Par Claudette Cormier

jeudi 15 décembre 2011

Être au bon endroit au bon moment…

Le 14 décembre, en début d’après-midi, Mireille Tremblay vient me chercher à la maison, celle-ci située à Saint-Fulgence. Cet hiver, Mireille participe à l’avicourse 2011-2012 et je lui offre mes services aujourd’hui pour lui donner un coup de main, ornithologiquement parlant. Dans le but d’augmenter sa liste d’espèces aquatiques, les goélands et le fameux Pic à ventre roux sont certainement la bienvenue dans cette perspective. Donc, avec empressement, nous filons d’abord sur la route Tadoussac. Avec la marée qui monte vite, nous devons vite vérifier les goélands qui s’alimentent sur les battures. Ah! Voilà plusieurs Goélands arctiques, un Goéland marin et un Goéland bourgmestre. Trois espèces supplémentaires pour son panier de Noël d’espèces d’oiseaux! Ensuite, ayant zieuté les battures à notre goût, nous quittons l’endroit pour nous rendre dans le village. Notre but est de trouver le Pic à ventre roux qui se tient régulièrement à des mangeoires. Mais comme nous sommes durant l’après-midi et qu’il fait doux, pas de pic à l’horizon. Même que c’est passablement mort et que le silence règne…

Par la suite, Mireille et moi nous nous consultons pour la prochaine étape. Finalement, nous optons pour terminer le volet aquatique. Peut-être qu’au quai découvrons-nous un Garrot d’Islande nageant dans l’entrée du fjord? Donc, nous embarquons dans le véhicule et empruntons à nouveau la route Tadoussac pour nous diriger vers le quai. En passant sensiblement au même endroit où les goélands étaient tout à l’heure, un petit goéland posé sur la pointe d’un rocher attire aussitôt le regard inquisiteur de Mireille. Elle me pointe du doigt l’oiseau qui est sur les battures le long de la route et me demande l’identité de l’espèce. Mais comme nous sommes dans un contre-jour parfait, seulement la silhouette est visible. Mireille stationne le véhicule sur l’accotement. J’observe le volatile aux jumelles. Dans la première fraction de seconde, il me fait d’abord penser à un Goéland à bec cerclé vu la petitesse, le bec fin ainsi que la posture horizontale de l’oiseau. Puis, je réalise avec stupéfaction qu’il s’agit en fait d’une mouette! Je somme Mireille de couper les moteurs du véhicule! Qui sait quelle espèce de mouette cela peut être en décembre! Avant de sortir de l’auto, je filme l’oiseau au cas où il partirait subitement, soit dû à notre présence, mais aussi parce que la marée monte. La mouette est susceptible de quitter à tout instant. C’est d’ailleurs ce que fait l’oiseau. À notre grand détriment, il s’envole sans que nous sachions de quelle espèce de mouette il s’agit exactement. Puis, à notre plus grand soulagement, la mouette se pose sur un autre rocher tout près. Cela fait un peu notre affaire que l’oiseau change de place puisque le contre-jour est un peu moins brutal à cet endroit.

Pendant que je filme l’oiseau pour des fins d’identification, Mireille sort son télescope. À tour de rôle, nous observons l’oiseau en relevant le plus de critères possible. Malgré mon expérience de terrain, je n’arrive pas à l’identifier avec certitude. Cependant, j’élimine plein de possibilités. À regarder le volatile sous toutes ses coutures avec les conditions de lumière difficile, nous savons qu’il s’agit d’un immature en premier hiver. De plus, son plumage est extrêmement usé. N’étant pas experte dans le plumage des jeunes mouettes, je m’affaire cependant à relever les moindres détails de plumage avec Mireille. Nous l’identifierons plus tard avec des guides.


La mouette au loin sur un rocher



La mouette à contre-jour

Ensuite, il se produit un incroyable événement! La mouette est encore délogée de son rocher et s’envole encore. Par contre, au lieu de se diriger vers le large et rejoindre d’autres goélands, elle vient se poser près de la route, au pied de l’enrochement! Au début, nous avons de la difficulté à la retrouver puisqu’elle s’est glissée entre des roches, à l’abri de nos regards. Il n’y a rien de plus déconcertant que de savoir qu’elle est à quelques pieds de nous et ne pouvoir l’observer! Puis finalement, elle sort de sa cachette et monte sur un rocher! Pendant qu’elle se ferme les yeux pour roupiller un peu, très peu farouche, elle ne s’occupe pas de notre présence outre mesure pendant que Mireille et moi la photographions et la filmons d’une façon très concentrée. L’oiseau ne semble pas en grande forme, même qu’il semble exténué. Lorsque la marée monte davantage, la mouette quitte l’endroit naturellement pour se diriger vers l’Anse-aux-Foins où elle passera la nuit.


La mouette s'endormant



Nous savourons cet instant…

Avec nos trésors de photos, Mireille et moi nous nous empressons d’aller à la maison pour sortir les guides d’identification afin de nous assurer de l’identité de l’oiseau. Plus aucun doute! Il s’agit bel et bien d’une Mouette atricille, un immature dans sa première année! La joie est à son comble! À notre façon, nous fêtons l’événement au-dessus d’un café brûlant en regardant mutuellement nos photos et vidéos par-dessus la multitude de guides d’identification étalés partout sur la table de cuisine! Nous sommes très conscientes de notre chance… Si nous étions passées alors que l’oiseau était près de la route, nous n’aurions jamais découvert la fameuse mouette. Un gros merci à la providence parce que nous étions heureusement au bon endroit au bon moment

La semaine dernière…

Il y amoins d'une semaine de cela, Germain et moi sommes retournés au Pic à ventre roux un matin au lieu habituel. L’oiseau est présent aux mangeoires et semble bien préparé pour y passer l’hiver. J’ai pu prendre ce clip :


Pic à ventre roux femelle

À quelques reprises au cours de la même semaine, le Pygargue à tête blanche adulte tournoie assez régulièrement devant la maison en fin de journée avant de disparaître dans l’entrée du fjord pour y dormir. Je ne peux m’empêcher de vous le partager… il est si majestueux!



Pygargue à tête blanche adulte

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