par ses observations spectaculaires!

Combat de Petits Chevaliers

Un Petit Chevalier qui se prend pour un phalarope!

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