Par Claudette Cormier

vendredi 30 août 2013

Comment identifier les sarcelles en plumage d'automne



Au cours des mois d'août, septembre et octobre, vous allez rencontrer des sarcelles dans les habitats suivants : rivages, marais, battures, étangs, stations de traitement des eaux usées. Pendant votre excursion, vous repérez soudain des sarcelles. Vous savez que c'en est à cause de leur très petite taille. Vous avez deux choix. Soit qu'il s'agit de la Sarcelle d'hiver ou de la Sarcelle à ailes bleues. À l'automne, ces deux espèces de sarcelles sont presque identiques dans leur plumage. Elles sont brunes et sensiblement de la même couleur. Au printemps, il est moins compliqué de les identifier puisque les femelles accompagnent les mâles en plumage nuptial. On peut se débrouiller ainsi. Cependant, à l'été, les canards muent et les mâles perdent leur belles couleurs. Donc, tous les mâles, les femelles et les juvéniles se ressemblent. Adieu les repères! Que faire alors pour distinguer la Sarcelle d'hiver de la Sarcelle à ailes bleues? Une seule chose. Rangez votre télescope et partez! Il n'y a plus rien à faire... Ben non! C'est une blague! Il existe des critères fiables pour les distinguer. Commençons par examiner les deux images suivantes illustrant les deux espèces de sarcelles :


Sarcelle d'hiver en plumage d'automne


Sarcelle à ailes bleues en plumage d'automne


Elles se ressemblent beaucoup, n'est-ce pas? Mais, je vais vous donner des trucs d'identifications qui vont vous aider à les différencier. Les sarcelles n'auront plus de secrets pour vous par la suite. Promis. L'image qui suit, où l'on voit les deux espèces de sarcelles côte à côte, va nous servir d'outil pour notre étude. Je vous prie d'y référer à chaque point que je vais énumérer. Ce sera plus facile. Nous allons surtout nous concentrer sur la tête des oiseaux. Pour commencer, remarquez sur l'image que chaque espèce possède une calotte foncée sur le sommet de la tête, une ligne noirâtre qui semble traverser l'arrière de l'oeil ainsi qu'un faible cercle blanc entourant les yeux. Malgré cette petite description, nous ne savons toujours pas qui est qui. Donc, nous allons travailler d'autres critères pour les identifier. Voici cinq critères qui vont vous permettre de mettre un nom d'espèce sur votre oiseau :

1) Regardez la région située entre l'oeil et le bec (le lore). La sarcelle qui est à droite a une tache foncée apparente, mais qui est mal définie. Ça, c'est la Sarcelle d'hiver. Cette tache est absente chez la Sarcelle à ailes bleues, l'oiseau qui est à gauche. Par contre, la Sarcelle à ailes bleues a une tache ovale blanche diffuse à la base du bec, ce que sa cousine n'a pas. Je vous invite à aller scruter des photos supplémentaires dans vos guides d'identification ou sur Internet.

2) Ensuite, observons la joue située sous l'oeil chez chaque oiseau. La Sarcelle d'hiver semble être ornée de deux traits foncés dans la face, celle derrière l'oeil et celle sur la joue qui est de plus faible intensité. Quant à la Sarcelle à ailes bleues, un seul trait est évident, celui derrière l'oeil. Il n'y a pas grand chose sur la joue. Ainsi, sa face semble plus fade ou vide chez cette dernière, si je peux m'exprimer ainsi.

3) Maintenant, attardons-nous au bec. Vous allez constater que c'est très différent entre les deux espèces. La Sarcelle à ailes bleues possède un bec fort, surtout à la base de celui-ci, près de la face. Le bec semble garni d'une double épaisseur. On dirait même qu'il semble trop gros et quelque peu disproportionné par rapport à la tête de l'oiseau. Quant à la Sarcelle d'hiver, son bec est plus délicat, bien proportionné avec sa tête. De plus, le dessus du bec est légèrement encavé, formant un « U » lâche. Évidemment, il faut que l'oiseau soit assez près pour vérifier ce critère.

4) Puis, la forme de la tête des sarcelles est aussi un bon indicateur pour les différencier. Sommairement, je dirais que la Sarcelle d'hiver a une forme de tête un peu carrée et le front abrupt. Pour ce qui est de la Sarcelle à ailes bleues, le front est fuyant, un peu comme un Fuligule à dos blanc. Cela donne l'impression que le front et le bec suivent une même ligne. Ce critère est le plus utilisé par les ornithologues qui ont l'oeil exercé.

5) Et pour terminer, regardez la taille des deux canards. La Sarcelle d'hiver est la plus petite des deux espèces. Son corps est court et trapu. Tandis que la Sarcelle à ailes bleues est plus grosse et son corps est tout en longueur. Ce critère peut être utile lorsque vous pouvez comparer les tailles entre les deux espèces. Par contre, un oiseau vu seul peut causer problème si l'on est pas habitué aux silhouettes de ces espèces.

Soyez aussi aux aguets pour les ailes des sarcelles. Lorsqu'apparaît un beau flash vert métallique sur le miroir de l'aile lorsque l'oiseau se lave ou se secoue, vous venez d'observer la Sarcelle d'hiver. Quand le miroir n'est pas visible, c'est là que les critères que je viens d'énumérer interviennent. Dans le cas de la Sarcelle à ailes bleues, le miroir est de couleur bleu poudre. Voilà! J'espère vous avoir ouvert la voie de l'identification des sarcelles. Après tout, ce n'est pas si sorcier. Il suffit de prendre un peu de temps et travailler les bons critères.

Bonne identification de sarcelles!


Sarcelle d'hiver à droite et la Sarcelles à ailes bleues à gauche


Miroir évident sur l'aile de la Sarcelle d'hiver (oiseau à gauche)


lundi 26 août 2013

Safari photo à Saint-Bruno



Aujourd'hui le 24 août 2013, notre destination safari se situe à Saint-Bruno. À nouveau cette semaine, Germain et moi voulons scruter chaque recoin de la station de traitement des eaux usées. Ce site est sous étude ornithologique. En août, septembre et octobre, les bécasseaux sont en migration. Les stations d'épuration sont donc susceptibles d'avoir de la visite ailée pendant cette période. En arrivant près de cette station tôt le matin, nous avons été accueilli par trois Urubus à tête rouge qui nous ont survolé à basse altitude avant de poursuivre leur chemin. Par la suite, nous avons sorti tout l'attirail ornithologique et photographique du véhicule pour observer les oiseaux. À bien y penser, je crois que l'ornithologie est devenue un peu compliquée de nos jours puisque nous transportons beaucoup d'optiques... Germain est le photographe en chef alors que moi, je suis la vidéaste en chef. Pas de chicane. Chacun sa spécialité.


La station de traitement des eaux usées à Saint-Bruno


 Urubu à tête rouge


Germain le sherpa


Dès le premier coup de jumelles dans l'enclos par Germain, il m'avise immédiatement qu'un groupe important de limicoles se retrouve sur le rebord du deuxième bassin. À pas de gélinotte, nous nous rapprochons et recensons près de 150 bécasseaux qui piaillent joyeusement. Finalement, il y a tellement eu d'action que nous sommes restés à ce site deux bonnes heures.


Germain en action


Ce bassin est celui qui nous a tenu le plus occupé. C'est là que la majorité des limicoles s'alimentaient. Vous dire comment c'était beau! Les oiseaux dansaient comme dans un grand ballet canadien! Ben voyons! Qu'est-ce que le ballet canadien vient faire dans la conversation? Mais, oui! Regardez la prochaine vidéo... Les Bécasseaux semipalmés se déplaçaient sur une nappe d'algues afin de s'y nourrir tout en battant des ailes pour ne pas s'enfoncer. Ils ont fait ça toute la matinée.


 La danse des Bécasseaux semipalmés


Un Bécasseau semipalmé juvénile


 Bécasseau semipalmé juvénile qui s'alimente


Concentrés à identifier et à photographier les oiseaux, nous ne nous doutions pas que le spectacle ne faisait que commencer... À un moment, tous les oiseaux ont levé. La panique était prise chez les canards, les goélands et les bécasseaux. Puis une torpille ailée est tombée du ciel et a poursuivi les limicoles dans l'enclos. Un Faucon pèlerin! Ce qui m'a impressionné est la vitesse folle à laquelle le faucon filait dans l'enceinte de l'enclos! Pour un pèlerin, qui est habitué de poursuivre un oiseau à fond de train dans un milieu ouvert, il a réussi à éviter les clôtures pendant sa chasse! Suivant les contours intérieurs de l'enclos, le rapace a également effectué quelques piqués fulgurants. Ouf! Finalement, ayant raté sa chasse, le rapace a pris de l'altitude pour se fait oublier un peu. Par contre, il est revenu plusieurs fois tenter sa chance, mais en vain. Il s'agit d'un faucon immature né de cet été et qui n'a pas toute l'expérience d'un adulte en matière de chasse. C'est l'inexpérience du jeune faucon qui a sauvé les oiseaux. Quant aux bécasseaux, ils passaient et repassaient devant nous suite à l'attaque du faucon afin de sauver leur vie. Et comme cela n'était pas assez, un Épervier brun et un Faucon émerillon sont également venus faire une chasse dans l'enclos.


Bécasseaux semipalmés en fuite


 Faucon pèlerin prenant de l'altitude


Faucon pèlerin immature


Épervier brun immature en chasse

Au cours de notre excursion, nous avons inventorié les limicoles suivants : Pluvier semipalmé, Petit Chevalier, Bécasseau semipalmé, Bécasseau minuscule, Bécasseau à poitrine cendrée, Bécassine de Wilson et Phalarope à bec étroit. Les gens qui souhaitent identifier des limicoles, ce groupe difficile, seront servi à souhait en explorant les stations d'épuration pendant la période de migration. Vous pouvez les identifier à l'aide de jumelles si vous avez l'oeil un peu exercé. Cependant, un télescope vous sera fort utile. Les limicoles seront en gros plan dans votre oculaire ce qui facilitera l'étude du plumage. Je vous laisse avec cette photographie. Combien de Bécasseaux semipalmés comptez vous au travers des roches? Ils se camouflent à merveille, n'est-ce pas?


Bécasseaux semipalmés (40) camouflés sur les roches

jeudi 22 août 2013

Station touristique ornithologique



Oubliez la mer, oubliez le sable chaud, oubliez le temps caniculaire... Aujourd'hui, je vous empresse d'aller visiter un lieu où personne ne veut aller : les stations d'épuration des eaux usées! C'est moins ragoûtant, n'est-ce pas? Mais tout ornithologue qui recense les oiseaux dans ces stations peut être drôlement surpris par la grande richesse de celles-ci. Et il est grand temps d'y aller puisque les oiseaux eux en profitent en ce moment pour s'alimenter des nombreux insectes s'y trouvant. Alors, bouchez vous le nez et foncez! Je vous recommande chaudement les stations se trouvant à Métabetchouan et à Saint-Bruno. Aussi, explorez d'autres stations peu fréquentées par les ornithologues qui ne demandent qu'à être visitées dans toute la région. Bien sûr, vous ne pourrez entrer dans l'enclos. Faites tranquillement le tour à pas feutrés pour ne pas effrayer la faune. Chaque bassin doit être soigneusement scruté aux jumelles pour détecter les canards qui nagent dedans. Vérifiez également les rebords pour peut-être y découvrir des limicoles bien dissimulés dans quelques herbages.

Le 17 août dernier, Germain et moi avons répertorié les oiseaux à la station de Saint-Bruno qui, ma foi, avait beaucoup à offrir ce jour-là. Les canards barboteurs, surtout des Canards colverts, étaient présents en bon nombre. Nous avons pu observer de très près la Sarcelle à ailes bleues et la Sarcelle d'hiver qui étaient très coopératives et peu farouches.


Canard noir


Petit Chevalier (Photo Germain Savard)

 
Sarcelle à ailes bleues


Tout au long de notre marche autour de l'enclos, plusieurs Parulines à croupion jaune et une Paruline obscure voltigeait ici et là pour capturer des insectes, pour ensuite se poser sur la clôture. D'autres espèces de passereaux étaient nombreuses dont les Jaseurs d'Amérique que l'on pouvait approcher de très près. Puis, nous avons également pu recenser des Bruants chanteurs et des Bruants familiers.


Paruline à croupion jaune juvénile
 

Jaseur d'Amérique


Bruant familier juvénile
 
Cependant, notre plus grand trésor de la journée à ce site fut la découverte de deux Phalaropes à bec étroit! Ils nous font toujours autant d'effets, même après trente années d'observation et plus sur le terrain. Nageant inlassablement entre les bouillons du bassin, ils récoltent aisément les insectes échoués sur l'eau jusqu'à satiété. Ces phalaropes arrivent du Grand Nord et plusieurs individus transitent au-dessus de la région pour aller rejoindre l'océan Atlantique, là où ils hiverneront. Germain et moi sommes intrigués de trouver ces phalaropes dans de minuscules bassins d'épuration alors que le grand lac Saint-Jean est tout près. Pourquoi choisissent-ils si souvent ces bassins?


Phalaropes à bec étroit


Phalarope à bec étroit


 Phalarope à bec étroit (Vidéo Germain Savard)

Voilà ce qui complète le tour de cette station d'épuration à Saint-Bruno. Qu'attendez-vous pour y aller? Si c'est tranquille une journée, retournez-y. Parfois il y a des dérangements humains ou même des dérangements par des prédateurs comme les faucons et les éperviers qui vont chasser les oiseaux dans la station. Les mois d'août et septembre et même octobre sont des mois de prédilection pour l'observation de la faune dans ces petits habitats où les oiseaux sont à portés de la main.


Nouvelles de l'Érismature rousse

Vous vous souvenez de l'histoire écrite durant l'été 2012 : L'Érismature rousse : être ou ne plus être? Le mâle Érismature rousse avait subitement disparu du marais de Canards Illimités à Saint-Fulgence. Depuis, aucun autre mâle n'a été revu à ce site. L'année dernière, deux femelles adultes avaient passées l'été sans être accouplées. Donc, aucun petit. Puis cette année, seulement une femelle a été observée en début de saison et ensuite, elle est partie. Malheureusement, cette espèce ne tient qu'à un fil dans la région. Tout comme la Guifette noire qui nichait avant dans la région, il appert que l'Érismature rousse est sur le point de s'éteindre également au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Bien triste nouvelle, j'en ai peur...


Vos photos pour le site Flickr des oiseaux

Les personnes qui veulent soumettre leurs photos pour le site Flickr des Oiseaux du Saguenay–Lac-Saint-Jean peuvent le faire en envoyant leurs photos à mon adresse courriel (ccormier@hotmail.com). Par contre, nous vous demandons d'inclure la date et la localité à vos photos. Sans ces paramètres, celles-ci ne seront pas retenues. Ces photographies seront mis dans notre banque et seront peut-être utilisées pour ce projet, surtout celles dont le plumage est manquant sur le site (indiqué par Besoin de photos). 

Merci beaucoup!

mardi 20 août 2013

De retour !

Bonjour à tous!

Me revoilà au clavier cher amis… Êtes-vous surpris? Cela fait un bout de temps que je songeais à réactiver mon blog, mais la vie vous savez, réserve des surprises. Je m’empresse de vous dire que je me suis beaucoup ennuyée de vous depuis notre dernière conversation! Cependant, pendant cette absence, Germain et moi n’avons pas chômé. Comme je l’avais mentionnée dans mon dernier message, l’arrêt de ce blog était pour que nous puissions nous consacrer à notre méga-projet sur les oiseaux du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Laissez-moi vous expliquer sommairement ce qu’est ce beau et ambitieux projet. Nous avons eu l’idée de réunir pleins de photos et de vidéos des oiseaux de la région. Nous avons choisi le site Flickr sur Internet comme support. En gros, ce site ressemble à un immense guide d’identification hautement visuel appuyé par des centaines de photographies et surtout, animé par des vidéos. La rédaction de textes explicatifs est prévue pour plus tard. Notre idée est de mettre le plus de plumages possibles par espèces d’oiseaux incluant les aberrations de plumages et les oiseaux hybrides. Pour le moment, nous utilisons nos photos dans le site pour faire une trame de fond. Par contre, dans un futur pas trop lointain, des photographies époustouflantes d’autres ornithologues régionaux seront intégrées au site et promettent de vous jeter par terre par leur beauté et netteté. Seulement les photographies prises dans la région seront acceptées pour ce projet d’envergure. Les ornithologues seront donc inviter à fournir des photos des plumages manquants ou à améliorer les photos présentes. Un projet collectif!

Aujourd’hui, vous aurez le privilège d’aller jeter un coup d’œil sur notre projet! Il est loin d’être terminé, mais je vous invite à visiter le site très souvent dès maintenant. Vous pourrez également suivre notre progression dès cet automne, car nous avons pris une pause pour l’été. Cliquez ici pour vous rendre au site Flickr. Semez la bonne nouvelle en partageant le lien avec vos proches et amis! Le projet a été conçu pour servir toutes les personnes qui s’intéressent aux oiseaux.

Autre nouveauté… En mai 2013, j’ai publié un autre livre : Les oiseaux de Saint-Fulgence, un guide d’observation mois par mois. Il s’agit d’un nouveau concept. Ce guide, qui comporte 261 pages, s’adresse à toute personne voulant observer les oiseaux dans cette localité reconnue comme étant un site ornithologique majeur au Québec. Au fil des mois, je suggère plusieurs sites à explorer dans des milieux très précis tout en ciblant certains groupes d’oiseaux à rechercher pour une période donnée. Personne ne restera indifférent. Le guide s’adresse tant aux néophytes qu’aux plus avancés. L’œuvre est agrémentée de cartes et de photographies d’oiseaux, toutes de Germain. Pour vous procurer ce guide, écrivez à l’adresse du Club des ornithologues du Saguenay–Lac-Saint-Jean à l’adresse courriel suivante : coaslsj@uqac.ca. Le guide coûte seulement 20$ plus les frais de poste. Des copies du livre sont également disponibles à l’accueil du Centre d’interprétation et de réhabilitation des oiseaux (CIBRO) à Saint-Fulgence. Voilà une belle façon d’encourager le Club et de faire parler des oiseaux encore plus. Plus nous seront nombreux à observer les oiseaux, plus les sites risquent d’être reconnus et ainsi, plus protégés dans l’avenir. Je vous remercie beaucoup.






Au fil des semaines, je vous reviendrai régulièrement. Peut-être pas aussi souvent comme au début du blog où je vous écrivais plusieurs fois par semaine… Je dois me garder du temps afin d’avancer notre beau projet qu’est le site sur les oiseaux de la région.

Au plaisir de vous lire aussi par vos commentaires!