Par Claudette Cormier

mardi 18 octobre 2011

Geais bleus, minets et le pétrole de demain

Depuis l’été dernier, il y a du gros changement en ce qui concerne les mangeoires dans ma cour arrière. S’est imposé à nous une conjoncture entre trois éléments qui font que, Germain et moi, nous avons décidé de mettre au rancard la moitié de nos mangeoires. En effet, quatre silos à tournesol sont pour le moment condamnés à retourner dans la remise.


Mangeoires absentes sur nos piquets

Primo, signalons que cinq Geais bleus très énergiques circulent quotidiennement dans mon petit patelin. En une seule journée, ces malfaiteurs vident en une journée les silos à graines. Ces oiseaux bleus, qui font partie de la famille des corneilles, pillent sans arrêt les mangeoires. Ne mangeant même pas, ceux-ci engouffrent dans leur gosier une grande quantité de tournesol pour ensuite les cracher quelque part dans la forêt. Puis, ils reviennent aussitôt et recommencent leur manège, du matin jusqu’au soir. D’autant plus, ils ont l’air contents de leurs coups et se dépêchent entre leurs voyages aux silos. Beaucoup de gens sont en extase devant les Geais bleus, mais moi, j’aimerais les donner à quelqu’un pour m’en débarrasser. Il faut savoir également que ces oiseaux sont très dominants et n’hésitent aucunement à chasser les autres bêtes à plumes du secteur tels les Juncos ardoisés et les Mésanges à tête noire. Comme vous pouvez le constater selon mes dires, chez moi, les geais sont de véritables casse-pieds. Ceux-ci sont impossibles à contrôler. Ils ont bon œil en plus. Chaque fois que je sors pour une raison ou une autre, il y en a toujours un qui détecte de très loin ma présence et lance des cris perçants à ses congénères. On dirait qu’il crie : « Hé, les gars! Venez! Elle vient de remplir les mangeoires! » Dès que j’ai le dos tourné, ils sont tous là… encore une fois. Les Geais bleus sont les gangs de rue de la forêt. Indomptable...

Voici en démonstration les Geais bleus à l’œuvre à mon poste d’alimentation. Très important : concernant les agrandissements des vidéo-clips, il y a du changement. Il faut maintenant cliquer sur l’icône You Tube, présent dans le menu au bas de la vidéo. Cette nouveauté est hors de mon contrôle.



Geai bleu pillant un silo à graines de tournesol



Geai bleu cachant une graine au sol avec une feuille d’automne

La deuxième raison d’ôter les silos est la présence accrue de chats domestiques. Trois d’entre eux circulent tous les jours dans ma cour. Évidemment, ces excellents chasseurs sont attirés par les oiseaux qui s’alimentent chez moi. Il n’y a rien de plus choquant pour moi de voir courir un chat avec oiseau dans la gueule qu’il vient de capturer. Deux de ces chats proviennent des voisins et un autre provient probablement du village tout près. Pendant tout l’été, alors que les Geais bleus étaient absents du poste d’alimentation lors de la période de nidification, Germain et moi ne fournissons plus à chasser ses bêtes â poils qui se cachent constamment sous le feuillage des arbustes. Cet automne, Germain prend les grands moyens et asperge au sol une nuée liquide de poivre de Cayenne. Ç’a été efficace. Cependant, ce n’est pas assez pour arrêter les chats de revenir et de se trouver d’autres cachettes. Devant ces faits incontestables, nous préférons réduire notre armada de mangeoires pour inciter les oiseaux à se nourrir ailleurs, cela pour leur sécurité. À mon avis, il y a beaucoup d’éducation à faire auprès des propriétaires de chats. Pour la majorité des gens, il est normal de laisser minou aller dehors faire sa chasse. C’est dommage, car les gens ne sont pas conscients de tous les ravages que les chats font dans l’environnement. Si l’on pouvait déposer toutes les chasses faites par minou au pas de leur porte, ils seraient étonnés. Chez moi, des Polatouches (écureuils volants) s’alimentent également aux mangeoires durant la nuit. Si vous saviez toutes les queues et les carcasses de cet animal que Germain et moi nous avons trouvé dans la cour, vous seriez choqués aussi. Comprenez-moi bien… J’adore les chats. Par contre, je pense que les minets devraient être confinés à l’intérieur. Au Canada, le biologiste de la faune Bob Bancroft a estimé que 5 millions de chats tuent annuellement de 40 à 70 millions d’oiseaux.


Joli mais grand prédateur...


Surveille de près les juncos...


Même sur notre patio...


Par la suite, la troisième raison pour réduire la consommation de graines aux mangeoires est la hausse subite du prix des graines de tournesol. Semble-t-il que ces graines font maintenant parties du monde des biocarburants tout comme le maïs? Depuis que les instances ont pris cette décision, cela a créé une rareté au niveau de cette graine. S’en est suivi aussitôt une hausse substantielle de prix. Pour les amateurs d’oiseaux, cela affecte directement le porte-monnaie. Déjà, il y a des membres de club qui ont cessé d’opérer leurs mangeoires pour cette raison et c’est très sensé de leur part. Aurait-on pu croire qu’un jour que de nourrir les oiseaux deviendrait un luxe? Devant ces faits, Germain et moi conservons pour le moment nos silos à graines d’arachides pour les Pics mineurs, Pics chevelus et les Sittelles à poitrine rousse. Chaque jour, nous jetons au sol au milieu de la cour (loin des cachettes des chats) une ration de graines mélangées. Puis sur notre porte-fenêtre, nous avons installé nos cabinets en plastiques retenus par des suces afin d’attirer les Mésanges à tête noire. Lorsque la neige tapissera le sol, nous étudierons la dynamique des oiseaux et verrons si nous allons de nouveau mettre quelques silos à la disposition de la faune ailée.

En terminant, je vous offre deux vidéos démontrant un Pic chevelu qui vient quotidiennement à nos cabinets situés sur la porte-fenêtre. Tous les jours, ce pic vient recueillir des graines de tournesol. C’est hilarant parce que d’abord, cette mangeoire n’est pas conçue pour les pics. Souvent en déséquilibre sur le rebord du panier, celui-ci ne recherche que les quelques graines déjà écalées qui traînent dans le fond du plat. La méthode de recherche du pic est de brasser vigoureusement les graines de tournesol avec son bec. Il me donne l’impression qu’il ne sait pas quoi faire avec les graines non écalées. Puis, lorsque l’oiseau a fait sa sélection, il se déplace sur la galerie, coince la graine dans un interstice du bois et mange celle-ci à son rythme dans une position verticale, plus naturelle plus lui. En pouffant de rire, j’ai filmé le pic de l’intérieur de la maison. Je vous invite visionner les clips et à écouter le son produit par les coups de bec dans la mangeoire.



Le Pic chevelu à la recherche d’une graine écalée



Consommation de la graine dans un interstice

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