Par Claudette Cormier

lundi 30 septembre 2013

Nostalgie d'automne

Samedi le 28 septembre au petit matin, la brume est à trancher au couteau. Par contre, une petite percée de lumière rayonne en direction de La Baie. Puisque les cieux nous pointe du doigt où nous diriger, Germain et moi filons vers cette localité. Nous avons le goût de recenser les passereaux dans les rangs et observer les oies sur les battures. Arrivés dans le périmètre de La Baie, nous empruntons le rang Saint-Joseph. Sur notre chemin, bon nombre de bruants s'alimentent de graminées sur le bord du rang. Les bruants nous forcent à ralentir car ils nous coupent fréquemment le chemin lors de notre passage en voiture. Puis nous arrivons près d'un champ où se trouve une horde d'Oies des neiges. Malgré nos fouilles intensives, pas d'autres espèces d'oies en vue. Tiou! Ah? Un Plectrophane lapon vient de migrer au-dessus de nous. Finalement, après avoir recensé les oiseaux dans ce secteur, nous nous dirigeons vers l'anse-à-Benjamin en effectuant de nombreux petits arrêts.

Beau paysage champêtre dans le rang Saint-Joseph


Oie des neiges se posant dans un champ

Arrivés sur les lieux, on se croyait presque dans un centre d'achats tellement il y avait des véhicules et des gens qui parlaient fort. Soupir. Depuis bon nombre d'années, ce site s'est dégradé, ornithologiquement parlant. Avant, nous étions seuls au monde dans ce coin. Comme bien des endroits au Québec, les sites ornithologiques fondent comme le beurre dans la poêle pour diverses raisons : développements domiciliaires, nouveaux parcs et sentiers aménagés, centres touristiques, activités aquatiques et aériennes et j'en passe. Nous les ornithologues, nous perdons nos sites un à un ce qui nous crèvent le coeur. Toujours accrochés à nos sites, nous y allons avec l'espoir d'être seuls, mais souvent nous quittons avec les émotions à fleur de peau et parfois en colère. Ainsi, à l'anse-à-Benjamin, nous traversons la foule qui jase bruyamment et nous nous rendons près de l'anse. À part quelques Canards colverts et Harles couronnés, nous sommes bien déçus. Nous changeons donc d'endroit et filons vers le parc Mars.

Paysage automnal dans l'anse-à-Benjamin

Au parc Mars, les grèves sont vides de limicoles. Pas un. Les Oies des neiges, les Bernaches du Canada et les Garrots à oeil d'or sont presque les seules espèces dans le secteur. Encore une fois, la piste cyclable est bondée de gens avec ce temps magnifique. Hélas, nous ne trouvons plus notre plaisir d'antan. Finalement, Germain appelle nos amis de La Baie pour savoir s'il y a possibilité de rencontre. Oui! Ils sont derrière le musée du Fjord en train d'observer les milliers Oies des neiges et les nombreuses Bernaches du Canada. Fromage en grain et boisson gazeuse à la main, nous allons vite les rejoindre.

La Baie dans toute sa splendeur vue du parc Mars malgré la brume sèche

Après avoir traversé la ville surpeuplée de véhicules et de monde, nous nous garons au musée du Fjord. Vite repéré, nous trouvons nos amis près des battures qui observent au télescope avec concentration les oies alors que les vélos, les gens en patins à roues alignées, les piétons, les quadri-porteurs déambulent derrière eux sur la longue piste cyclable. Il y a également les gens qui ne savent pas se retenir et qui vont prendre des photos d'oies en allant carrément marcher sur les battures. Les oiseaux sont également dérangés par certains promeneurs de chiens qui, une fois sur les battures, laissent les chiens libres de courir partout . Autre soupir. Nous rejoignons nos amis. Poignées de main et des bisous sont de mises en rencontrant Monique Boudreault et Serg Tremblay, nos amis de longue date. Quant à notre autre ami de longue date Hugues Simard, il observe plus loin le long de la baie.

Serg et Monique concentrés à observer les oies


Nos bons amis de La Baie dont Monique Boudreault et Serg Tremblay.

 
Ça, c'est moi...


Euh... non, finalement. C'est ça, moi.

Nous sommes bien heureux d'être ensemble et entre nous, le sujet des oiseaux est vite amené sur la place publique. Avec un brin de nostalgie, nous nous ennuyons des excursions que nous faisions il y a plusieurs années avant que le développement ne fasse son oeuvre. Encore une fois, nous étions seuls dans ces sites. C'est peut-être agréable pour les non-ornithologues, mais nous, non. Nous écopons totalement. Ces changements majeurs du milieu est un sacrilège pour nous. D'ailleurs, Serg se bat encore aujourd'hui pour sauvegarder les oiseaux migrateurs des gens qui parcourent nonchalamment les battures n'importe quand et selon leur bon vouloir. Bien malheureusement, cette bataille ne semble pas porter ses fruits devant les autorités. C'est David contre Goliath.

Ainsi, nous nous affairons à observer devant nous, là où sont les oiseaux et tentons de nous soustraire du bruit autour et du dérangement à tout bout de champ, ce qui n'est pas facile. En effet, des télescopes attirent invariablement bon nombre de curieux. Soient qu'ils veulent voir dans les optiques, qu'ils veulent parler d'oiseaux ou qu'ils ont des question à poser. Habituellement, les gens sont gentils, mais nous avons perdu toute notre intimité. Clic! Clic! Clic! Quelques personnes s'immiscent entre nous pour prendre des photos. Pourtant, il y a de la place de chaque côté de notre groupe. Il y en a qui cherche de l'attention, c'est sûr. Si seulement un front froid vigoureux pourrait arriver et faire rentrer ces bibittes à chaleur chez eux. Eh oui, ce temps splendide a fait sortir tout le monde à notre grand détriment. Nous étouffons dans la foule et rêvons de solitude sur le terrain. Côté ornithologie, il y avait des milliers d'oies et des bernaches près du musée ainsi qu'un Grèbe jougris au large. Cependant, rien à ne se mettre vraiment sous la dent. Soudain, Monique nous avise qu'elle doit quitter. Après les accolades, nous partons aussi et continuons notre quête en vue d'observer les oiseaux aux haltes routières dans le secteur de Grande-Baie.

Les Oies des neiges s'alimentant près du musée du Fjord à marée basse


Et d'autres oies arrivent!
 

Le quai situé près du musée du Fjord

  
Paysage bucolique de Grande-Baie vue à partir du quai

Chaque halte nous apporte que des frustrations. Encore là, des gens se baladent sur les battures et jasent à gorge déployée. Tout pour nous irriter. En fin de compte, nous trouvons deux autres Grèbes jougris nageant entre des hors-bord, des bateaux à voile et un pétrolier qui circulent frénétiquement sur les eaux de la Baie. Pauvres oiseaux! Ils n'ont plus leur place non plus. Mon coeur saigne...


Des irritants...


Un autre irritant...


Une des haltes routières


Germain qui s'installe pour observer


Paysage devant l'une des haltes routières


N'en pouvant plus du monde et de leur agitation, nous quittons la magnifique Ville de La Baie. La nature est magique à cet endroit, mais la faune humaine parasite tous les habitats. Malgré ce brin de nostalgie et ce sentiment d'impuissance face à la destruction successives d'habitats, aujourd'hui je vous ai montré le plus beau de La Baie. Ce milieu marin mérite tout notre respect. Malheureusement, l'inconscience, l'ignorance, le non-respect de la faune et des habitats sont les grandes coupables de la dégradation des sites.

Nous nous rendons à la maison, heureux de savourer un moment de silence, mais encore amer de tout ces irritants majeurs. Je ne peux m'empêcher de me demander ce que la faune ailée deviendra sous peu et que pouvons-nous faire pour eux? Je vous laisse là-dessus alors que je réfléchis encore à cette question existentielle... Soupir. Au moins, j'ai de merveilleux amis et le ciel envoie encore de superbes couchers de soleil.


Ma récompense de fin de journée éprouvante


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