Par Claudette Cormier

vendredi 3 janvier 2014

Allo! Ici le Saguenay-SIBÉRIE-Lac-Saint-Jean

  
Annoncé à la télé


Notre maximum d'aujourd'hui


Température de ce matin

Bonjour les amis... Ces jours-ci, je ne vous conseille pas de faire du tourisme dans ma belle région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. C'est que depuis le jour de l'An, c'est la Sibérie qui s'est invitée chez nous. Nous, les nordiques, avons beau être fait fort pour tolérer le froid, mais là, c'est autre chose. Avec les extrêmes de température oscillant entre -35°C et -40°C au mercure sans facteur éolien, nous sommes plutôt confinés à l'intérieur de la maison, ce qui est plus sage. Vu le phénomène, Germain et moi avons passé quelques minutes dehors, juste pour l'expérience. Oh my God! Ce n'est pas long que la p'tite peau rose de nos joues sèche par le froid. Lorsque la peau refroidie, on dirait qu'elle s'étire et  raidie. Aussi, malgré le fait que nous avons des mitaines en double, les doigts gèlent illico. Ouais... ce n'est pas vraiment intéressant. Comme bien des régions du Québec, les météorologues avisent la population que nous avons fracassé des records de température basse qui dataient ici de 1954. Nous n'étions pas nés.

D'emblée, j'aime autant vous aviser maintenant que l'article d'aujourd'hui sera un peu tristounet. Avec ce temps glacial, vous qui aimez les oiseaux autant que moi, vous avez sans doute eu une pensée pour ces pauvres volatiles qui dorment dehors par un temps pareil. Avant que les oiseaux n'arrivent aux mangeoires ce matin, les silos sont remplies et le sol est noirci de graines de tournesol. Tout est prêt afin d'accueillir les oiseaux qui se réveillent et qui sont en survie. À notre poste d'alimentation, nous avons peu d'espèces cet hiver. Quelques Tourterelles tristes, Mésanges à tête noire, Sittelles à poitrine rousse, Pics mineurs, Pics chevelus, Étourneaux sansonnets et depuis quelques jours, des Gros-becs errants. Le plus spécial est que nous avons deux Juncos ardoisés hivernants et entre 100 et 130 Chardonnerets jaunes dont leur nombre varie d'une journée à l'autre. Je dirais même qui varie d'une heure à l'autre puisqu'une vilaine Pie-grièche grise rôde quotidiennement dans le secteur. L'autre jour, je l'ai vu transporter une proie dans ses pattes devant ma fenêtre du salon et qui était fort probablement un chardonneret.

Mais là, en plus de la pie-grièche qui guette ses proies et qui les pourchassent, c'est le froid cinglant qui met les oiseaux en danger. Lorsque je les regarde s'alimenter aux mangeoires, je ressens beaucoup de compassion pour eux et en même temps, de l'admiration pour leur courage et leurs capacités d'adaptation de survie à ces températures si basses. Ils sont incroyables... une petite boule de plumes qui vit dehors à l'année, dans toutes sortes d'intempéries.

Voici qu'une mésange arrive dans l'un de nos cabinets installés sur la porte-fenêtre. Le plumage gonflé à bloc, doublée en volume, la mésange semble difforme. On voit à peine sa tête à cause du plumage gonflé. Par contre, le frimas qui s'est développé sur sa face est apparent. Posé dans le fond du cabinet, ne bougeant plus, elle semble être dans une torpeur où ses sens ne répondent plus. Sa respiration est saccadée et difficile. Ah! Mon coeur saigne pour elle. La pauvre mésange survie, mais le froid extrême la pousse à ses limites. Elle finit par cueillir une graine dans le fond du cabinet. Elle s'en sortira.

Mésange à tête noire ayant du frimas sur la face

Derrière elle, le paysage que je vois semble lunaire. Tout est calme, figé et silencieux. La glace trône dans l'entrée du fjord alors qu'au loin à la polynie (plan d'eau libre), la fumée de mer crache un immense panache de vapeur qui nous coupe la vue. C'est parfois blanc laiteux, blanc givre, blanc glace, ou blanc vapeur. Bref, un camaïeu de blanc. Oui, c'est la Sibérie chez nous... Même les fenêtres y goûtent. Pour les gens qui sont de ma génération, vous vous souvenez peut-être des anciens châssis doubles que nos parents installaient avant l'hiver? Le frimas s'accumulait tellement entre les fenêtres qu'il y avait un pouce d'épais de givre entre les fenêtres. Quant à mes fenêtres coulissantes, elles sont obscurcies par ce givre également. Par contre, j'ai certains trésors que j'aime photographier sur celles-ci dont j'illustre une image plus bas.


Paysage glacial vu de la maison


La plaine de glace


Frimas dans l'une des fenêtres


Du magnifique givre!

D'un pas décidé, je me dirige maintenant vers la porte d'entrée et observe les oiseaux qui se nourrissent avidement aux mangeoires. Ils sont tous concentrés à s'empiffrer et à se remplir de calories. Pauvres petits! Ils ont du givre sur les sourcils, sur la poitrine ou sur le dos. Même l'Écureuil roux du coin possède sa petite barbichette blanche au menton. Le pire pour les oiseaux est leurs pattes qui gèlent. Ils font tout pour les protéger et les emmitoufler dans leur plumes sous leur ventre. On peut parfois penser que certains d'entre eux sont blessés puisqu'ils titubent lorsqu'ils se déplacent au sol, mais il n'en est rien. Ils sautillent et s'écrasent immédiatement pour réchauffer leurs pattes. Je vous montre quelques vidéos pour illustrer mes propos. J'espère que vous me pardonnerez de prendre les photos et les vidéos de l'intérieur de la maison... La qualité de celles-ci en souffre un peu, mais les images vous donneront tout de même une idée juste des différents scénarios dont nous avons été témoins. De toute façon, la caméra n'aurait pas fonctionné très longtemps dehors à ces températures extrêmement basses.

Tourterelles tristes au plumage givré


 Étourneau sansonnet se réchauffant les pattes


 Groupe de Chardonnerets jaunes s'alimentant


Du frimas sur le dos des chardonnerets


 Écureuil roux à la barbichette blanche

À un moment, je filmais un Chardonneret jaune sur une branche de boulot. Bien rond et se protégeant du froid, l'oiseau excrète soudain. Ce qui me surprend alors est la quantité de vapeur que cela crée lorsque la fiente touche une petite branche dessous. Voyez ce que je veux dire dans la prochaine vidéo, à mi-chemin environ.


Chardonneret qui excrète

En ce matin du 3 janvier, un soldat est tombé. Il y avait un chardonneret mort de froid gisant sous la mangeoire. Une bien triste scène il faut dire... Impuissante devant la situation, les larmes mouillent mes yeux. Il ne faut pas se leurrer, les froids extrêmes lors de ces derniers jours auront fait mourir bien des oiseaux, peut-être les plus faibles d'entre eux ou malades. Qu'ils reposent en paix. Ils ont été courageux.

Chardonneret jaune mort


La dépouille du soldat

Je vous laisse sur une photo de mon premier coucher de soleil de l'année 2014. Il est quelque peu timide et même floue. Cependant, c'est un début. Les meilleurs jours s'en viennent et il faut s'accrocher, comme le font les oiseaux.

Chers amis, que l'année 2014 vous soit exceptionnelle et remplie d'une multitude de petits bonheurs, ailés ou non.

10 commentaires:

  1. Oui, très froid pour nos p'tits pits d'amour... La brûme sur la fiente... j'en reviens pas ! Courageux nos petits soldats ! Beau texte, Clo.

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    1. Chère Linda, nos oiseaux d'amours survivent en ces temps glacials et je ne peux que m'incliner devant leur grandeur. Ils sont mes maîtres et mes guides. Merci beaucoup d'avoir aimé mon texte. Oui... spéciale cette fiente dont la vapeur se consume au contacte du froid.

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  2. Comme toujours très intéressant pas seulement pour les oiseaux mais les à côtés que tu nous fait découvrir. Merci et à toi aussi je souhaite plein de petits bonheurs ailés ou non mais surtout la santé.

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    1. Merci infiniment pour votre appréciation de ce texte! Lorsque les gens aiment mes articles, c'est pour moi la plus belle des récompenses. Eh oui! La fameuse santé... Que les vibrations de guérison se répandent sur nous tous en 2014.

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  3. Bonjour , bien triste . Mais je croyais que les chardonnerets migrait vers le sud . Je suis étonnée . Je suis des Basses Laurentides et je n'en vois aucun et j'ai des postes d'alimentation .

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    1. Chère Lilianne, les jours qui viennent de passer ont été extrêmement difficiles pour les oiseaux. La tristesse m'a habité pendant tout ce temps à les voir souffrir. Quant aux chardonnerets et aux autres fringillidés (sizerins, durbecs), ceux-ci sont demeurés dans la forêt boréale cet hiver. Ils ont de la nourriture en abondance, des graines de bouleaux dont ceux-ci s'alimentent. Lorsqu'il y aura un hiver où les arbres auront peu produit de graines, vous verrez les fringillidés à vos mangeoires durant l'hiver. Ce n'est pas le froid qui fait migrer les oiseaux, mais le manque de ressources de nourriture. Bonne journée et merci de m'avoir écrit!

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  4. c est très intéressent ce que vous faites

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    1. Cher Jean, je vous remercie pour votre gentillesse! Votre commentaire me fait très plaisir. Je me sers de tout ces beaux commentaires comme vitamines pour l'âme. Bonne journée à vous!

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  5. Bien qu'en retard de près de trois ans, j'ai bien aimé ce texte! En ce dernier jour de novembre, dans le sentier aujourd'hui, j'ai aperçu une pauvre tourterelle sur une branche pas très haute qui semblait gelée. Ce sont des exemples de courage. On voit rarement les oiseaux souffrir ou mourir, comme s'ils faisaient cela à l'abri de nos regards. C'est très intéressant de vous lire mais sans toutes ces belles photos, ça ne serait pas pareil. Longue vie à votre blog!

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    1. Bonjour chère Suzanne... Je vous remercie pour votre superbe témoignage quant à cet article que vous avez fort apprécié! Vous avez tellement raison. Les oiseaux sont des exemples de courage et de ténacité sous les éléments de la nature dont ils doivent affronter chaque jour. Les oiseaux sont des êtres vivants extraordinaires! Le titre du film « Les oiseaux se cachent pour mourir » représente bien votre réflexion ainsi que la mienne. Merci à vous de me lire! Bonne journée à vous!

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