Par Claudette Cormier

mercredi 18 juin 2014

Trafiquants de frites

Tôt en matinée du 16 juin 2014, nous voilà partis de Saint-Fulgence pour se rendre au Lac Saint-Jean afin d'y faire une excursion aux oiseaux. Mais avant tout, j'aime effectuer un arrêt au restaurant McDo sur le boulevard Saint-Paul à Chicoutimi et prendre en passant mon café matinal par le biais du service à l'auto. Par la suite, bien calé dans mon siège du passager auprès de Germain qui conduit, mon regard se perd dans le magnifique paysage champêtre le long de l'autoroute.

Par contre, ce matin, un événement nous a retardé quelque peu sur notre horaire habituel. Pendant que nous faisons la file au service à l'auto, nous remarquons que les deux bacs à déchets situés derrière le restaurant semblent fortement achalandés par des oiseaux. Oh! Des Quiscales bronzés et des Étourneaux sansonnets se relaient auprès des bacs dont l'un a le couvercle ouvert. Et hop! Ils sautent dans le bac et en ressortent avec de la nourriture au bec! Nous ne savions pas que les quiscales et les étourneaux pouvaient utiliser ces bacs comme le font couramment les Corneilles d'Amérique et les Grands Corbeaux. Trouvant la scène intéressante, nous garons le véhicule près des bacs à déchets et observons le tout une bonne trentaine de minutes.

Les deux bacs à déchets

Au début, les Quiscales bronzés arrivent l'un après l'autre et pénètrent dans le bac vert en étant méfiant avant de sauter dedans. Puis ils ressortent rapidement avec ce qui me semble être des miettes de pain. La voie étant libre, c'est le tour aux Étourneaux sansonnets qui sont plus nombreux, de se pointer et d'effectuer le même manège que les quiscales. À un moment donné, un étourneau ressort du bac avec une frite au bec! Aussitôt, il se jette au sol et disloque la chose en petits morceaux. Il se dépêche car ses congénères ne se gênent aucunement pour voler le butin. Parfois, une cohorte d'étourneaux poursuit un quiscale qui vient de récolter l'une de ces bonnes frites dans le but de la lui voler. Finalement, plus nous les observons, plus cela devient intéressant...

Le Quiscale bronzé en quête de nourriture


Le Quiscale bronzé avec son aliment au bec


 
 Étourneau sansonnet révélant la source de nourriture


Étourneau morcèlant une frite

En observant leurs comportements, je ne pouvais m'empêcher de penser que nous, les humains, n'avons rien inventé en parlant de comportements face à la survie. Lorsqu'un oiseau a en sa possession une frite, les autres volatiles noirs qui sont dans le secteur, la convoite. Certains quiscales ou étourneaux arrivent en vol et se posent subitement au sol, faisant semblant de fouiller par terre pour s'alimenter. Mais, c'est de la pure hypocrisie. Dès que le détenteur de frite est le moindrement distrait, il se la fait piquer par ce voleur ailé. Dans le fond, c'est beaucoup plus facile de voler son voisin que d'aller chercher de la nourriture soi-même, non? Il y avait tellement d'interactions entre ces deux espèces. La vie, c'est comme ça. Lorsque l'un devient « riche », les autres le jalouse et veulent lui enlever sa richesse.

Et pourquoi tout ce remue-ménage dans les bacs? C'est pour alimenter les jeunes qui quémandent inlassablement autour du restaurant et dont nous entendons les piaillements. Avec empressement, les quiscales et les étourneaux font des voyages incessants pour nourrir les estomacs affamés des juvéniles qui peuvent voler déjà. Tout ce qui peut faire sauver du temps aux adultes nourrisseurs semble être leur devise. Autre point, je pense que nous sommes allés trop loin dans notre façon d'être urbanisés. Sans m'étendre sur le sujet, il semble que par la force des choses, certaines espèces d'oiseaux s'urbanisent encore plus comme les corneilles, les corbeaux, les étourneaux et les quiscales pour ne mentionner que ces espèces. Je ne trouve pas normal que ces oiseaux se jettent sur des frites dans des poubelles qui sont à ciel ouvert pour nourrir leurs progénitures et qu'ils se fassent la guerre pour obtenir ce genre d'aliment. Après les humains obèses, les étourneaux obèses? Est-ce qu'il y a encore des étourneaux et des quiscales qui habitent la ville et qui alimentent leur jeunes avec des insectes et des chenilles comme ils seraient supposés de le faire? Mais où allons nous pour l'amour?

 Étourneau sansonnet juvénile attendant son repas

Avec nos interrogations en tête, nous quittons le fameux McDo du boulevard Saint-Paul et filons au Lac Saint-Jean. Trente minutes plus tard, nous arrivons à Saint-Bruno. Les buveurs de café et de thé savent que ces boissons sont diurétiques. Alors la madame avait une envie pressée de soulager sa vessie. Germain gare le véhicule près du restaurant Marchand. Mais voilà que nous sommes près d'un bac du même genre  que celui de Chicoutimi et que des étourneaux se bousculent pour y entrer aussi! Ah, non! Ce n'est pas vrai! La chicane est pognée ici aussi... Ce phénomène est donc répandu partout, même en campagne? Soupir. J'ai honte de nos déchets qui dénaturent la faune ailée.

Le bac à déchets à Saint-Bruno


Les étourneaux se chamaillant pour de la nourriture


L'étourneau intéressé par les victuailles