Par Claudette Cormier

mardi 31 mai 2022

Spas nordiques

Au printemps, lors de la fonte de la neige, il est normal que les champs soient partiellement inondés. Habituellement, les mares d'eaux présentes ne durent que sur une très courte période, soit environ deux semaines. Normalement, la terre fini par boire l'eau de fonte et de pluie. Ensuite, le soleil et le vent viennent les assécher rapidement. Et c'est terminé.

Cependant, le printemps 2022 fut très particulier au Saguenay-Lac-Saint-Jean. La région a reçu des quantité record de neige durant l'hiver. Ajoutons d'emblée que la fonte de la neige fut anormalement tardive à cause du froid qui a sévit durant tous les mois printaniers. Les champs furent donc inondés sur une très longue période. 

Les oiseaux migrateurs raffolent de ces mares d'eaux peu profondes. Aux abords de ces étangs éphémères, les canards barboteurs, les oiseaux de rivages et plusieurs passereaux en profitent pour s'y alimenter, se baigner et s'y reposer. 

Au cours du 21 mai 2022, cette journée fut quelque peu pluvieuse. Malgré le temps maussade, Germain et moi sommes rendus à la pointe de Chambord au Lac Saint-Jean. À cet endroit, il existe un petit marais qui héberge des espèces aquatiques. Par contre, l'activité aviaire était plutôt du côté d'un petit champ inondé tout juste en face de ce marais. Plusieurs espèces de bécasseaux étaient présents. Nommons le Pluvier semipalmé, le Pluvier kildir, le Grand Chevalier, le Petit Chevalier et le Bécasseau minuscule.

Le Pluvier semipalmé muni de son beau collier noir (C. Cormier)

Nous sommes demeurés sur place très longtemps, simplement pour apprécier la présence des oiseaux migrateurs qui étaient devant nous. Il régnait un calme et une paisibilité qui nous faisaient du bien. Enfin! Loin de nous l'agitation et les bruits assourdissants de la ville. Alors que la bruine tombait, que le crachin perlait sur le pare-brise, en silence nous sirotions nos breuvages chauds dans nos thermos. Nous étions assis dans la voiture en regardant ce simple spectacle mais ô combien riche de sens.

Et quoi de plus craquant que d'observer des oiseaux prendre leur bain dans ces petites mares. Une scène attendrissante qui fait fondre nos coeurs. Ce qui me fait craquer est la fin du bain alors que l'oiseau se secoue. En se secouant, il est si léger qu'il vole à la verticale dans les airs et se dépose aussitôt en une seconde. Cela me fait sourire à chaque fois.

Bécasseau minuscule dans son spa nordique (C. Cormier)

Ce fut une belle journée en compagnie de ces êtres ailés qui nous émerveillent à chaque fois. Pas besoin d'aller loin pour être témoin de la vie et d'admirer la beauté de la nature, même lors des jours chagrinés. 

mardi 17 mai 2022

Sur le chemin de l'éveil

Pendant les mois de mars et d'avril au Saguenay-Lac-Saint-Jean, l'hiver s'accroche dans notre région nordique. La résilience à un hiver interminable est une force qui caractérise les gens d'ici. Lorsque  survient la douceur de temps et l'ensoleillement prolongé, ces éléments de la nature réchauffent les coeurs à tous. Le mois de mai est le mois par excellence où la majorité des gens sortent dehors et profitent à plein de ce printemps, souvent tardif, qui est enfin arrivé chez nous.

Durant les deux premières semaines de mai, Germain et moi avons souvent parcouru la piste cyclable à Saint-Fulgence. Le plaisir pour nous est de prendre notre temps à chaque sortie et d'admirer l'éveil de la nature qui s'observe tout au cours de ce mois. Chaque arrêt sur notre chemin nous permet d'apprécier chaque petite verdure qui naît. C'est notre façon à nous de dire bonjour à la nature, d'éprouver de la gratitude pour sa présence et de nourrir notre âme de beauté. Il s'agit d'une joie profonde et reconnaissante pour la vie qui s'épanouie.

Paysage au début de la piste cyclable à Saint-Fulgence (C. Cormier)

Le long du sentier, nous admirons les magnifiques chatons récemment éclatés de leur gaine. Et autour des chatons, de multiples insectes bourdonnent et butinent sur les étamines. Et sur d'autres essences d'arbres, les feuilles font leur grande sortie printanière. 

Que d'étamines sur ces chatons d'un saule! (C. Cormier)

Autre espèce de saule qui ajoute des couleurs dans le paysage printanier (C. Cormier)

Au sol, la terre est encore couverte de feuilles mortes. Elle laisse entrevoir de jeunes pousses de fougères et d'autres plantes qui se pointent le nez. Je ne cesse de m'émerveiller devant tant de beauté devant chaque création. Et que dire de leur endurance à toute épreuve! De plus, leur vitesse de croissance dès les premières chaleurs est impressionnante. Et les couleurs! Toute la gamme des verts est à l'honneur dans cette nature qui s'éveille.

Des fougères à l'autruche déroulant leurs frondes en roues (C. Cormier)

Et lorsqu'on voit les boutons floraux développés chez les Sureaux d'Amérique, quelle joie! Dès la neige fondue, les sureaux sont pressés de fleurir! Bientôt, les fleurs vont embaumer de leurs puissants parfums tout le sentier. Les insectes seront bientôt très nombreux à venir se nourrir de pollen. Déjà, des bourdons sont à la tâche pour rechercher des sources de pollen sur les premières plantes printanières en fleurs telles les Tussilages farfara et le Pissenlit officinal. 

Le feuillage vert tendre d'un sureau (C. Cormier)

Les boutons floraux de ce sureau danse sur sa tige (C. Cormier)

Sur la piste cyclable, les sons merveilleux se font partout entendre. Les oiseaux chantent et célèbrent la nouvelle saison qui s'amorce. Dans le ciel, plusieurs groupes d'Oies des neiges migrent en direction du nord. Puis, les Hirondelles bicolores décorent magnifiquement un arbuste qu'elles ont entreprises pour y effectuer une séance de toilettage en fin de journée. Tout nos sens sont sollicités lors de cette longue marche à observer et à écouter.

Au crépuscule, les Oies de neiges quittent la région pour le Grand Nord (C. Cormier)


Les Hirondelles bicolores prenant une pause en fin de soirée (photo d'un cellulaire, G. Savard)

Et que dire des concerts extrêmement sonores des batraciens! Les Crapauds d'Amérique, les Rainettes crucifères et les Grenouilles de bois remplissent l'air de sons qui vibrent dans nos oreilles. Pour les mâles, il y a l'enjeu d'attirer les femelles et de rivaliser avec leurs congénères. Avec leur sac guttural bleuté gonflé à bloc, les crapauds jouent du trombone avec effervescence.

Un Crapaud d'Amérique en plein concert (C. Cormier)

Bataille entre deux Crapauds d'Amérique (écouter le concert aussi) (C. Cormier)

En terminant, comment ne pas s'émerveiller devant la beauté de la nature? Cette source intarissable de joie et de paix est totalement disponible pour l'être humain qui sait l'observer, l'entendre et l'apprécier. Rien dans ce monde ne peut remplacer cette nature si abondante et généreuse. Le chemin de l'éveil est pour toutes les créatures dans la nature, nous inclus. 

Bonnes randonnées dans la belle nature!

samedi 14 mai 2022

Trouvez l'erreur...

Bonsoir chers amis,

Juste pour vous dire que ça fait bizarre d'entendre chanter des Parulines jaunes avec un reste d'hiver à côté. Hmmm...  J'avoue que je me sens déphasée.

Photo prise (C. Cormier) dans le rang Saint-André à Hébertville aujourd'hui le 14 mai 2022. Et le lac Saint-Jean, lui n'a « calé » que seulement hier midi, le 13 mai! S'il vous plaît, ne pas rire trop fort! Région nordique.

Je vous reviens très bientôt pour une nouvelle chronique.

jeudi 5 mai 2022

L'Urubu à tête rouge, un vautour qui « vaut le tour »

Lorsqu'on pense à l'Urubu à tête rouge, son ancien nom étant Vautour à tête rouge, les chances sont grandes que l'image qui surgit dans l'esprit des gens concerne un gros oiseau noir au cou mince muni d'une petite tête dénudée de plumes. Le charognard regarde intensément un homme assoiffé qui rampe sur le sable d'un désert. Il attend patiemment sa mort pour le dévorer. D'autres images impliquent une bande de vautours avec leurs têtes enfoncées dans les entrailles d'un cadavre et qui se nourrissent avec frénésie. Depuis des lunes dans l'inconscient collectif, le vautour est associé à la mort. C'est ce dont les gens ont appris dans les bouquins et dans les bandes dessinées. Dans le monde moderne, des craintes sévissent toujours dans l'esprit de beaucoup d'êtres humains au sujet de ces oiseaux croque-morts. Pourtant, la peur viscérale de cet oiseau les éloigne grandement de la vérité.

Un Urubu à tête rouge dans toute sa splendeur! (C. Cormier)

L'Urubu à tête rouge est un oiseau qui fait parti du groupe des charognards. Cette famille est plus relié à à celle des Cigognes. Même s'il possède une envergure d'aile d'environ six pieds, il ne fait PAS parti des oiseaux de proie. Ce n'est pas un rapace. Un urubu se décrit comme un gros oiseau au plumage noir, à la tête dénudée de plumes à la peau rose et ridée, aux longues ailes arborant deux tons, dont le noir et l'argenté. Malgré sa hauteur de 2 1/2 pieds, il ne pèse que trois livres. Son bec crochu au bout n'est qu'un outil pour dépecer la viande dans une carcasse d'animal mort. Il a beau être costaud et fortement ailé, l'urubu est un oiseau incapable de tuer un autre oiseau ou un animal. Il est totalement inoffensif envers l'homme ainsi qu'aux animaux de ferme ou de compagnie. Au cours de l'été, il ajoute à son menu des insectes vivants.

Un couple d'urubus uni (C. Cormier)

Même si l'urubu est symboliquement associé à la mort, l'espèce est en fait un grand environnementaliste. Ces oiseaux débarrassent les carcasses d'animaux qui pourrissent le long des routes et dans d'autres habitats. Ce sont des nettoyeurs et des éboueurs naturels. D'ailleurs, ils préfèrent manger de la chair en début de décomposition. Malgré leur très bonne vue, leur sens olfactif extrêmement bien développé détecte la charogne vieille de 12 à 24 heures. Munis de grandes narines sensibles aux odeurs, ils peuvent sentir la putréfaction à un kilomètre de distance. Leurs sens olfactifs détectent un gaz qui se nomme éthylmercaptan ou éthanethiol qui se dégage d'une carcasse d'animal. Ce composé chimique crée une odeur distincte d'oeufs pourris qui est délectable pour les sens olfactif d'un urubu. Cependant, la puanteur de ce composé chimique est insupportable pour l'être humain. En période de disette, l'urubu peut s'abstenir de manger pendant trois semaines. 

Lorsque les urubus s'alimentent de charogne, ils empêchent les maladies de se développer dans la nature tout en réduisant considérablement l'émission d'odeurs nauséabondes. Cette espèce offre un service de nettoyage gratuit. Somme toute, l'urubu ne fait que participer au cycle de la vie et de la mort d'un animal. On est loin de l'image d'un oiseau noir qui mange un homme perdu et mort dans le désert! Les urubus sont des oiseaux très intelligents, doux de caractère, patients, loyaux en couple, tolérants et ayant le sens de la communauté. Malgré leur mode d'alimentation qui peut dégoûter les gens, ces oiseaux sont extrêmement utiles pour la nature et la société.