Par Claudette Cormier

dimanche 27 octobre 2013

Une pause

Rendu à la fin octobre, nous sommes définitivement en période de transition vers l'hiver. Il fait de plus en plus froid et la lumière fuit rapidement lorsque l'heure du souper arrive. Puis, j'ai vu mes premiers flocons de neige cette semaine, mais qui ont vite fondu par la suite. Et durant cette fin de semaine, le mauvais temps se poursuit et nous a laissé qu'une matinée pour observer les oiseaux. Il semble que cette période nous incite discrètement à l'intériorisation...

Cette semaine, j'ai le goût de vous amener au coeur de mon âme. Cela se fera par mes écrits poétiques et par la visionnement  de centaines de photographies de nature que j'ai prise et qui vous attendent sur mes deux sites. Vous me feriez une fleur d'aller lire mes poèmes et d'aller regarder mes photographies. Ce sont des vitamines pour les yeux qui, je l'espère, rempliront votre coeur. Je vous ouvre la porte et vous invite chaleureusement. Merci.

Poèmes genre haïku : www.fruitsducormier.blogspot.ca


Un coucher de soleil mystérieux que j'ai prise de chez moi

lundi 21 octobre 2013

Blanc comme neige

Rassurez-vous... ce n'est pas moi qui est blanche comme neige. Il n'est pas non plus question de peur ou d'épouvante avec l'approche de l'Halloween. Il s'agit plutôt de blanc comme Oies des neiges. Eh oui, nous n'avons pu résister de retourner à La Baie lors du 19 octobre 2013. Germain et moi avons pris la route tôt ce matin vers cette destination, mais un peu avec hésitation puisqu'il pleut des averses. Cependant, plus nous nous approchons de La Baie, plus la pluie devient éparse. Au bout de quarante-cinq minutes, nous sommes arrivés dans le secteur du Musée du Fjord à Grande-Baie où deux Urubus à tête rouge nous survolent en comité d'accueil. Voilà qui nous donne espoir. Si les oiseaux migrent malgré le plafond bas, c'est que bientôt, le temps va se réparer. Aussitôt, nous téléphonons à nos amis de La Baie qui viennent nous rejoindre illico. Après nos salutations chaleureuses, les hommes proposent que l'on marchent jusqu'au bout du quai afin d'avoir une meilleure vue sur les oies qui s'alimentent pendant la marée basse. Ainsi, nous nous rendons joyeusement au bout du quai où des trésors ailés nous attendent...


Paysage de la baie


Le quai de Grande-Baie


Aussitôt rendus au bout du quai, nous nous affairons à observer chaque volatile. Ce n'est pas si facile puisque nous sommes confrontés aux forts vents d'ouest qui soufflent. Et si par malheur il y a un trou dans le veston, on le sait tout de suite à cause du froid qui rentre et qui nous frigorifie sur le champ. Face aux intempéries, nous sommes contents d'être vêtus de nos doudounes, tuques, foulards et mitaines. Et comme nous effectuons de l'observation sur place, toutes les conditions sont réunies pour que l'on gèle. Revenons à notre excursion. Nous sommes accompagnés de nos amis Serg Tremblay et de Hugues Simard. Pendant que les hommes cherchent d'autres espèces d'oies et repèrent des colliers jaunes avec codes alphanumériques sur les oies pour Serg qui les prends en note, moi, je m'affaire à rechercher des aigles ou fait des vidéos d'oies lorsque le moment s'y prête.


Les trois ornithologues occupés


À la recherche de colliers jaunes chez les oies


Notre ami Hugues Simard concentré


Serg et sa grosse caméra (n'est pas un télescope!)


Oies des neiges à l'ouest du quai


Oies des neiges à l'est du quai

Chacun étant dans sa bulle, nous poursuivons nos observations. Le vent transporte à nos oreilles les cris d'oies qui crient sans cesse. Et comme la marée commence à monter, nous sommes de plus en plus entourés d'oies. Il est impossible pour moi de décrire en mots toute la beauté de ces oiseaux et de l'effet que cela donne lorsqu'elles sont réunies en une énorme masse blanche. Des anges blancs... un peu bruyants certes, mais d'un blanc éclatant qui jette un coup de lumière vif sur les rives de la baie. Pendant toute la journée, des volées d'oies arrivaient en grande pompe, criant à pleins poumons, arquant leurs ailes pour casser leur vol et atterrir en se balançant. Mon dieu que c'est beau, beau, beau!


Hallucinantes oies!

Nous étions bien ensemble ce matin, seuls au monde au bout du quai, dans le vent et dans ce froid de canard en compagnie des oies. Par contre, à cause de la marée montante, nous nous sommes déplacés et nous sommes retournés sur la piste cyclable, car les oies étaient plus près du rivage. Et là, en début d'après-midi, le soleil est sorti en faisant des clins d'oeils derrière les nuages, nous apportant un peu de chaleur. Cependant, le soleil a également fait sortir les gens qui étaient de plus en plus présent. Oh, bien sûr... il y a eu d'autres Ti-counes ainsi que des aéronefs qui ont fait paniquer les oies. Soupir. Que faire pour qu'ils comprennent que leurs égoïsme dérangent les oiseaux en repos? Une aspirine quelqu'un, s'il vous plaît.


 Dérangement par un hélicoptère

Afin de vivre une magnifique journée malgré les irritations, je me retire dans mon for intérieur. Me concentrant sur la recherche d'aigles, je n'entend plus la cacophonie des oies ni la cacophonie des gens qui s'amassent autour de nous. Il est vrai qu'une série de télescopes érigées sur la piste cyclable est bien tentant pour les curieux qui passent à tour de rôle. Pour une solitaire comme moi, c'est difficile d'observer dans ces conditions. J'ai l'impression d'être près d'un centre d'achats où les gens accourent pour venir voir ce qu'il y a d'intéressant. Je ne suis pas là pour animer un groupe, je suis là pour chercher des aigles! C'est mon loisir à moi! Foutez moi la paix enfin! Heureusement, Serg et Germain se sacrifient et répondent aux questions des gens et leur montrent des oies dans leurs télescopes pour les contenter.

Nous avons passé la journée entière derrière le musée. Nous avons estimé le nombre des oies à 20 000 aujoud'hui! Dans le lot, une Oie de Ross a été repérée, trois Bernaches de Hutchins étaient aussi présentes. Il y avait une vingtaine d'oies portant des colliers jaunes pour Serg et à mon grand plaisir, j'ai trouvé un Faucon pèlerin et deux Aigles royaux en migration, ma récompense!


Une jolie Bernache de Hutchins


Oie des neiges portant un collier jaune : la TK78


Une Oie des neiges juvénile


Oie des neiges adulte de forme bleue


Ma récompense : un Aigle royal!

Il est environ 16h30 et la journée tire à sa fin... La lumière baisse drastiquement. Tranquillement, nos amis nous quittent. Le monde aussi. La piste cyclable se vide. Il n'y a que les oies qui continuent à crier. Pendant que la marée monte à vue d'oeil, presqu'aux deux minutes, des groupes d'oies s'envolent vers les champs alors que d'autres arrivent sur les lieux. Plus haut encore dans le ciel, de nombreuses volées d'oies filent plein sud et migrent. Ayant passé la journée dehors, accompagnée d'une amie commune, nous allons déguster un bon repas chaud bien mérité au restaurant. Finalement, nous quittons La Baie, les sens émoustillés par les magnifiques images et les sons d'oies qui nous ont résonné dans la tête durant toute la soirée. C'est vrai. Lorsque c'est devenu silencieux dans la maison, j'entendais en sourdine la cacophonie des oies. Germain aussi. J'ai ouvert la porte en pensant qu'il y avait peut-être une horde d'oies qui jacassait sur la rivière Saguenay en face de chez moi à Saint-Fulgence. Mais non, le son venait de mon esprit! Cela m'a impressionnée... À nouveau, nous avons vécu une merveilleuse rencontre avec nos amis, avec ces belles Grandes Oies des neiges et mes Aigles royaux chéris. L'abondance existe.


En fin de journée, la marée blanche

mercredi 16 octobre 2013

La Baie et l'Action de grâce

En cette fin de semaine de l'Action de grâce, Germain et moi sommes retournés à La Baie afin d'observer les Oies des neiges ainsi qu'une Oie rieuse qui a été découverte par notre ami Serg Tremblay. Des oies, il y en avait des milliers! Pour notre région, ce phénomène est grandissant; c'est-à-dire, que les Oies des neiges font halte chez nous que depuis une vingtaine d'années seulement. Et plus ça va, plus nous en avons. Pour vous donner une petite idée, il y a trente ans, les oies ne se posaient aucunement dans notre région. La seule façon pour en voir à cette époque étaient de les recenser en vol lors de leurs migrations. Si un groupe d'oies (de 50 à 100 individus) se posait sur le lac Saint-Jean ou sur la rivière Saguenay à cause du très mauvais temps, nous nous téléphonions l'un et l'autre (pas d'ordinateur dans ce temps-là) pour annoncer aux observateurs la présence inusitée de cette espèce sur le territoire du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Très rapidement, nous nous déplacions pour aller voir cette « manne blanche ».

Eh bien! Les choses ont changé depuis, c'est le moins que l'on puisse dire. Maintenant, il est commun de recenser entre 15 000 et 50 000 individus! En ne parlant que de La Baie, il semble qu'une certaine population d'oies ait adopté les battures dans cette localité afin de profiter de la richesse des racines et des tubercules de plantes marines enfouies dans l'argile et surtout pour s'y reposer. D'année en année, nous assistons à ce phénomène d'oies qui grandi sans cesse. Pour les gens du coin et d'ailleurs, les rives de La Baie sont en train de se transformer en un petit Cap Tourmente. Les gens se ruent pour observer les milliers d'Oies des neiges qui vont et qui viennent incessamment selon le jeu des marées. Une marée basse, une marée d'oies apparaît. Et comme les oiseaux sont de plus en plus à l'aise à cet endroit et tolèrent la présence humaine, tout porte à croire que La Baie sera très achalandé dans les années futures. Même que, c'est devenu un problème pour les autorités locales puisqu'ils reçoivent de plus en plus de plaintes dues au dérangement des oies par certaines personnes irrespectueuses. La loi sur la protection de la faune devra être regardée de plus près et des problèmes devront être réglés pour éviter ce genre de perturbations qui sont récurrentes. Peut-être que les élus devront ériger des clôtures éventuellement. Et les kite-surfers eux aussi devront être avisés pour mieux délimiter leur territoire pour voguer sur les eaux de La Baie sans déranger les oies. Bref, tout est encore en ébullition et en ajustement.


Volées d'Oies des neiges


Un Ti-coune pris sur le fait

Je reviens donc à notre merveilleuse journée du 13 octobre 2013 qui n'était que pur émerveillement. La cacophonie des oies qui sont à nos pieds, les vas-et-vients des volées par centaines à la fois a de quoi nous clouer sur place. La beauté des oiseaux est incontestable à chaque coup de jumelles que nous donnons sur les groupes d'oies. Nous observons aussi les nombreuses interactions entre les groupes familiaux alors que les adultes protègent farouchement leur progéniture en leur assurant un petit coin pour manger. Les oiseaux cris, s'alimentent, se chicanent, se pincent les plumes et volent. Devant nous, des volées d'oies se posent en douceur, freinées par les forts vents d'est qui semblent les suspendre dans les airs comme des cerfs-volant. De toute beauté! Nous avons l'impression d'être dans un documentaire et vivons intensément chaque minute de béatitude. Sur la piste cyclable derrière le musée du Fjord, les gens qui déambulent en continue s'arrêtent, observent et photographient les oies. Pour un moment dans la journée les conflits cessent pendant que collectivement, nous nous émerveillons.

Je salue La Baie en cette fin de semaine de l'Action de grâce ou justement, il est bon de remercier le Ciel pour tant d'abondance! Une manne blanche ailée sur les battures qui nous a certes rempli le coeur d'émerveillement et de beauté!


Un temps d'arrêt sur la piste cyclable


Une vue d'ensemble des oies sur les battures




Elles arrivent!


 Oies qui tapent des pattes pour ramollir l'argile


 Une belle tête d'Oie des neiges

vendredi 4 octobre 2013

Brume d'Angleterre

Durant la fin de semaine dernière, soit le 29 septembre 2013 dernier, Germain et moi avons le goût d'effectuer une excursion aux passereaux. De toute façon, la brume est si dense que nous ne pouvons en aucun cas faire de l'aquatique. Où aller? Germain propose la halte routière Valin à Canton-Tremblay située à quelques kilomètres de notre résidence. C'est d'accord pour ce site! En roulant en voiture, nous devons ralentir la vitesse de croisière, le brouillard nous empêchant de voir loin devant. Enfin! Nous voilà rendus à la halte routière. Hummm... Soudain, un petit doute m'assaille et je me demande si nous allons voir les passereaux finalement.


Voici la halte routière


La vue sur la rivière Saguenay


Un Goéland à bec cerclé seul dans la brume

Avec ce doute en tête, nous empruntons tout de même le sentier qui longe la rivière Saguenay qui abrite une forêt mixte et de nombreux fourrés d'arbustes. Nous marchons sur des tapis de feuilles mouillées et le seul son que nous entendons à part nos pas sont les feuilles qui tombent des arbres. Ouais! Pas fameux jusqu'à date. Nous poursuivons le petit chemin de terre qui est passablement rongé par l'érosion à certains endroits. Puis nous entendons des petits cris d'oiseaux au loin. Il y a au moins des Mésanges à tête noire, des Roitelets à couronne rubis et des Bruants à gorge blanche. Bien beaux ces oiseaux, mais nous aimerions que ça brasse un peu plus. Bon sang! Cette brume nous colle à la peau.


Une partie du sentier


Germain qui observe des passereaux


La canopée embrumée


Arrivés au bout du sentier, nous nous regardons. Le regard complice entre nous a tout dit. Pas fort ce matin, hein?. Nous rebroussons chemin à l'inverse. Une excursion bien courte faut-il le préciser... Sur le sentier, nous entendons soudain des cris d'Oies des neiges qui volent dans la brume au-dessus de nos têtes. Sapristi! Ont-elles un radar pour circuler dans cette nappe brumeuse? On n'y voit strictement rien.


Oies des neiges volant dans la brume


Dans le petit chemin, nous voyons quelques passereaux circuler entre des bosquets. Bon, enfin! Nous allons pouvoir nous exercer un peu avec nos jumelles. Roitelets, d'accord... Voilà d'autres mésanges. Ah? Des parulines et d'autres bruants. Et celui-ci? Oh! Un Viréo à tête bleue! Sur la pointe des pieds, je m'avance vers lui et prend un petit clip. Contents d'avoir au moins vu ce viréo, nous mettons fin à notre excursion à cet endroit. D'un pas plus rapide, nous nous dirigeons vers le stationnement.


Le Viréo à tête bleue


Notre gros soleil de ce matin


Germain qui m'attend au stationnement


Pour moi, la brume de ce matin me rappelle les films d'épouvantes où l'on aperçoit dans les forêts d'Angleterre cette couche épaisse blanchâtre et humide. Chaque son ou chaque mouvement dans la forêt devient une menace potentielle où un zombie peut apparaître à chaque instant. Une feuille qui tombe bruyamment tout près peut nous faire sursauter d'horreur. L'ambiance porte à cela et nous confronte à nos peurs. Pouf! Je sors de mon scénario mental et reviens subitement sur terre. La vraie peur réside sur la route Tadoussac alors que nous apercevons à la dernière seconde les voitures qui passent. Prudemment, nous nous dirigeons vers Saint-Fulgence.


La route Tadoussac

Nous tentons notre chance sur la piste cyclable en espérant y recenser plus de passereaux. Sur le stationnement, clac! clac! Nous fermons les portières du véhicule et écoutons les environs. Pas un son, pas un cri d'oiseau... Pff! J'ai bien l'impression que nous serons quitte pour prendre une autre marche de santé. Et cette brume! Va-t-elle finir par sublimer celle-là?


La piste cyclable dans le brouillard


Nous parcourons la piste cyclable et disparaissons dans la brume et dans le silence. Un arrêt par ici, un arrêt par là... Vraiment, la faune ailée brille par son absence. Nous avons beau fouiller chaque bosquet, écouter le long du marais de Canards Illimités, nous demeurons pénard. Le désert total... Bon, d'accord. Il y avait quand même quelques mésanges, geais, parulines et bruants, mais rien pour contenter nos âmes d'ornithologues. Cependant, il y une chose qui nous a vraiment impressionnés ce matin. Ce sont la multitude de toiles d'araignées. Je n'ai jamais vu autant de toiles d'araignées de ma vie! Visible par la rosée, elles étaient partout, seules ou en groupes, au sol ou accrochées après les branches d'arbres. La petite brise faisait bouger ces beaux tricots argentés, perlés de gouttes d'eau. Émerveillée devant ces capteurs d'insectes, j'ai oublié ma frustration de ne pas observer des oiseaux. C'était vraiment beau!


Groupe de toiles d'araignées


Une des jolies toiles

L'heure du midi arrive et bien franchement, notre liste d'espèces d'oiseaux est loin d'être satisfaisante. Nous rebroussons chemin un peu déçus de ces deux excursions manquées où nous n'avons guère levés nos jumelles. Mais comme on dit, une fois n'est pas coutume! Alors que nous sommes sur le point de quitter la piste cyclable, un rayon de soleil perce enfin la brume, comme pour nous taquiner avec un clin d'oeil. Pff! En voilà des manières! Lorsque nous arrivons à la maison, la brume d'Angleterre s'est complètement volatilisée pour laisser sa place à un soleil magnifique! Ah! Parfois, la nature a le don de nous jouer de vilains tours! Mais ce sera partie remise.


Un rayon de soleil qui perce la brume