Par Claudette Cormier

dimanche 27 février 2011

Bilan de l’hiver 2010-2011

Nous voilà déjà à la fin février avec toutes les promesses du printemps ornithologique qui commencent le 1er mars ! Je profite de cette tribune pour vous livrer le bilan de mon hiver 2010-2011, toutes les observations faites à la maison. Cela comprend les mois de décembre, janvier et février. En tout, 44 espèces d’oiseaux ont été détectées lors de cette période, ce qui très bon pour mon secteur pendant l’hiver. En voici l’énumération :
  1. Bernache du Canada
  2. Canard noir
  3. Macreuse brune
  4. Harelde kakawi
  5. Garrot à œil d’or
  6. Garrot d’Islande
  7. Grand Harle
  8. Harle huppé
  9. Gélinotte huppée
  10. Lagopède des saules
  11. Plongeon huard
  12. Cormoran à aigrettes
  13. Pygargue à tête blanche
  14. Épervier brun
  15. Faucon émerillon
  16. Faucon gerfaut
  17. Goéland à bec cerclé
  18. Goéland argenté
  19. Goéland arctique
  20. Goéland bourgmestre
  21. Goéland marin
  22. Tourterelle triste
  23. Pic mineur
  24. Pic chevelu
  25. Grand Pic
  26. Mésangeai du Canada
  27. Geai bleu
  28. Corneille d’Amérique
  29. Grand Corbeau
  30. Mésange à tête noire
  31. Sittelle à poitrine rousse
  32. Grimpereau brun
  33. Merle d’Amérique
  34. Étourneau sansonnet
  35. Jaseur boréal
  36. Junco ardoisé
  37. Durbec des sapins
  38. Roselin pourpré
  39. Bec-croisé bifascié
  40. Sizerin flammé
  41. Sizerin blanchâtre
  42. Tarin des pins
  43. Chardonneret jaune
  44. Gros-bec errant

Épervier brun : Chaque sortie que j’effectue dehors, j’aperçois l’épervier adulte attaquer les Tarins des pins aux mangeoires à la vitesse de l’éclair. Cet après-midi, je l’ai vu capturer un tarin en vol, transportant ce pauvre petit dans ses pattes, son corps pendant au bout de ses redoutables serres. Évidemment, les tarins, qui sont continuellement effarouchés, s’absentent longuement du secteur.

Goéland bourgmestre : Lors du crépuscule d’aujourd’hui, huit adultes étaient présents au bout de la flèche littorale, profitant d’une nappe d’eau libre pour y boire, faire un brin de toilette, nager, pour finalement y dormir. Mon petit doigt me dit que ça sent le fleuve ! Dans peu de temps, les goélands seront très abondants.

Des questions? Écrivez-moi à mon adresse courriel : ccormier@hotmail.com

Gros-becs errants sur ma galerie

vendredi 25 février 2011

Jour de redoux

En cette fin février, les redoux de température sont certainement la bienvenue ! Cela incitera les oiseaux à se déplacer d’une région à une autre. Même s’il y aura des soubresauts de Mère-Nature à prévoir dans les prochaines semaines, nous sommes vraiment en train de sortir de l’hiver. Cela se sent !

Aux mangeoires : Chaque jour, je nourris la horde de Tarins des pins dans mes mains. Ils ne cessent d’en redemander ! C’est pire quand le baromètre indique une pression atmosphérique à la baisse, les oiseaux s’alimentant comme des fous furieux ! Aujourd’hui, il y avait environ 250 de ces petits ogres affamés. Cependant, ils sont étroitement surveillés par un Épervier brun adulte qui fait des attaques quotidiennement. Sur trois différents jours, alors que j’étais dehors à servir de mangeoire humaine, j’ai eu la surprise d’assister à des attaques fulgurantes de ce prédateur malgré ma présence. Hier, il a capturé devant moi un tarin, ce dernier couché sur son lit de mort, entre les serres de l’épervier. Ce petit rapace a su m’en mettre plein la vue cette semaine et évidemment, impossible de capter sur pellicule une scène qui ne dure que deux secondes tellement il agit vite et à l’improviste. À un moment donné, alors que j’étais assisse dehors, à deux pieds des silos à tournesol, à ma gauche, j’ai vu piquer l’épervier en oblique, celui-ci se dirigeant vers moi. Je voyais les ailes rigidement étalées de chaque côté de son corps, la tête fixe, les yeux rouges concentrés sur une proie et passé en un coup de vent à un pied devant mon visage ! Une torpille bleu et orange ! Pendant une seconde, j’entends un « wooush » doux produit par le déplacement d’air créé par l’oiseau à son passage. Et s’en est fini pour ma séance avec les tarins qui, en panique, s’enfuient de tout bord, tout côté.

Les nouveautés du coin : comme je m’y attendais lors d’un redoux, un goéland était présent aujourd’hui dans l’entrée du fjord. Se nettoyant sur un biscuit de glace à la dérive, transporté par le jeu des marées, un Goéland bourgmestre adulte est découvert dans toute sa splendeur ! Celui-ci provient peut-être de La Baie où la pêche blanche bat encore son plein, ou peut-être, provient-il directement du fleuve. Impossible à dire pour l’instant.

Hier, le Garrot d’Islande mâle hivernant a été revu. L’oiseau nageait à la limite des glaces dans la grande baie située face à la maison. Quant aux Garrots à œil d’or et aux Grands Harles hivernant dans la polynie, ils courtisent présentement les femelles en effectuant inlassablement leur parade nuptiale.

Les Tarins des pins, lorsqu’ils ne sont pas perturbés par le prédateur, s’époumonent en chantant à tue-tête aux sommets des arbres quand leurs petits estomacs sont rassasiés. Ils en « zouitent » un coup ! Aussi, une Tourterelle triste, cachée dans le boisé, a lancé sont chant mélancolique que j’ai bien appréciée écouter.

Finalement, en regardant le ciel à l’horizon, j’étais très heureuse d’observer plusieurs rangées de nuages appelés stratocumulus. Ne se formant pas vraiment au cours de l’hiver, j’ai remarqué qu’ils étaient même un peu bourgeonnants, signe qu’il y avait de l’air chaud dans la basse atmosphère. Voilà ce qui est positif ! Ils sont enfin de retour après un long hiver !


Rangées de stratocumulus


Coucher de soleil d'hier soir


Coucher de soleil de ce soir

lundi 21 février 2011

Un lundi pas chaud !

Ce lundi, le froid sévit, la température basse accompagnée de vents cinglants qui nous gèlent en un rien de temps. Il va de soi que les oiseaux sont en survie encore aujourd’hui. Au cours de la matinée, j’ai surpris les tarins se mettre en boule, gonflant leur plumage trois fois leur volume normal, les oiseaux se reposant dans un cèdre ou une épinette, les mettant à l’abri du vent. De plus, ils font en sorte que le soleil leur arrive dessus, espérant un petit réchaud.

Tarins à l'abri d'un cèdre

Sur son perchoir habituel, le merle femelle cuve encore son vin de glace aux raisins ce matin. J’en conviens que cette photo est presque une copie conforme de l’autre jour, mais que voulez-vous ! Elle ne fait rien d’autre que de manger ses fruits givrés et dormir !  


Merle femelle

Avec les vents forts et le jeu des marées, c’est presque la débâcle de la rivière Saguenay. On voit sur la prochaine photo que la moitié de la flèche littorale est dégagée de glaces. Habituellement, c’est en mars que cela se produit ordinairement. Les Grands Harles et les Garrots à œil d’or hivernants sont très contents eux de la situation, car ils peuvent s’alimenter dans une eau moins profonde. Pas de goélands en vue pour l’instant. Venant du fleuve, ils attendent le redoux pour voyager.

Polynie dégagée

Coucher de soleil aujourd'hui

dimanche 20 février 2011

Des journées mouvementées

Après la douceur du vendredi 18 février, voilà qu’un vigoureux front froid a balayé le Québec au cours de la nuit. Toutes les surfaces liquides ont rapidement gelées, la texture de la glace étant glissante ou croquante. Avec la chute de température, en ajoutant les vents vifs et piquants du nord-ouest, ces conditions météo réunies ont incité les oiseaux à se ruer aux mangeoires.

D’abord, Germain s’est levé samedi matin en étant témoin d’un magnifique coucher de la pleine lune à l’ouest à la fin de l’aube.


Coucher de la pleine lune au petit matin

Ensuite, nous avons été impressionnés par le travail des grandes marées. Aujourd’hui, la rupture soudaine et la dérive des glaces vers le large font que la polynie est grand ouverte ! De larges bandes d’eau coulent également de chaque côté sur un tiers de la flèche littorale, à son bout. C’est incroyable qu’en une seule journée, tout puisse changer !

Ouverture de la polynie

Grâce à ce front froid (19-20 février), nous avons eu droit un nombre minimum de 350 Tarins des pins! La cour arrière est devenue une énorme mangeoire, tapissée de centaines d’oiseaux. Comme une image vaut mille mots, allons-y avec cette vidéo pour vous donner une bonne idée de la situation.

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Vue d'ensemble des tarins aux mangeoires

Ensuite, Germain et moi n’avons pu résister à nourrir les oiseaux affamés près des mangeoires. Les deux prochains clips démontrent l’ampleur de la frénésie. Il y a un tarin que j’ai surnommé « le p’tit boss », car il était très agressif, chassant tous les autres oiseaux voulant s’alimenter dans « son » plat. Germain et moi devions remplir les quatre mangeoires à tournesol deux fois par jour et encore, c’était vide avant la fin de la journée ! Voraces, ces tarins !





 Le p'tit boss!

samedi 19 février 2011

La joie de la première flaque d’eau

Le vendredi 18 février, nous avons eu droit à un redoux de température dans la région. La douceur du temps, par contre, a été accompagnée d’averses de pluie. Durant la matinée, j’ai été très étonnée par le comportement des Tarins des pins qui se jetaient littéralement dans une flaque d’eau près des mangeoires, se baignant avec énergie et frénésie. À les voir frétiller de joie dans cette première flaque d’eau de l’année, je n’ai pu m’empêcher de croquer cette scène sur le vif. Sont venus dans cette flaque d’au au cours de ce matin : tarins, sizerins, durbecs et gros-becs.

Pour voir les vidéos agrandis, double-cliquez sur le vidéo.



                                                          



En fin de journée, il me semble que le soleil a pris tout son temps pour descendre et se coucher à l’horizon, accentuant les teintes au fur et à mesure qu’il descendait au nadir. Parmi les dizaines de photos prises, j’ai eu le goût de vous partager celle-ci.


Devant ma fenêtre de salon...

jeudi 17 février 2011

Potins ornithologiques

Depuis quelques jours, un Merle d’Amérique femelle consomme ou abuse d’un peu trop de fruits qui, par la suite, fermentent dans son estomac. En effet, ce merle mange des raisins bleus dans une vigne chez ma voisine. Souvent, je surprends la femelle en train de roupiller une bonne partie de la journée. Se tenant près du bar à raisins, le plumage gonflé, la tête rentrée dans les épaules et les yeux petits, ses réactions aux bruits de l’environnement la laisse indifférente. Elle cuve son vin. Eh, bien ! Il ne manquait plus que ça ! Un merle alcoolique !

Merle cuvant son vin

Des fiançailles sont en vus… Un couple de Roselins pourprés s’est formé. Ils voyagent ensemble et mangent ensemble dans le cabinet à graines. Étant un bon paparazzi, je vous montre les preuves de leur concubinage, prises sur le fait !


Leur union mise à jour

Des célibataires chez le Geai bleu et l’Étourneau sansonnet s’en donnent à cœur joie à chanter la pomme aux femelles qui veulent bien l’entendre. Cependant, si j’en juge à leur qualité de chant, ils devraient se perfectionner dans leurs vocalises. Leur succès n’est pas garanti…

Lors de la période hivernale, les Corneilles d’Amérique s’absentent du village de Saint-Fulgence. Les oiseaux hivernants se tiennent plutôt à Chicoutimi près des ressources de nourriture disponible (poubelles industrielles et de restauration, battures lorsque libres de glace, abords de ferme agricole). Hier, j’ai eu la joie de voir et d’entendre la première corneille hivernante revenir sur son territoire de nidification près de chez moi. Elle connaît mes mangeoires et vient y jeter un coup d’oeil. Au télescope, je la trouve sur les glaces pendant qu’elle fouille pour des restes de poisson quand les pêcheurs partent de sur les glaces. Pour moi, c’est un ajout important sur ma liste des espèces qui signale le retour du printemps !


Rivière Saguenay encore sous l’emprise des glaces

Évidemment, qui dit mangeoire, dit écureuil. J’ai trouvé celui-ci craquant…

Très photogénique…

mercredi 16 février 2011

En fin de semaine dernière

Samedi et dimanche dernier (12 et 13 février), il y a eu de l’action ornithologique ! Par la fenêtre du salon où je peux observer au télescope la polynie au large de la flèche littorale de Saint-Fulgence, un Faucon gerfaut de forme brune était posé très au large, sur une plaine de glace. Puis, d’un coup d’aile puissant, il s’est envolé pour ralentir son vol au-dessus de la tête des Grands Harles nageant nerveusement dans le plan d’eau. C’est la quatrième fois que je vois cet individu au cours de l’hiver. Puis, au bout de la flèche, un mince filet d’eau abritait une soixantaine de Grands Harles, quatre Garrots à œil d’or, un Garrot d’Islande mâle ainsi qu’une Macreuse brune mâle. Les oiseaux étaient très à l’étroit dans cette bande d’eau où montait de la fumée de mer, parfois balayée par le vent. Le Garrot d’Islande, observé depuis le début de l’hiver, hiverne dans la polynie avec les autres canards plongeurs. Par contre, la macreuse est arrivée en catastrophe au début janvier. Je la croyais partie au fleuve, mais la surprise était totale en fin de semaine lorsqu’elle a été repérée à nouveau. Il s’agit d’une première tentative d’hivernation pour cette espèce dans la région.

Les Tarins des pins sont complètement fous ! Jusqu’à 150 individus bouffent tout sur leur passage. En  fin de semaine, Germain et moi nous sommes amusés à nourrir les tarins dans nos mains tout en se filmant l’un et l’autre. Il y a eu un tarin particulier coopératif qui s’est laissé caresser alors que mon nez frôlait les plumes de son flanc. Ce foutant de moi, il n’avait de l’intérêt que pour les graines de tournesol.



UN BEC ESQUIMAU AVEC UN TARIN


Ensuite, le lundi 14 février, jour de la Saint-Valentin, je me suis fait Valentine pour les nombreux tarins en leur offrant de mes mains du tournesol. Au début, les oiseaux étaient perchés en bouquet au sommet d’un bouleau proche de moi. Il faut savoir que les Geais bleus contrôlent le territoire en lançant des cris ou en fonçant sur les groupes de tarins dans le but de les faire fuir. Par contre, quand je suis présente, les geais déguerpissent au plus grand bonheur des tarins. À ma sortie, j’avais des oiseaux en mains après trente secondes. C’est pour dire qu’ils avaient hâte de manger ! Ils se posaient sur ma tête, sur mes bras, sur mes épaules, s’accrochaient au col de mon veston et se chamaillaient pour se tailler une place dans mes deux mains. Je peux affirmer que j’ai vécu un pur bonheur de trois quarts d’heure à imiter une mangeoire. J’étais seule avec cette bande d’affamée. Lorsque je suis parmi les oiseaux et qu’un contact direct se fait, j’entre dans une sorte de transe légère où le temps n’existe plus. Je suis toujours impressionnée par leurs familiarités, leurs plumages brillants, leurs petits caractères chicaniers, leurs cris perçants et le son du frétillement constant de leurs ailes. À ce moment, j’entre en communion avec eux. Je suis dans leur monde. Dans leurs minuscules yeux noirs, j’y vois la détermination, la faim, l’agressivité, la peur et la curiosité. Je les aime tellement ! Ensuite, en rentrant, j’ai filmé des séquences vidéo de ce groupe de tarins en action que je m’empresse de partager avec vous !






LES TARINS AFFAMÉS EN ACTION

jeudi 10 février 2011

Mangeoire vivante

Tout de suite après le dîner, je me suis dit que je ferais mieux d’aller remplir les mangeoires, puisque les petits ogres que sont les Tarins des pins vident quatre silos à graines de tournesol en quelques heures. Je vais donc à la remise et rempli de tournesol un pot de yogourt grand format. Ma première idée était de remplir les cabinets en plastique qui reposent sur ma porte-fenêtre. Cependant, en passant près des mangeoires, les tarins qui s’alimentaient sont demeurés sur place, malgré ma présence. Située à deux pieds des silos, je tends doucement mon bras vers l’avant, le pot de graines entre mes mitaines. Floup ! Un tarin dedans ! Évidemment, d’autres tarins ont été aussitôt attirés et la chicane a pris comme de raison, connaissant leur caractère belliqueux, car il n’y avait de la place que pour un oiseau à la fois. Pendant trente minutes, je suis restée là, à me faire venter la face par le frétillement constant des ailes des oiseaux. De temps à autre, je ressens un oiseau sur ma tête ou sur le bout de mes bottes. Quant à mes bras, ils servent de perchoir. Les yeux rivés sur ces petits êtres chamailleurs qui sont à portées de souffle, je suis aux paradis des tarins ! Lorsque je regarde au sol, je suis surprise de me retrouver parmi 150 petits ogres affamés ! Ciel ! Je suis devenue une mangeoire vivante ! Le cœur heureux, j’écoute le son produit par le battement des ailes, les oiseaux me rasant de près. Aussi, les piaillements grinçants et combatifs de ceux-ci remplissent constamment mes oreilles. Parfois, avec mon pouce, je caresse le bas du ventre des tarins les plus concentrés, car ils ne pensent qu’à s’empiffrer ! Ce fut un moment de pur bonheur !

Mais, comme j’étais seule et que personne n’a pu me photographier quand j’étais présente au milieu de la horde, un court vidéo pris en mai 2004 lors d’une averse de neige, vous démontrera comment les tarins peuvent être frondeur lorsque la panse passe en priorité.


mardi 8 février 2011

Les nouveautés sonores

Malgré cette journée un peu grise et floconneuse à l’occasion, les oiseaux étaient au rendez-vous aux mangeoires et dans les alentours. Après avoir rempli les silos à graines en après-midi, je me suis assise dehors sur une marche de l’escalier et j’ai admiré les oiseaux qui se posaient tout près. Je me suis laissée emporter par les vagues de cris aigus des Tarins de pins, des sons doux et liquides provenant des Durbecs des sapins et des cris d’alertes des Mésanges à tête noire, inquiètes au moindre mouvement suspect de la communauté ailée. Aussi, un Geai bleu était caché dans les arbres et chantait continuellement. Cette espèce émet toutes sortes de petits cris bizarres, les notes musicales étant incohérentes. Parfois, le geai lance des notes métalliques qui me rappelle le langage robotique de R2-D2 dans Star Wars. Il y a beaucoup d’ornithologues qui n’ont jamais entendu le chant discret du Geai bleu. Contrairement à son cri perçant que tous connaissent et qui fait fuir tous les oiseaux du coin, le geai est beaucoup moins arrogant et bavard pendant qu’il chante. Lors de la période de sérénade, il prend soin de se dissimuler dans les arbres.

Toujours assise et immobile, en savourant ce doux moment de grâce, je lève ma tête pour laisser le vent caresser mon visage. Les yeux fermés, j’entends soudain une Tourterelle triste roucouler, celle-ci perchée à quelques pieds de moi ! Un sourire radieux s’accroche sur mes lèvres puisque c’est la première fois cette année que je l’entends chanter. Par la suite, je retourne à la maison. Au télescope, le plaisir s’ajoute à cette journée lorsque j’aperçois plusieurs Grands Corbeaux sillonner les cieux et planer longuement en tandem. Voilà ! La parade nuptiale est commencée chez cette espèce ! Oh, oui ! Le printemps est arrivé chez nos oiseaux hivernants !

Une belle surprise m’a ravie également, alors que trois Merles d’Amérique s’affairaient à manger les fruits des vinaigriers au pied de la maison ! Évidemment, ce sont des merles ayant hiverné. Entendre leurs petits cris lorsqu’ils se perchent ou qu’ils s’envolent est une jouissance pour les oreilles !


Deux Merles d'Amérique se reposant dans le vinaigrier

Une autre journée magnifique qui s'achève...


dimanche 6 février 2011

Hiver à fringillidés

Au cours de l’hiver 2010-2011, nous constatons que les fringillidés sont très présents au Saguenay-Lac-Saint-Jean. En fait, il est rare pour la région de recenser les neuf espèces de cette famille lors d’une seule saison. Ces oiseaux sont dépendants des graines et de fruits des arbres, particulièrement les graines provenant des cônes de sapins et d’épinettes en hiver. Les fringillidés qui se nourrissent de ces graines de cônes sont : les Roselins pourprés, les Tarins des pins, les Becs-croisés bifasciés et les Becs-croisés des sapins. Autre point à souligner. Les tarins sont très abondants au Saguenay et moins du côté du Lac-Saint-Jean. C’est la même histoire pour les roselins qui sont en plus petite quantité cependant. Quant aux autres espèces de fringillidés observées normalement cet hiver, nommons : le Durbec des sapins, le Chardonneret jaune, le Gros-bec errant, le Sizerin flammé et le Sizerin blanchâtre, partout dans la grande région du Sag-Lac.


Gros-bec errant remplissant le cabinet

Un magnifique Roselin pourpré posé sur le cabinet

Le roselin a trouvé l'entrée

Pour ce qui est de ce groupe des fringillidés, je recense chez moi ces jours-ci entre 150 et 250 Tarins des pins, entre 1 et 5 Roselins pourprés, entre 10 et 20 Gros-becs errants, entre 8 et 15 Durbecs des sapins, 2 Sizerins flammés et 1 Chardonneret jaune aux mangeoires. Quant aux Becs-croisés bifasciés, ceux-ci sont vus et/ou entendus presque à chaque jour dans les alentours. Quant au Bec-croisé des sapins et au Sizerin blanchâtre, ces deux espèces, étant plus rares, ont été recensées en décembre dernier chez moi.



Qui dit poste d’alimentation envahie d’oiseaux dits aussi prédateurs à l’horizon! Au cours de l’hiver, un Épervier brun a pourchassé plusieurs fois les groupes de tarins. Par la suite, ce fut le tour à une Pie-grièche grise de tenter sa chance. J’ai vu celle-ci tenter d’attraper un tarin alors que la pie-grièche volait en spirale ascendante pour rejoindre le petit tarin, ce dernier ayant délaissé sa bande en fuite. Aujourd’hui, un nouveau prédateur a poursuivi également des tarins : un Faucon émerillon! C’est pourquoi les oiseaux sont très nerveux en s’alimentant aux mangeoires, cherchant refuge dans les arbres tout près au moindre mouvement suspect ou au moindre bruit sec. Ils ont peur de leur ombre!



Bonne soirée! et...

Bonne nuit! (conjonction lune et Jupiter)


jeudi 3 février 2011

Le printemps est arrivé !

Nous voilà déjà en février. Pour moi, février est le début de mon printemps ornithologique. C’est que les manifestations sont présentes! Il est vrai que la migration des oiseaux n’est pas pour tout de suite au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Par contre, j’aimerais parler des événements qui se produisent en ce moment chez les oiseaux hivernants. D’abord, il y a les Geais bleus qui courtisent présentement les femelles. Fréquemment, les mâles (je crois) viennent chercher des graines de tournesol aux mangeoires. Par la suite, le couple va se cacher dans un cèdre pour vivre leur début d’union. À plusieurs reprises, j’aperçois le mâle offrir délicatement une graine écalée à la femelle. Cette dernière extirpe minutieusement l’amande du bec du mâle et accepte les fiançailles. Quant aux geais qui n’ont pas trouvé l’âme sœur, ceux-ci se groupent en bouquet au sommet d’un arbre feuillu. Hochant de la tête, ils lancent avec puissance leurs cris perçants à répétitions, semant la commotion dans le secteur, faisant fuir les petits oiseaux qui s’alimentent aux mangeoires.

Au poste d’alimentation, entre 150 et 250 Tarins des pins s’observent quotidiennement chez moi. Ces petits ogres frétillent frénétiquement autour des silos, s’empiffrant allègrement de tournesol. À la moindre alerte, j’entends le « vrrooom » des battements d’ailes lorsqu’ils se perchent dans les bouleaux tout près. Lorsque perchés, les tarins se mettent à « zouiter » et à chanter à tue-tête, tellement que, s’en est assourdissant. Cela me fait sourire à chaque fois… Ravie de ces sons cacophoniques, je prends plusieurs minutes pour écouter leur concert jovial. Leurs hormones sont réveillées!

Tarin des pins dans son cabinet privé !

Ensuite, les Pics chevelus et les Pics mineurs du coin tambourinent déjà, ce qui me réjouit le cœur. Ils proclament un bout de territoire entourant la maison. Je suis contente qu’ils se plaisent ici. Quant aux Mésanges à tête noire, elles font tinter leur « ti-tu-tu » doux et mélodieux dans la forêt. Lorsque les mésanges chantent, c’est vraiment le printemps! Elles le savent, elles! Puis, autour des mangeoires, quelques Durbecs des sapins émettent des notes mielleuses et chantent le ventre repu. J’imagine également que les Étourneaux sansonnets doivent chanter ces jours-ci. Malheureusement, cette espèce vient rarement chez moi puisque je demeure en milieu forestier. J’adore écouter leurs imitations! Pour les amateurs de hiboux nocturnes tels que le Grand-duc d’Amérique, il est temps d’aller les recenser en forêt! Selon mon expérience personnelle, je sais qu’ils chantent pendant ce mois, tentant de trouver une partenaire.

Le 1er février dernier, j’ai eu l’agréable surprise d’observer au télescope un Goéland bourgmestre immature. Venant du fleuve Saint-Laurent, celui-ci explorait les lieux et volait au-dessus de la polynie, au large de la flèche littorale, pour ensuite s’engouffrer dans le fjord! Je crois qu’il a réalisé que son printemps à lui était un peu trop hâtif. La nourriture n’est pas encore accessible ici pour les goélands, puisque les battures sont couvertes de glace. Cependant, à quelques kilomètres de Saint-Fulgence, à vol d’oiseau, le village de pêche blanche à La Baie, qui possède 1 300 cabanes, a certainement des restes de sébastes pour lui, rejetés par les pêcheurs.


Paysage brumeux d'aujourd'hui.

Aussi, je ne peux passer sous silence les rayons du soleil qui réchauffent quelque peu nos visages crispés et raidis par le froid. Cette belle boule blanche dorée poursuit sa migration vers l’ouest. Chaque semaine, le soleil se couche derrière une montagne différente du rang Saint-Martin à Chicoutimi. Puis, le crépuscule qui s’étire en fin de journée offre depuis quelque temps des couchers de soleil spectaculaire.



Coucher de soleil spectaculaire vue du salon


Quelques minutes plus tard...

La façon de vivre mon printemps en février est de me concentrer sur ce qui est nouveau pour l’année. Je fais complètement abstraction de la quantité de neige qui se trouve sous mes bottes. Je fais également abstraction de la température sur le thermomètre. On s’habille en conséquence, voilà tout!

Oui! Février a du bonheur à offrir pour ceux et celles qui veulent le cueillir. Plus j’avance en âge, plus je cultive le sens de l’émerveillement. Nous avons des yeux pour voir la beauté de la nature et du monde. Nous avons des oreilles pour entendre les mélodies et les concerts d’oiseaux et d’insectes. Nous avons nos mains pour toucher l’herbe, les feuilles, les fleurs, les arbres, les oiseaux, les insectes, le sable, la terre, la neige et tellement encore. Comment ne pas se sentir privilégiée par cette création sublime qui nous entoure? Puis, nous avons tous un cœur pour nous laisser toucher par la beauté de la Terre.