Par Claudette Cormier

samedi 19 mars 2011

Ne touche pas à mon mec!

Tout juste avant l’heure du dîner le 17 mars, je jette un œil sur les mangeoires comme à l’habitude, question de voir s’il y a du nouveau… Non, tout est normal. Cependant, à travers la porte d’entrée, j’entends très bien le tambourinement d’un Grand Pic. Observé plusieurs fois dans mon secteur, je suis certaine qu’il est sur le poteau électrique près du stationnement de la voiture. Chaque printemps, un mâle vient clamer son territoire ici. Je sors donc sur la galerie et comme de fait, il tapote bruyamment le poteau en question. Illico, je prends ma caméra et monte ma petite pente vers le stationnement pour aller le rejoindre.

À peine suis-je rendu sur le site que le Grand Pic mâle s’envole. Zut! Je l’ai effarouché. Mais, non! Attendez une petite minute! Devant moi, entre des branchages, il y a trois Grands Pics qui se chamaillaient en criant à gorge déployée, tous sur le même tronc d’arbre! C’est pour moi très impressionnant d’observer leurs comportements intriguant avec en prime le côté sonore qui rentre à plein dans mes oreilles. Au début de mon observation, j’avais la nette impression que cette querelle se faisait entre mâles afin d’obtenir les faveurs d’une femelle. Cependant, c’était une toute autre histoire.

Vidéo montrant les trois Grands Pics. Je vous suggère de mettre le son pour les entendre. N'oubliez-pas que si vous double-cliquez sur le vidéo, vous le verrez en plus grand format.

 

 
Puis subitement, dans le groupe de pics en furie, le mâle prend la poudre d’escampette et disparaît dans la forêt. Un calme relatif s’installe. Soudain, les deux pics qui restent se déplacent en même temps pour se poser de chaque côté d’un même tremble. C’est à ce point que je réalise qu’il s’agit en fait de deux femelles! S’ensuit alors ce que je crois être une séance d’intimidation entre femelles, le tout se faisant silencieusement. En effet, les deux pics tournent autour du tronc de l’arbre et dès qu’ils se voient, ils se cachent derrière. On dirait un jeu enfantin où l’on pourrait entendre : « Ça y est! Je te vois! » et l’autre répondant : « Non! Tu ne m’as pas vu! Je suis caché! » Inlassablement, les femelles Grands Pics tournent et tournent encore autour du tremble, répétant ce manège (c’est le cas de le dire!). Parfois, une femelle pointe son bec vers le ciel ou bien ouvre brusquement les ailes afin d’impressionner son adversaire. C’est une véritable dispute pour mettre la main sur le mâle qui tambourinait quelques minutes auparavant!

Vidéo montrant les deux femelles s'intimidant.



 
Me rapprochant d’eux à pas de gélinotte, les pics ne s’occupent guère de ma présence. J’en profite alors pour prendre des clichés et clips vidéo de leurs comportements que je trouve très intéressants. Après une vingtaine de minutes, j’ai très hâte que ceux-ci fassent autre chose que de m’étourdir avec leur cirque. Finalement, ils s’envolent et se posent tout près. Les oiseaux commencent à se nourrir sur un vieux tremble mort, fatalement martelé et creusé par cette espèce dans le passé. Au bout de cinq minutes, l’une des femelles quitte les lieux et disparaît dans la forêt. Je ne sais pas si ce crêpage de chignon aura atteint son but. Selon la littérature, les couples de Grands Pics sont monogames, unis pour la vie. Il semblerait que les règlements de compte se font entre mêmes sexes : les femelles chassent les intruses et les mâles s’occupent des intrus. En tout cas, je me sens extrêmement privilégiée d’avoir pu assister à cette scène de ménage! J’en ai beaucoup appris sur les comportements intimes chez cette espèce!


Femelle pointant son bec, comportement d'intimidation.


Deux superbes Grands Pics femelles

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