Par Claudette Cormier

mercredi 9 novembre 2011

De la belle visite ailée…

Comme presque chaque matin, je me place devant mon vieil ordinateur. Mon petit bureau est situé entre la porte-fenêtre et la fenêtre du salon. Je suis donc bien placé pour observer les oiseaux qui passent et repassent devant les vitrines. Vous comprendrez que mon travail est ralenti ou carrément dérangé lorsque je lève la tête, la présence des oiseaux captivant souvent mon attention…


Mon coin de travail

Cette semaine, en ce jour du 7 novembre 2011, j’étais à mon bureau comme d’habitude. Puis surgit soudain un oiseau qui se pose brusquement sur une tige de vinaigrier à quelques pieds de ma résidence. Durant la première fraction de seconde, le regardant du coin de l’œil, je croyais avoir affaire à une jeune Pie-grièche grise qui arrivait en trombe, car il y en a une qui rôde dans les alentours et qui chasse les oiseaux à mes mangeoires.


Têtes des vinaigriers vues par la fenêtre coulissante

Lors de la deuxième fraction de seconde, j’observe l’oiseau en plongée par une des fenêtres coulissantes dans le salon. Là, je vois la teinte verdâtre des parties supérieures de l’oiseau. Une Grive à dos olive? Je me lève et m’approche de la vitrine du salon pour zieuter de plus près l’oiseau mystère. Par la suite, ma vision se concentre davantage et boum! La réalité me frappe de plein fouet! Oh! C’est un Piranga vermillon femelle! La mâchoire décrochée, je sais que l’oiseau m’aperçoit… Je fige donc tous mes mouvements et étudie le plumage du piranga à l’œil. J’ai zéro marge de manœuvre. Pas moyen d’aller chercher mes jumelles ni la caméra. Au bout de trente secondes, l’oiseau s’envole et disparaît! Malgré mes recherches intensives dehors à chercher à le revoir, rien. Je ne l’ai pas revu de la journée. Zut de zut! Il a dû poursuivre sa migration, pensai-je…

Le lendemain, soit le 8 novembre, je m’affaire à mes occupations normales. À l’heure du midi, en circulant dans le salon, je détecte chez ma voisine un mouvement de la part d’un oiseau qui me paraît être verdâtre. Jumelles en main, qu’est-ce que je vois? Le Piranga vermillon! Il est encore là! J’enfile un veston et prends la caméra. Demeurant sur la galerie, je le détecte et réussis à le filmer! Par contre, le piranga semble agité. Celui-ci change continuellement de perchoir en émettant une dizaine de notes d'affilée qui ressemble à « pi-TUCK ». Son cri est fort, rauque, aucunement élaboré et pas élégant du tout. Peut-être a-t-il vu un chat dans les parages? Quant à moi, je suis contente d’entendre le cri de cette espèce, une sonorité nouvelle pour mes oreilles.

Dans le prochain clip, vous aurez l’opportunité d’observer le plumage verdâtre du dos et des ailes, ainsi que les dessous jaunes de l’oiseau. Remarquez le sommet de la tête de forme triangulaire, le bec fort et long, totalement disproportionné en comparaison avec la tête. La posture est aussi intéressante alors qu’il a tendance à relever la queue en oblique, à la manière d’un troglodyte. Lors du tournage, le piranga a émis des cris perceptibles dans vos haut-parleurs. Malgré un certain écho contre le mur de la maison, vous entendrez des « TCHOCK » secs et en rafales.


Piranga vermillon agité

Puis, l’oiseau se dirige vers une coulée, toujours chez ma voisine. En tentant de l’observer à nouveau, je suis restée une heure dehors sans toutefois le revoir. Finalement, je rentre et vaque à mes occupations en gardant un œil dans le secteur. La chance est de mon côté alors que je le repère à nouveau en début d’après-midi! Toujours agité, il m’échappe et retourne dans cette coulée. Je me doute bien que le piranga est très intéressé par une vigne à raisins présents à cet endroit… Malheureusement, je ne vois pas les vignes de chez moi.


Lieu d'observation

Plus tard au cours de l’après-midi, je reçois un appel téléphonique de mon amie Denyse. Nous nous mettons à jour dans nos conversations. Soudainement je vois le piranga monter en flèche dans les airs afin de capturer un insecte, pour redescendre par la suite, cela devant ma fenêtre de salon. M’excusant auprès de Denyse qui est également ornithologue, j’écourte d’urgence notre appel. Très brièvement, je filme l’oiseau à travers la fenêtre du salon. Il est perché dans un jeune chêne en face de la résidence. Pouf! Comme une balle, il s’envole et retourne à ses raisins, disparaissant dans la coulée! Je ne l’ai pas revu par la suite.



Le piranga observé dans le chêne

Cette journée fut riche en émotions… Il va sans dire que je suis fort heureuse d’avoir pu revoir le piranga aujourd’hui, car hier, le maigre trente secondes d’observation m’avait laissé sur ma faim. Qu’adviendra-t-il de l’oiseau maintenant? Nul ne sait. J’espère pour lui qu’il migrera et retournera vers des contrées plus chaudes, puisque dans les jours qui suivent, l’approche d’un front froid est annoncée. Nous savons qu’un sérieux coup de froid peut lui être fatal. Mais pour le moment, je remercie la Providence qui m’a apporté sur un plateau d’argent cette si belle visite venue du Sud!

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