Par Claudette Cormier

dimanche 19 mai 2019

Le paradoxe


Il fait beau soleil aujourd’hui. De magnifiques cumulus décorent le ciel d'un bleu pur. Germain et moi avons le goût d’explorer du côté du Lac Saint-Jean afin de recenser les oiseaux. Nous commençons par le Grand Marais de Métabetchouan. Le niveau d’eau ayant monté en flèche depuis une semaine, le marais est maintenant rendu sous forme d’un lac. Il s’est vidé de ses Bernaches du Canada et de la plupart des canards qui ont migré vers leurs sites de nidification. Une douzaine de Pygargues à tête blanche sont posés sur des arbres à différents endroits autour du marais ce qui fait notre bonheur. Mais devant cette tranquillité d’espèces d’oiseaux, par la suite, nous avons recensé les oiseaux au Petit Marais de Saint-Gédéon. C’était pire encore. Il y avait moins d’espèces d’oiseaux aquatiques qu’à Métabetchouan.

Nous décidons alors d’aller marcher dans certains sentiers pédestres autour, question de recenser les oiseaux passereaux. On marche, on marche, sans vraiment s’arrêter. Nous ne levons même pas les jumelles pour identifier des oiseaux. Ceux-ci sont peu nombreux. À l’oreille, ce n’est pas forçant non plus de les identifier devant l'absence des passereaux.

Mais ou diable sont les parulines? C’est la question que nous nous posons et que d’autres ornithologues nous demandent également. À cette date, nous devrions observer beaucoup d’espèces de parulines et de passereaux et de les voir en abondance. Mais voilà. Où sont-elles, les parulines? La tranquillité est partout, généralisée. On peut toujours compter sur les Chardonnerets jaunes qui s'égosillent, mais, nous aimerions observer plus...

Nous constatons que nous vivons un troisième printemps froid et tardif ici dans la région. Est-ce que ce sera la norme à l’avenir, d’avoir des printemps froids et tardifs? Les oiseaux eux doivent conjuguer avec cette nouvelle réalité. Tout est décousu concernant la migration. Les changements climatiques sont réels. Sur le terrain, nous le constatons. Surtout que, depuis près de 40 ans d’observation, Germain et moi avons vu le phénomène grandir.

Avant de quitter la région du Lac Saint-Jean, nous nous sommes rendus à l’embouchure de la Belle-Rivière du côté Métabetchouan. Seulement quelques volatiles et un ornithologue sont présents sur la plage qui est drôlement vide. J’ai trouvé spécial de voir le début de la plage ayant encore des congères de neige. C'est le paradoxe. De la neige sur une plage, un 18 mai. Et le grand lac Saint-Jean vient de « caler », de se libérer de ses glaces il y a quelques jours à peine. C’est tard aussi en saison. Hélas! Nous ne pouvons que constater ce qui arrive en parlant des changements climatiques. Il s’agit d’une situation bien triste et inquiétante. Nous évoluons tous vers l’inconnu ne sachant ce que la Nature nous réserve. Espérons qu’elle sera clémente.

Congères de neige à l'embouchure de la Belle-Rivière avec Clo-Clo en démo (G. Savard)

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