Par Claudette Cormier

lundi 25 juillet 2011

Parents fatigués, jeunes affamés

Nous sommes rendus à la fin juillet… En cette période de l’année, la saison de nidification bat son plein. Partout où l’on va, on observe des adultes de plusieurs espèces d’oiseaux nourrir leur progéniture sans relâche. Écoutant les nombreux pépiements aux voix variés, il n’y a qu’un seul message à décoder pour tout le monde. Manger, manger, manger! Incessamment, de tout bord et côté, des jeunes quémandent leur ration des adultes qui ne répondent plus à la demande. On dirait que les becquées ne sont jamais suffisantes pour remplir leur estomac qui semble sans fond. À voir les parents qui maigrissent à vue d’œil alors que les jeunes doublent de volume, je trouve courageux les adultes qui donnent tout de leur petit être pour la survie de leur descendance! Heureusement, les insectes sont très abondants et les parents n’ont pas à se déplacer très loin pour la récolte.

Au matin du 23 juillet dernier, alors que je sirotais paisiblement mon café sur la galerie d’en arrière en me baignant de soleil, soudainement, j’entends un cri particulier. Je ne suis pas familière avec ce cri que je décrirais comme un «chik» très fort et très sonore, mais je sais qu’il provient d’une paruline. L’oiseau est dissimulé dans un fourré d’arbustes tout près de moi. Lorsque je vois la paruline s’agiter dans le feuillage, je délaisse mon breuvage et prend la caméra au cas où. L’oiseau mystère sort un peu de sa cachette. J’en profite pour le filmer dès qu’il se montre le bout du bec. En l’observant, je n’ai aucune idée de l’identité de celle-ci pour l’instant. Par contre, je sais qu’il s’agit d’une paruline juvénile. De temps à autre, j’entends également un cri du même genre dans les alentours. Puis, une autre paruline se fraie un chemin dans les buissons jusqu’au juvénile. Et là, l’identité s’est révélée lors d’une becquée! Des Parulines tristes! Un mâle a nourri son jeune. Cette espèce est peu fréquente dans ma cour alors je suis choyée!

Petit rappel : Pour les vidéos, double-cliquez sur l’image. Aussi, il vous est suggéré d’ouvrir vos hauts parleurs pour écouter le son émis par les parulines.

 

Paruline triste juvénile circulant dans les arbustes
 


Paruline triste mâle se montrant quelques secondes
 
En restant sur le thème des jeunes de l’été, des Pics mineurs viennent presque tous les jours aux silos à arachides. Je me doute qu’il y a probablement deux familles qui se succèdent et qui visitent les mangeoires. En fait, je devrais dire que les mangeoires servent de restaurant à peanuts sur le pouce! L’adulte et le juvénile se posent ensemble sur le silo à arachide. Pendant que l’adulte prélève des morceaux de peanuts destinés à son jeune, le juvénile lui attend sa bouchée tout en examinant la mangeoire. C’est impressionnant de voir l’adulte qui est rendu maigrichon et le jeune qui est deux fois plus gros que son parent. Je suis contente de donner un coup de pouce aux adultes qui se démènent corps et âme à nourrir leurs gros ados grâce aux mangeoires.
 


Adulte Pic mineur nourrissant son jeune
 
Et l’été ne serait pas un vrai été si nous ne regardions pas nos beaux Merles d’Amérique cherchant des vers de terre sur nos pelouses! Cette semaine, j’ai pu croquer sur le vif ce merle alors qu’il a été fructueux dans sa chasse. Encore là, la progéniture attend la becquée! Vraiment, les parents sont très occupés ces jours-ci!
 

Merle d’Amérique récoltant des vers
 
Je vous laisse sur des images de cumulonimbus, les nuages créateurs d’orages. Au cours de ces derniers jours, on peut affirmer que le Québec a reçu sa dose d’éclairs et de tonnerre. Alors que Germain et moi étions sur le quai de Saint-Fulgence à observer les oiseaux sur le fjord, ces châteaux de nuages illuminés au soleil couchant m’ont interpellé.

 
Châteaux de cumulonimbus au soleil couchant


Tête en chou-fleur d'un cumulonimbus

lundi 18 juillet 2011

Joyaux ailés de l’été!

Ah… juillet! Voilà que le soleil et la chaleur sont au rendez-vous. Pour nous, c’est le temps des vacances et vivre une grande paresse assumée. Le travail et le corps sont au ralenti. Quant aux oiseaux par contre, ceux-ci sont vivement occupés à nourrir leurs jeunes qui grossissent à vue d’œil.

Mon intérêt se dirige aujourd’hui ver nos chers Colibris à gorge rubis. Pour moi, ce sont de véritables joyaux ailés. En fait, je les vois tels des gemmes vivantes et mouvantes, les plumes teintées de vert émeraude et de péridot métallique. Les mâles, quant à eux, arborent sur leurs gorges des écailles aux feux étincelants aux couleurs rubis et topaze orangé lorsque bien orientés par rapport au soleil. Sinon, tout est noir charbon.

Au cours de l’été, je me suis beaucoup amusée à observer les colibris. Ils ont leur petit caractère bien propre à eux. J’ai souvent l’impression qu’il y a une petite personne dans leur minuscule être qui pense et qui réagit à l’environnement. De nature très territoriale, ils houspillent sans relâche tous les oiseaux qui traversent leurs aires de nidification et d’alimentation. Alors, va pour le mouvement de pendule du colibri afin d’impressionner l’adversaire qui s’est malencontreusement perché dans le secteur. Le colibri va insister jusqu’à ce l’intrus parte.

À ma petite fenêtre de cuisine, au printemps j’ai installé une auge de type soucoupe volante qui est très populaire auprès des colibris. Lorsque nous faisons la vaisselle, Germain et moi, les oiseaux-mouches apparaissent  à répétition. Seules les fenêtres coulissantes nous séparent d’eux. Ils sont tout simplement adorables! Ces jours-ci, les femelles qui nichent dans le secteur visitent plus fréquemment l’auge. Il y a fort à parier que les jeunes sont éclos maintenant. Ayant terminées de couver, elles viennent se ravitailler souvent. Par contre, cela ne se fait pas sans heurts lorsque les oiseaux se rencontrent. À ces moments-là, les chamailleries, les cris de mécontentement et les poursuites sont garantis!

Cette semaine, m’est venue l’idée de m’asseoir sur ma galerie d’en avant pour attendre la venue des colibris dans le but de les filmer. L’attente n’est jamais très longue en début de soirée pour les voir. Alors, je vous offre ces clips, d’un colibri femelle et mâle qui viennent s’abreuver régulièrement à l’auge. Concernant la troisième vidéo, elle démontre un colibri mâle butinant les fleurs d’un weigela à fleurs jaunes. Ce sont des fleurs en forme de trompette que les colibris apprécient.

Un petit rappel : il suffit de double-cliquer les vidéos pour les voir agrandies. Puis, savourez des yeux!



Colibri femelle à l’auge



Colibri mâle sur une branche de mûrier



Colibri mâle dans le weigela


Paysage estival

Les lecteurs qui visitent régulièrement le présent blogue depuis ses débuts se souviendront des nombreux clips traitant des Tarins des pins au cours de l’hiver dernier. Alors, j’ai pensé vous montrer mon petit coin de paradis, cela sans la présence de la neige et des tarins, question de voir le site en période estivale. En juillet, seules des Pics mineurs, des Roselins pourprés, des Mésanges à tête noire, des Sittelles à poitrine rousse, des Juncos ardoisés, des Bruants à gorge blanche et des Chardonnerets jaunes viennent visiter quotidiennement les mangeoires.

La cour entourée d'un feuillage dense autour des mangeoires


Fleurs en abondance en montant vers le stationnement


La semaine dernière, alors que j’effectuais une séance de photos à l’entrée du chemin qui mène à la maison, j’ai assisté à un spectaculaire coucher de soleil! En un mot, le ciel était en feu! D’ailleurs, on aurait cru à un incendie de forêt derrière la montagne. Dans le ciel, avant la photographie, un Urubu à tête rouge en vol se dirige vers cette montagne, disparaissant dans le paysage ambré du crépuscule. Un moment de pur bonheur…


Turbulence de couleur dans le ciel couchant



lundi 11 juillet 2011

Les richesses fauniques du marais de Canards Illimités

 
En cette belle journée estivale, quoi de mieux que d’aller visiter le marais de Canards Illimités à Saint-Fulgence afin de recenser les nombreuses nichées de canards. Du moins, c’est que ce nous croyions au début de notre recensement en ce 9 juillet. Sur le site, nous sommes un peu déçus par la tranquillité de l’endroit. Aucun cri ne vient de la part des Grèbes à bec bigarré ce qui n’est pas habituel en cette période de l’année. Normalement, des dizaines de grèbes adultes se répondent bruyamment l’un et l’autre. Ceux-ci devraient également nourrir leurs jeunes qui quêtent inlassablement leur ration de nourriture. Autre déception, peu de nichées de canards détectées. En fait, conjugué avec d’autres visites faites antérieurement, il s’agit d’une piètre année de nidification que le marais n’ait connu. Il semble y avoir une forte pression de prédation, un vison peut-être...

Cependant, nous avons eu le bonheur d’observer une nichée de Foulque d’Amérique! Faisant une courte incursion dans leur intimité, j’ai eu l’occasion de les filmer un brin. Dans le premier clip, une foulque adulte incite deux de ses trois juvéniles à la suivre. Cette scène nous décroche un sourire, surtout lorsque le petit dernier se met en courir sur un bout de terre ferme pour rejoindre son parent. Comme d’habitude, cliquez deux fois sur la vidéo pour en voir les agrandissements.



Foulque adulte appelant sa marmaille


Puis, laissée derrière, la jeune foulque, celle la plus âgée de la nichée, préfère rester dans son secteur d’alimentation en toute quiétude. Nageant en eau peu profonde, ce jeune effectue une courte plongée afin d’aller arracher des herbages et des feuilles de quenouilles dans le fond de l’eau. Habituellement, cette espèce plonge et disparaît plusieurs secondes pour remonter par la suite comme un bouchon de liège. Mais comme l’oiseau est en apprentissage et qu’il semble manquer un peu de force aux pattes, il se pratique dans une zone accessible pour lui.



Jeune foulque s’alimentant


Lorsque nous avons eu terminé avec notre séance d’observation au marais, nous rebroussons chemin. Sur notre parcours, nous avons soudainement été interpellés par des cris incessants. En allant voir la source de tout ce bruit, nous avons l’agréable surprise de découvrir une nichée Pics flamboyants, quatre juvéniles au nid, bien à l’abri dans leur trou, dans un bouleau mort. Quant aux deux adultes, ils crient de temps en temps pour signaler leur présence aux juvéniles. Ceux-ci réagissent à l’appel des parents et les plus vieux des jeunes crient parfois pour répondre aux parents qui s’affairent à recueillir des insectes pour eux. Nous avons été très charmés par cette scène des plus adorables.



Quatre Pics flamboyants au nid


Au cours de la journée, Germain et moi avons également parcouru la piste cyclable qui borde le marais de Canards Illimités sous un soleil de plomb et une chaleur humide. Les oiseaux étaient discrets il va sans dire. Cependant, ce fut une manne pour de belles trouvailles entomologiques! Quel étonnement lorsque un gros insecte a bruyamment bourdonné et a atterri en catastrophe dans le fossé le long de la piste. C’est une Cigale ridée! Une aubaine visuelle, car c’est plus facile d’entendre leurs stridulations que de les observer.


Cigale ridée au repos


Puis, plus loin sur le chemin, des centaines de plantes en fleurs attirent irrésistiblement des centaines d’insectes. Voilà que Germain détecte un plus que magnifique papillon du nom de Baltimore qui s’alimente sur une corolle de fleurs! Ce papillon est rare dans la région et nous avons l’honneur de l’observer à souhait!


Le Baltimore!


Ayant toutes ces belles images en tête de notre journée, je vous laisse avec le paysage que les madelinots appellent joliment « un pied de vent » pris de notre résidence en début de soirée!


Un pied de vent sortant des cumulus

lundi 4 juillet 2011

Le retour du Bruant de Le Conte!

Un bon matin, Germain emprunte le Sentier des Battures qui contourne l’Anse-aux-Foins à Saint-Fulgence pour y observer les différentes espèces d’oiseaux. Il est stupéfait, car il vient d’entendre le chant inespéré du Bruant de Le Conte! Plus tard, deux mâles sont localisés au même endroit. Depuis un certain nombre d’années, cette espèce nichait fréquemment dans le marais près des battures. Puis il a soudainement disparu, laissant les ornithologues tristement en reste. Nous ne savons pas pourquoi ce bruant a quitté le secteur. Existerait-il un cycle méconnu comme c’est le cas chez d’autres espèces d’oiseaux? L’affaire n’est pas claire. Mais en attendant d’avoir un éclair de génie pour élucider la question, réjouissons-nous du retour de ce mystérieux bruant!

Dans la prochaine vidéo, un enregistrement nous permet d’entendre deux Bruants de Le Conte se répondre. Le chant de ce bruant est toujours faible. La voix est aiguë, étouffée et « buzzy ». L’onomatopée correspond comme suit : « tiké tzzzzzzzz ». Lorsque l’oiseau est éloigné, seule la dernière partie du chant est audible. Il n’est pas toujours facile de détecter le chant du Bruant de Le Conte puisqu’il se fait enterrer par les chants forts avoisinants du Bruant des marais, du Bruant des prés, des Carouges à épaulettes ainsi que du trafic lourd sur la route de Tadoussac qui borde le site en question. La meilleure façon d’augmenter ses chances pour l’entendre est d’y aller tard en soirée ou durant les nuits chaudes. Ainsi, plusieurs bruits parasites sont éliminés. L’oiseau chante autant le jour que la nuit. Afin de vous pratiquer l’oreille, pourquoi ne pas essayer de recenser les deux mâles qui se relancent avec leur chant :



Le chant du Bruant de Le Conte


Retournant sur le Sentier des Battures à plusieurs reprises pour écouter cette espèce, il est encore plus difficile de l’observer. Ce bruant chante toujours à ras le marais, celui-ci posé sur des herbages ou sur le sommet des Myriques baumiers. Ces plantes arbustives sont en touffes et basses, lui procurant un perchoir de choix. Puisque nous ne pouvons nous approcher de lui puisque le marais est une zone protégée par la Loi, il est préférable d’apporter son télescope et tenter de le repérer en usant de beaucoup de patience. La prochaine vidéo est de qualité douteuse, mais démontre tout de même le très loin Bruant de Le Conte en plein concert. Il se jette par la suite dans les herbes avec son vol ressemblant quelque peu à une chauve-souris. Brièvement, nous pouvons apercevoir son plumage ocre pâle, accentué par la lumière du soleil couchant. Voilà! Vous êtes paré pour votre expérience personnelle avec le rare Bruant de Le Conte.



Perché sur une salicaire


Neige d’été


En juillet, la neige est bel et bien tombée, non pas du ciel, mais des arbres… Ces jours-ci, les grands peupliers larguent leurs graines qui sont contenues dans de longs chatons duveteux. Au gré des brises, ces chatons se transforment en de gros flocons soyeux qui ressemblent en tout point à de la neige que l’on nomme en langage commun « des peaux de lièvres ». C’est très particulier de se balader lors d’une canicule et d’observer en même temps une tempête de neige végétale. La prochaine séquence a été filmée aux abords du cimetière à Saint-Fulgence, sur la rue Saguenay lors d’une marche :



Flocons de graines à duvet


Peuplier chargé de chatons